« Bourgeoisie nationale » ou « Bourgeoisie « française » », le chauvinisme et l’État

Dans l’histoire du mouvement anticapitaliste se sont toujours dégagées deux tendances. Une progressiste, dirigée contre l’État et pour le socialisme-communisme, une réactionnaire, acharnée à défendre l’État et tournée vers le nationalisme. Une manière de distinguer ces deux tendances au sein de l’anticapitalisme de nos jours de grande confusion est la manière de qualifier la bourgeoisie, comme nationale ou post-nationale. En effet une analyse superficielle et droitière du caractère transnational de l’impérialisme tend à propager le mythe que le capitalisme, ergo la bourgeoisie, s’est dégagé de ses attaches nationales et en conséquence de chaque État respectivement. Dans cette veine, il n’est pas rare de lire des articles affublant de guillemets goguenards le gentilé national de la bourgeoisie traitée. Or rien n’est plus faux.

Il est certes exact que chaque monopole déploie sa puissance en dehors de sa nation d’origine, fond sur les ressources de telle ou telle autre, et partage possiblement son actionnariat avec des ressortissants étrangers. Cependant, sa voracité demeure possible par l’entremise d’un État, qui, n’en déplaise à nos Cassandres nationalistes, est toujours lié à une nation particulière, En France, quid de Dassault sans les relations diplomatiques ou la police de la République Française ? Sans État pour faire VRP, sans même parler de porte-flingues (que l’on pense en dehors de France aux opérations de « maintien de la paix » ou en France même à la répression policière), les monopoles demeureraient hors-jeu d’entrée. Heureuse utopie que celle chantée par les chauvins, mais hélas cruellement décorrélée de toute réalité. Outre le fait de recouvrir d’une qualité méliorative intrinsèque le caractère national, tendance dont la période actuelle ne saurait trop nous prévenir de la nocivité, en déliant dans l’analyse le capital de son cadre national – qui serait donc à investir en opposition -, on le délie dans la théorie de son État-défenseur. Mécaniquement, la lutte révolutionnaire pour « briser la machine d’État », condition sine qua non de l’avènement du socialisme-communisme, devient dispensable, voire inutile.

Sous la phrase chauvine se cache l’ennemi de classe.

En France, lutte contre l’État français !

Manolo