Un confinement à deux vitesses : la lutte des classes continue

En cette période de confinement dû à l’épidémie de COVID-19, il est possible de remarquer que les mesures de sécurité ne s’appliquent pas à tous. Si certaines entreprises ont fermé leurs portes, en faisant appel au télétravail ou en interrompant leur activité, d’autres, qui ne peuvent pourtant pas être considérées comme étant de première nécessité, continuent de tourner. C’est le cas de nombreux restaurants, fermés au public mais faisant travailler leurs employés pour faire de la cuisine à emporter ou des livraisons. La question des livreurs touche surtout la jeunesse en situation de précarité, déjà obligée en temps normal de subir l’exploitation de « l’uberisation » croissante du monde du travail pour parvenir à ses besoins.

Fin mars, les livreurs à vélo de Deliveroo, UberEATS et autres plateformes s’étaient mis en grève à Lyon. A l’appel de la CGT, les coursiers à vélo protestent contre le gouvernement et les plateformes de livraison qui mettent en danger les livreurs. En pleine épidémie, ils considèrent que, même avec les nouvelles règles édictées par l’exécutif, continuer à livrer des repas est une aberration. D’autant plus que les conditions de de sécurité au niveau des distances et du matériel sont rarement respectées, ce qui met en danger la santé de ces travailleurs mais aussi les clients. Lorsque le gouvernement prétend n’avoir laissé continuer que la production de première nécessité, on peut se demander pourquoi les travailleurs de la restauration continuent à être exploités. Et ce n’est pas seulement le cas du domaine de la restauration mais aussi dans certaines autres branches.

Si la priorité est de gérer la crise sanitaire, la seule réponse doit être la fermeture sans conditions de toute entreprise non essentielle à la survie de la population. Par exemple, à Argenteuil, la CGT a réclamé la fermeture de l’usine Dassault pendant 15 jours, ce qui a été refusé. Non seulement les ouvriers doivent aller travailler, mais les exigences sanitaires ne sont pas respectées. « Aucun masque n’a été fourni aux salariés, ni gel, alors qu’on est sur des chaînes, donc on travaille les uns sur les autres », souligne Anthony De Castro, représentant de la CGT. Il souligne que 6 à 7 salariés étaient malades lundi et que le lendemain, ce chiffre est monté à 13. Au sein de l’entreprise PPG, à Bezons, les salariés ne comprennent pas non plus que la production soit maintenue dans de telles circonstances. A Orléans, les salariés d’un centre de traitement d’Amazon se sont mis en grève, leur employeur leur imposant des conditions de travail déplorables pour faire face à l’explosion des commandes et des livraisons à faire. Ces exemples montrent que malgré la crise sanitaire et les mesures de confinement, le capitalisme garde toujours les profits en ligne de mire. Nous sommes en présence d’un confinement à deux vitesses : celui prôné par Macron soi-disant en direction de tous les Français, et celui qui confine certains travailleurs dans leurs entreprises ou dans leurs véhicules afin de permettre aux capitalistes de réaliser leurs profits. Et une fois l’épidémie terminée, la bourgeoisie n’hésitera pas à procéder aux licenciements et aux baisses de salaires pour récupérer les profits qu’elle n’a pas pu réaliser pendant la période de la crise sanitaire.

Tous ces éléments montrent que sous le capitalisme, la santé publique n’est pas du tout la priorité de l’État au service de la bourgeoisie monopoliste. L’épidémie du coronavirus souligne non seulement l’insuffisance du système médical, cible d’attaques répétées de la part du capital, mais aussi la volonté de celui-ci d’exploiter les travailleuses et les travailleurs sans prendre des mesures de sécurité les plus élémentaires pour eux, préférant ainsi leur maladie, leur souffrance et leur mort, plutôt que de perdre des profits.

Taras