Qu’est-ce que le fascisme ?

Nous sommes accoutumés à entendre l’invective « fasciste » : le fascisme serait une échelle de pratiques autoritaires. Ainsi, à titre d’exemple, il fut courant d’entendre qualifier de « fascistes » des Gilets Jaunes désireux d’exclure de leurs rangs des réactionnaires avérés. A droite, Sarkozy, Valls et d’autres se sont vus affublés de l’épithète infamante du fait du racisme virulent manifeste de leur politique. Or considéré comme tel, ce « fascisme » vidé de toute substance n’est qu’un attribut moral : ce « fascisme » désigne opportunément tout et n’importe quoi à la notable exception de son réel objet.

El Generalisimo, affiche de propagande des Républicains pendant la guerre d’Espagne.

Pourtant, à l’aube de son existence, le fascisme avait déjà été analysé et une définition objective et matérialiste en a été formulée par le communiste bulgare Georgi Dimitrov en 1935 lors du VIIe congrès de l’Internationale Communiste. Tel qu’il le synthétise, le fascisme représente « la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier. » Le fascisme n’existe donc que par et pour le capitalisme en crise. Le fascisme est employé par la bourgeoisie pour faire peser sur les épaules des travailleurs les conséquences d’une crise dont elle est responsable. Ainsi, la bourgeoisie porte au pouvoir sa frange la plus réactionnaire et agressive et peut alors s’atteler à deux tâches stratégiques dont la racine commune est l’aggravation de l’exploitation : liquider toute liberté démocratique afin de briser le mouvement ouvrier, accentuer la coercition d’entreprise afin de pousser l’accumulation de profits jusque dans ses ultimes limites. Au delà de ses caractères idéologiques, le fascisme est en premier lieu le changement intégral du régime de domination bourgeoise, d’un régime où certains droits démocratiques et civiques sont parfois respectés, à un autre régime où aucun droit démocratique n’existe, où aucune formalité parlementaire ou élective ne cache l’aspect arbitraire et discrétionnaire du pouvoir du capital monopoliste.

Le fascisme fut mise en place en Allemagne dans les années 1930-1940 : les communistes et syndicalistes furent traqués sans relâche et les monopoles ont pu jouir en masse du travail gratuit de nombreux prisonniers politiques comme de droit commun. De même dans les dictatures militaires latino-américaines appuyées par les États-Unis, ces « grands défenseurs de la liberté ». Aujourd’hui, plusieurs pays prennent ce chemin, à l’instar du Qatar, la Bolivie putschiste, la Pologne nationale-catholique où les monopoles entendent imposer par la force des privatisations, limiter et supprimer les droits sociaux, attaquer le mouvement ouvrier organisé.

C’est bien le contexte de crise, comme celui que nous vivons, qui ouvre la voie à l’autoritarisme voire au fascisme comme réaction des monopoles. Le fascisme est le danger permanent qui plane au-dessus des peuples-travailleurs à l’ère du capitalisme-impérialisme en crise générale. Le fascisme ne mourra qu’avec le renversement révolutionnaire du capitalisme.

Manolo