Darmanin, camelot du capital

Décidément, Gérald Darmanin trouvera toujours de quoi se rendre plus détestable que la veille.

Nous apprenons via les réseaux sociaux (les médias traditionnels ne s’empressent pas tant d’en parler) que le ministre de l’intérieur fascisant Darmanin a été à bonne école. Celui-là même qui ne cesse de hurler hystériquement sur l’anti-républicanisme des racisés, des militants de gauche, est intervenu sur un plateau de télévision pour expliquer que la grandeur démocratique de la république s’exprime par l’existence maintenue de l’Action Française. Et cette dernière de réagir sur Twitter pour signaler qu’il «lui reste quelques souvenirs de [son] camp d’été auquel il a participé ». Sans toutefois rappeler que l’ancien bras-droit de Christian Vanneste, ex-chef des jeunes de l’Action Française, a de plus commis quelques articles dans la revue Politique Magazine, affiliée à Restauration Nationale.

Il y a peu de chances que l’information cause scandale, après tout elle nous est transmise alors que Darmanin lui-même dédouanait ces fascistes.

Mais cela met en exergue la porosité du macronisme dès ses origines avec l’extrême droite, Darmanin faisant partie du premier cercle des fidèles et n’ayant jamais renié ce passé – le compte Twitter l’a mis en avant, mais il n’a jamais été caché -. Quoi que l’on puisse expliquer le virage de « cool » à autoritaire de Macron par la contestation dont lui et son gouvernement ont fait l’objet, la chose était présente dès le départ. En attestent en sus du cas Darmanin les amitiés du président lui-même avec le vendéen Philippe de Villiers ou le catapultage au rang d’historien officiel d’Olivier Dard, compagnon de route bien connu de… l’Action Française ; et à l’origine d’une tentative heureusement avortée de commémoration de Charles Maurras en 2018. Sans même rappeler que Macron annonçait dès sa campagne de 2017 vouloir gouverner par ordonnances, donc se passer du Parlement, afin de détruire les faibles limitations aux prédations du capital. La bourgeoisie la plus sympa du monde n’a pas besoin de choc hexogène pour être prise de vertiges fascistes.

Ainsi, la droite amorce une fusion de ses forces. De Schiappa, issue du féminisme bourgeois intégrée à toute vitesse à LREM, au RN qui applaudit le projet de loi séparatisme, la période est propice au regroupement des droites sur un programme autoritaire.

C’est dans ce sens profond qu’il faut comprendre, sur le temps long, l’absence de gêne à avoir dans ses rangs un ex-royaliste non repenti. Les monopoles organisent, en parallèle de la criminalisation des mouvements populaires, la respectabilité puis l’impunité des fascistes. S’il est vrai que les propos tenus le furent sur le plateau de Pascal Praud, tremplin de la normalisation fascistoïde, n’en demeure pas moins qu’ils représentent un cap franchi, à une époque où une représentante des néonazis de Génération Identitaire peut être invitée chez Hanouna. Du haïssable temps de Sarkozy, et malgré Patrick Buisson, même un Hortefeux en roue libre n’aurait pas osé saluer publiquement l’existence de ces catholiques traditionalistes et antisémites. L’impérialisme a connu entre-temps une aggravation de ses crises, et continué à développer le processus de fascisation.

Le principal ministre du gouvernement ex-camelot, ce n’est pas un scandale. C’est un symptôme.

Pour abattre le fascisme, il faudra passer sur le corps de la bourgeoisie.

Manolo