La rentrée scolaire en contre-sens pédagogique

Le 2 janvier 2022, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer annonçait dans le Parisien le nouveau protocole sanitaire à appliquer dans les établissements scolaires à la rentrée dès le lendemain. Cela dans un contexte de maintien de la rentrée scolaire, malgré la rapide propagation du variant Omicron et deux jours après les festivités du nouvel an et à peine plus d’une semaine après celle des fêtes d’hiver. Cela étant, très vite, la capacité de transmission du virus se fit ressentir, et nombreux furent les élèves et personnels éducatifs touchés par le Covid ou devenant cas contact. Si alors l’on comptabilisait pour la dernière semaine de décembre 80 structures scolaires fermées, dont 2970 classes, on comptabilise pour le 14 janvier 226 structures scolaires fermées, dont 14 380 classes. De même, on comptabilisait cette même dernière semaine de décembre 50 052 élèves et 2599 personnels cas positifs, le 14 janvier les chiffres augmentaient et estimaient 331 715 élèves et 25 571 personnels cas positifs. Sans compter alors les nombreux cas contact qui furent pour beaucoup évacués.

Ainsi le gouvernement dans sa volonté de maintenir la rentrée scolaire, non content de mettre élèves et personnels en danger, plonge l’École dans un contre-sens pédagogique en ne préparant pas cette éventuelle recrudescence des personnes touchées par l’épidémie et donc absentes. Dès la première semaine de janvier, les élèves et personnels contraints par la maladie, ne pouvant plus venir au sein des établissement scolaires, n’ont pu guère les uns continuer leurs apprentissages et les autres en assurer la continuité. Plutôt que de mettre en place diverses solutions pour prévenir cette situation, le gouvernement a préféré mettre des œillères et faire fi des inquiétudes des parents et personnels éducatifs.

Le 13 janvier, une manifestation inter-syndicale et un appel à la grève fut lancé, l’on comptait alors 75% de grévistes dans l’élémentaire et près de 60% dans le secondaire : cette manifestation s’inscrit alors comme le résultat d’une rentrée scolaire catastrophique, où nos dirigeants donnent des directives à la dernière minute (de surcroît à travers la presse payante !) et se montrent aveugles aux problématiques de terrain.

En effet, apparaît immédiatement dans les lycées, collèges et établissements du premier degré la zone grise suivante : si un élève déclaré « cas contact » pour pouvoir revenir au lycée doit se munir d’un test antigénique ou PCR négatif, ce dernier, pour avoir un rendez-vous, doit patienter une semaine. Ce qui conduit les établissements d’internat à se demander s’ils doivent garder ou évacuer les élèves. Ainsi les nombreux élèves « cas contact » se retrouvent parfois à être évacués une semaine, et peuvent repartir aussi vite s’ils redeviennent cas contact. A cela s’ajoute le manque caractéristique de personnels et de moyens qui ne peut pas répondre à la continuité pédagogique et au bon déroulement scolaire.

Cette rentrée scolaire, qui devait favoriser par son maintien l’apprentissage des élèves, n’en produisit que l’inverse : elle a mis les personnels, élèves et familles en danger, augmenté les inégalités à l’école, et accentué le phénomène d’ « école-garderie » et d’école de classe dont le ministre et l’État bourgeois s’accommodent très bien, surtout en période d’épidémie.

PM