La Relève : Sélection en Master – la remise en question du droit à l’éducation

En octobre 2016, les organisations syndicales étudiantes, le ministère de l’éducation et les présidents des universités ont conclu la mise en vigueur de la sélection en Master 1 à partir de cette rentrée 2017. Malgré les divergences, le consensus a porté sur la remise en cause du « droit à l’éducation » de la jeunesse étudiante en France afin de combler le « vide juridique » au regard de cette matière. En d’autres mots, la garantie de la cohérence de la légalité bourgeoise demeure une des sources des mesures profondément réactionnaires et élitistes au niveau de ce qu’on entend par « services publics ».

Désormais, l’accès en Master 1 n’est plus « automatique » et les étudiants ayant en main leur Licence devront candidater au Master 1 de leur choix. Ceci dit, la rentrée en M1 dépend des résultats à l’issu d’un examen de dossier ou d’un concours. En revanche, en cas de refus, les étudiants pourront faire recours au « droit à la poursuite d’études », cadre dans lequel, une fois avoir contacté le recteur de la région académique, ce dernier aura l’obligation de faire trois propositions d’admission dans un master au candidat. Pour autant, rien n’est certain quant à l’issu des candidatures postérieures. Par ailleurs, pas tous les étudiants faisant objet de refus pourront faire recours à ce « droit ». Au contraire, l’une des conditions est d’avoir un diplôme national de licence. Ainsi, sont radicalement exclus les étudiants détenant un grade de licence (travail social, comptabilité et gestion, infirmier…). Donc, malgré le processus de reconnaissance mis en marche par l’État vis-à-vis de ces diplômes il y a quelques années, actuellement leur statut ne leur permet pas d’exercer ce nouveau « droit ».

Ainsi, cette mesure porte en soi les traits de l’exclusion sociale et de l’élitisme de l’enseignement public. En effet, seuls les meilleurs étudiants seront acceptés au sein des Masters de leurs choix. Parmi eux, la jeunesse étudiante issue des couches populaires et de la classe ouvrière peine à gagner sa place à l’université tout en se voyant forcée à travailler en parallèle de ses études pour financer sa vie étudiante et satisfaire ces besoins matériels.

De plus, l’augmentation des procédures administratives à suivre participent de l’augmentation des incertitudes du côté des étudiants concernés. En même temps, cette mesure exige des étudiants, comme dans le marché du travail, une « mobilité flexible » : effectivement, l’étudiant faisant recours au « droit à la poursuite d’études » est censé s’adapter aux propositions faites par le recteur. Il s’agit donc d’une mobilité contrainte qui ne tient pas compte ni les choix ni les contraintes économiques et personnelles des étudiants candidats.

Cette mesure est donc en cohérence avec le système capitaliste dans lequel s’encadrent les pouvoirs et services publics. Parmi les arguments soutenant la sélection en Master 1 on retrouve ceux portant sur les coûts induits par une augmentation des étudiants supplémentaires en Master. Cette mesure est absolument nécessaire si l’on est dans la quête de la réduction du déficit public : elle est encadrée par le Plan de Bologne qui fonde la qualité de l’enseignement et de la formation sur des principes d’adaptabilité aux besoins des entreprises.

Cela dit, les droits sociaux, ainsi que les services publics devant garantir leur concrétisation, sont loin d’être assurés à l’intérieur des marges du capitalisme. Leur statut est variable en fonction de la conjoncture sociale et économique, laquelle dépend directement du rapport de force entre travailleurs et capitalistes. Si ces services existent, ce n’est pas de la bienfaisance de la part des capitalistes : ils sont nécessaires dans l’atténuation du conflit entre le capital et le travail. Ainsi, rien n’empêche qu’ils soient l’une des variables d’ajustement dans le cadre d’une perte de bénéfices par les patrons capitalistes.

De même les règles définies par l’Union Européenne (UE) établissent des seuils à respecter en matière de financement public et ce pour garantir le bon fonctionnement de la machine capitaliste et les prérogatives des classes sociales dominantes. Tout cela pour répondre aux intérêts de monopoles et réguler les taux de profit à l’intérieur de l’UE, machine servant les capitalistes plus que les étudiant.e.s.

Face à cette situation, les étudiant.e.s sont appelé.e.s à se mobiliser, à s’organiser pour défendre leurs droits dans chaque université, à lutter pour une éducation gratuite et de qualité, et au service du peuple travailleur.