Reconnaissance du mouvement taliban : une tentative de réhabilitation par les impérialistes occidentaux

À la suite de la chute de Kaboul, de nombreux États ont publiquement affiché leur position quant à la façon dont il convenait de traiter avec les Talibans, désormais détenteurs du pouvoir en Afghanistan. Alors que la Chine, la Turquie et la Fédération de Russie s’inscrivent dans une perspective de dialogue avec les Talibans et les autres acteurs présents sur le territoire, sans nécessairement envisager une reconnaissance du mouvement, la réunion du G7, les communiqués de l’Union Européenne et de la Maison Blanche n’ont pas semblé donner le même point de vue.

Le 24 août 2021, le G7 (réunissant l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni) disait attendre, avant de songer à une éventuelle reconnaissance des Talibans comme gouvernement régulier, que ces derniers rendent compte de leurs actes en matière de droit de l’Homme et des droits des femmes en particulier, ainsi que « de leurs actes pour empêcher le terrorisme ». L’Union Européenne, sur le même ton, est restée très vague sur son appréhension de la nature du mouvement Taliban. Se rangeant derrière les États-Unis, elle attend des preuves que les Talibans ont changé.

Le fait d’envisager de reconnaître les Talibans comme nouveau gouvernement régulier en Afghanistan a pourtant de quoi étonner. Après avoir garanti que les droits fondamentaux de chaque citoyen afghan seraient respectés, les Talibans ont déjà porté de nombreuses atteintes à la liberté de la presse, aux droits des femmes, à la culture, aux droits de l’Homme, dont les pays occidentaux se targuent d’être les protecteurs. De ces violations flagrantes, ces derniers ne diront rien.

Penser à reconnaître les Talibans, c’est enfoncer l’Afghanistan après l’avoir détruite puis abandonnée. L’autoproclamée « communauté internationale » (en fait, les États-Unis et ses alliés occidentaux) n’ignore en rien les conditions de vie du peuple afghan sous domination talibane. Elle tente désormais de faire passer le mouvement taliban comme acceptable face à d’autres mouvements terroristes tels que l’État Islamique ou Daesh et elle utilise ces mouvements pour justifier sa clémence envers les nouveaux détenteurs du pouvoir en Afghanistan.

L’hypocrisie des puissances occidentales témoigne de leur volonté de poursuivre leurs objectifs impérialistes et de leur refus de tirer les conclusions de leur intervention sur le territoire afghan. Les États-Unis qualifient leur intervention de « succès extraordinaire » (Joe Biden dans son discours du 31 août 2021) et ce en dépit du ralentissement considérable du développement du pays provoqué par l’interventionnisme occidental depuis la fin des années 1970. Les pertes civiles, les violations des droits de l’Homme passées, présentes et à venir, sont présentées par les pays occidentaux comme une simple conséquence de la prise de pouvoir des Talibans. En réalité, la question des droits de l’Homme et des droits des femmes en particulier n’intéressent les impérialistes qu’à la condition qu’elle serve leurs intérêts.

C’est pourtant bien le produit d’un système entier, le capitalisme-impérialisme. Aucune des puissances impérialistes occidentales ne l’ignore. C’est sciemment que ce système est maintenu et défendu par les dirigeants successifs ; seule sa chute peut mener à la véritable libération des peuples.

Nevine