Mobilisation sociale d’ampleur en Colombie: solidarité internationaliste, halte à la répression

Depuis le 28 avril, la contestation sociale et politique gronde en Colombie et les travailleurs, les étudiants et les indigènes sont mobilisés contre la politique réactionnaire et anti-sociale du président Ivan Duque. Ce dernier, se retranchant derrière la rhétorique du vandalisme et de l’infiltration de ce mouvement de contestation par les narcotrafiquants, a accentué la répression en envoyant l’armée. Cette répression violente a fait 61 morts au total selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels. Selon l’ONG Human Rights Watch, se basant sur des « allégations crédibles » qu’elle dispose, parle de 67 morts dont 32 « liés aux manifestations. » D’ailleurs la journée la plus sanglante fut le 28 mai lorsque dans la ville de Cali, 13 personnes ont trouvé la mort dans des affrontements entre manifestants, policiers et des civils armés. Après ces événements, l’Organisation des Nations unies (ONU) a réclamé une enquête indépendante et la communauté internationale dans son ensemble a condamné cette féroce répression contre cette grande mobilisation.

Cette contestation a démarré par un projet de réforme fiscale, élaboré par le président de droite Ivan Duque et consistant à augmenter les impôts pour financer la lutte contre la Pandémie de Covid-19. Plus en détails, ce projet de reforme prévoyait principalement d’élargir la TVA à de nombreux produits exempts jusque-là, de taxer systématiquement les revenus salariaux à partir de de 656 dollars (soit 542 euros) par mois et de supprimer de nombreuses exonérations dont bénéficiaient les ménages et les entreprises. Après une importante mobilisation sociale appuyée par les syndicats ainsi que les organisations indigènes et malgré la tentative d’interdiction pour motif sanitaire, le ministre de l’économie Alberto Carrasquilla a démissionné du gouvernement le 3 mai dernier et la réforme a été retirée. Néanmoins, la protestation n’a pas faibli, elle s’est élargie et de nouveaux mots d’ordre sont apparus. Les travailleurs, étudiants et indigènes mobilisés réclament une politique plus sociale, le retrait d’une réforme de la santé visant à libéraliser le système de santé et à restreindre l’accès universel aux soins par le renforcement des assurances de santé privées, revendiquent l’accès à une éducation gratuite pour tous et dénoncent les abus violents de la police contre les manifestants.

Malgré le fait que la Colombie soit la 4ème économie d’Amérique latine, le pays est pourtant l’un des plus inégalitaires au monde et a été fortement impacté par la Covid-19. Avant la pandémie la Colombie affichait une croissance de 2.6 % en 2018 après 1.4 % en 2017; pourtant en 2019 le taux de pauvreté monétaire varie de 12 % à 48 % selon les villes et l’économie informelle concerne 47 % de la population active. L’impact de la pandémie de Covid-19 a fait chuter le PIB de 6.8% en 2020, fait augmenter le chômage à 16% et plonger 42.5% de la population sous le seuil de pauvreté. C’est néanmoins au cours de cette même période allant de 2019 à 2020 que la Colombie a connu un important mouvement de contestation contre notamment les projet gouvernementaux pour flexibiliser le marché du travail, privatiser des entreprises publiques dont la compagnie électrique Cenit et la compagnie pétrolière Ecopetrol, reculer l’âge de départ à la retraite et réduire les impôts pour les entreprises. S’inscrivant dans le contexte plus global de la vague de contestations d’ampleur qui s’est déroulée en 2019 dans de nombreux pays d’Amérique latine, la contestation sociale en Colombie de 2019 à 2020 a en fait gagné en importance avec les conséquences catastrophiques de la pandémie de Covid-19.

L’accroissement du chômage, de la précarité et de la casse des conditions de travail et de vie en Colombie ainsi que la répression féroce de ce vaste mouvement social démontrent le caractère toujours plus parasitaire, pourri et destructeur du capitalisme. La crise générale de ce mode de production ne fait que se renforcer, nécessitant alors une pression sur les salaires ainsi que les conditions de travail et de vie pour contrecarrer voire limiter la baisse des profits. À quelques exceptions, la politique du grand capital est sensiblement la même tant en France qu’en Colombie. Les revendications des travailleurs, étudiants et indigènes le sont également. Le capitalisme n’est pas la solution, il est le problème. Ces similarités démontrent également que les principes internationalistes sont aussi au coeur du combat du peuple travailleur contre le capitalisme et pour le socialisme-communisme. L’Union de la Jeunesse Communiste (UJC) exprime sa solidarité totale et inconditionnelle à la mobilisation des travailleurs, étudiants et indigènes en Colombie contre la politique réactionnaire, anti-sociale et répressive du grand capital en Colombie.

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