La Relève : Mobilisation et répression

Le mouvement ouvrier et étudiant a récemment vécu des cas de répression. Ce printemps a commencé avec de grandes mobilisations, commençant par la grande grève que les cheminots ont entamée le 3 avril. Cette grève, vitale pour la classe ouvrière en son ensemble, rejoint les mobilisations des employés du secteur public contre la casse du statut des fonctionnaires. De plus, la très importante vague de mobilisations dans les universités a amené des milliers d’étudiants à occuper les universités revendiquant le retrait de la loi Vidal. Ces mouvements sont les réactions de secteurs différents qui ont en commun le fait de se battre contre la politique du gouvernement réactionnaire d’Emmanuel Macron, ouvertement porteur des intérêts de classe de la bourgeoisie.

Face à ce mouvement, la réaction s’est organisée de manière assez homogène dans le pays : en connivence avec les intérêts de l’État et ses représentants dans les institutions répressives et universitaires, des groupes fascistes ont attaqué plusieurs blocages de facultés, comme à Tolbiac ou le tristement célèbre épisode de Montpellier. Les fascistes ont joué encore une fois le misérable rôle que l’histoire leur a attribué : des bandes paramilitaires qui assurent les intérêts de l’État bourgeois en exécutant ses ordres. Bien que formellement ces attaques ne sont pas responsabilité de l’État et de ses corps répressifs, il est bien clair, surtout dans le cas de Montpellier où des professeurs (!) et d’autres éléments coordonnés avec le doyen de la Faculté de Droit ont attaqué les étudiants à coups de matraque, que ces soi-disant « hasardeuses » et « incontrôlables » attaques vont dans le sens de l’ordre bourgeois. L’objectif est clair : noyer dans une violence extrême et à la marge de la légalité bourgeoise les mobilisations des étudiants, les effrayer, les retirer du chemin de la rébellion. Le silence des médias bourgeois concernant les sauvages attaques fascistes avec de claires implications de fonctionnaires de l’État est flagrant, la bourgeoisie n’ayant évidemment pas l’intention de démasquer publiquement ses propres chiens de garde. Mais les étudiants ne se sont pas laissés impressionner et ont continué la lutte de façon plus ou moins importante et réussie dans tout le pays, avec des AG et des occupations.

L’autre grande mobilisation est la « grève perlée » que les organisations syndicales ont organisée à la SNCF. Ce modèle de mobilisation « atypique » a été établi selon le principe, stratégiquement irréprochable dans la situation actuelle d’accumulation de forces, que les cheminots font face à une mobilisation à longue durée face à un gouvernement implacable dans l’application des intérêts de la bourgeoisie monopoliste. Le mouvement, bien qu’il concerne directement les cheminots et la défense de leurs emplois, est cependant une lutte qui concerne toute la classe ouvrière et particulièrement la jeunesse ouvrière et populaire. Premièrement, parce que la loi privatisant la SNCF écartera les nouvelles embauches du statut particulier des cheminots, dont bien sûr les milliers de jeunes qui assureront dans le futur la relève générationnelle dans l’entreprise. Deuxièmement, en tant que usagers de la SNCF, les jeunes de la classe ouvrière et des couches populaires, ont intérêt à lutter pour préserver son caractère public et pour développer la qualité et les prix abordables de ses services. Le transport, tant celui qui nous amène quotidiennement au boulot ou à notre lieu d’études que celui qu’on prend pour aller en vacances ou passer une journée en dehors de notre routine, est un droit et non un privilège. Tout comme les loisirs en général, la jeunesse en lutte doit défendre le rail public. Comme dernier point, cette grande grève représenterait en cas de victoire un point d’inflexion qui peut faire passer à l’offensive toute la classe des travailleurs en augmentant le niveau de la lutte.

Les grands enjeux de la grève des cheminots ont été bien compris par la bourgeoisie. Cette dernière s’est empressée de mobiliser tous ses moyens pour la mettre en échec. Il est bien connu de tous le mot d’ordre capitaliste contre les supposés « privilèges » que le statut des cheminots leur confère. Les voyages gratuits que tant le cheminot que toute sa famille aurait a été par exemple l’un des cynismes les plus répétés par les capitalistes. Il est curieux que les capitalistes et ses agents, parmi eux des journalistes dont le salaire peut tourner autour des 15.000 euros par mois, se révoltent parce que le conjoint d’un cheminot, ayant un salaire disons de 1500 euros, puisse voyager quelques fois par an gratuitement ! À quoi quelques dizaines d’euros par an d’économies reviennent comparés à des milliers d’euros par mois des agents du capitalisme ? À quoi cela revient par rapport aux 1600 euros par jour que gagne le PDG de la SNCF ? Le cynisme et l’hypocrisie de l’idéologie bourgeoise ne connaissent pas de limites. Et la répression ne s’arrête pas dans l’idéologie : les pressions internes des grévistes ou le paiement que l’entreprise fait aux employés en galère pour qu’ils aillent travailler et qu’ils cassent la grève.

Les grandes mobilisations avec lesquelles le printemps 2018 a démarré sont une bonne nouvelle pour l’ensemble de la population mobilisée, dont la jeunesse. Il faut donc les soutenir, participer à leur construction et organisation, à leur concrétisation en mouvements qui visent à durer dans le temps. Mais ceci ne suffit pas. La lutte la plus efficace n’est pas celle qui rassemble ponctuellement ou celle qui fait les actions les plus spectaculaires ou les plus originales. Une lutte réussie est celle qui 1) se dote des moyens d’organisation pour durer à long terme et se renforcer dans le temps et 2) se marque tant dans des objectifs politiques immédiats que des objectifs à long terme dans une perspective future de victoires cumulées pour la classe des travailleurs. Les mobilisations de ce printemps ne peuvent pas rester des éclats de lutte isolés : il faut que chaque étudiant.e, chaque travailleur.se, chaque chômeur.se participe à ces mobilisations. Mais il faut le faire avec deux objectifs :

1. Cristalliser ces mobilisations en mouvements organisés pour durer dans le temps et ne pas perdre ce précieux élan de révolte.
2. Marquer progressivement des objectifs pratiques à court terme (le retrait de la loi Vidal et de la privatisation de la SNCF) qui s’articuleront avec des objectifs politiques plus généraux à long terme.

Pour l’UJC la question est nette : il faut inscrire nos mobilisations actuelles dans une lutte générale contre la classe bourgeoise. C’est une lutte contre un système économique et social qui exploite les travailleur.ses, engendre les inégalités, la misère et la précarité, la crise économique et environnementale ainsi que la guerre. L’issue finale de ces mouvements doit être la révolution pour construire une société socialiste-communiste.

Miguel