La relation de la machine au travail et à la production de valeur

Dans un précédent billet, nous abordions la théorie de valeur dans le socialisme scientifique, dans lequel nous affirmions entre autres que “le travail de la machine ne produit pas de valeur, il ne fait que transmettre une partie de la valeur de la machine à l’objet produit, laquelle correspond à l’usure de la machine”. Cette phrase elle-même est le produit d’un principe économique qui mérite au moins un autre billet lui étant dédié, expliquant clairement ce principe économique.

L’explication de ce principe est en réalité très simple : la machine est un produit, et comme tout produit elle est du travail objectifié, à l’inverse du travail humain lui-même qui est du travail vivant, du « travail créateur ». De ce fait, le “travail” de la machine n’est pas un travail en soi, mais un transfert de travail : la quantité de travail humain contenue dans la machine est transférée dans l’objet produit par la machine. Ainsi, la machine ne produit pas de valeur, mais transfert sa valeur dans l’objet qu’elle produit ; il en sort alors que ce transfert de valeur correspond à l’usure de la machine et lorsque la machine a transféré tout le travail humain contenu en elle, elle est complètement usée, elle ne fonctionne plus. C’est donc en cela que la machine ne produit pas de valeur et que la valeur de l’objet produit par la machine ne correspond qu’à l’usure de la machine : plus la production d’un produit use la machine, plus grande est la valeur de ce produit, car plus grande est la quantité de travail humain transférée de la machine au produit.

Mais face à cette explication somme toute assez succinte, deux objections pourraient être soulevées : quid de la réparation de la machine, ou d’une machine qui serait infinie, qui ne s’userait pas ?

Ces deux questions ont également une réponse simple : la réparation de la machine n’est pas vraiment différente de la production de la machine ; c’est en quelque sorte du travail humain réinjecté dans la machine, ce qui permet à la machine de recommencer ou continuer à produire en transférant ce nouveau travail humain dans les objets qu’elle produit de nouveau ; en ce qui concerne l’hypothèse d’une “machine infinie”, elle n’est qu’une imagination fictive : aucune machine ne peut fonctionner infiniment sans s’user, ce serait violer les lois de l’ingénierie et de la physique mêmes, et une théorie impossible ne peut contredire une théorie possible et prouvée par la pratique et les faits.

Ainsi, alors que le travail humain, en tant que travail vivant, est concerné par la création, le travail de la machine, en tant que travail objectifié, est concerné par le transfert, par la transformation : d’une certaine manière une partie de la machine se transforme en l’objet produit, et la valeur de cette partie de la machine transformée en l’objet garde sa valeur, la valeur est donc transférée dans cet objet.

Rox