Cuba, le Vénézuela et le Nicaragua écartés du Sommet des Amériques : les États-Unis reçoivent les dirigeants des États américains… mais surtout de ceux qu’ils courtisent

Il y a une semaine environ, le secrétaire d’État étatsunien adjoint chargé des Amériques annonçait que Joe Biden ne souhaitait pas inviter l’ensemble des États du continent américain au « Sommet des Amériques ». De cette rencontre formelle entre les dirigeants des 35 États américains seront sûrement exclus cette année trois États : Cuba, le Vénézuela et le Nicaragua. C’est le non respect de la Charte Démocratique des Amériques qui est avancé par le président Joe Biden pour justifier cette décision.

Pendant plusieurs années, Cuba avait déjà été exclu d’office de ces rencontres. C’est à la suite du refus de plusieurs autres États de participer aux éditions suivantes que l’île a pu participer. Il s’agissait pourtant manifestement d’un progrès fragile, et le problème concerne désormais d’autres États.

Derrière des justifications fumeuses, que ce soit la non-reconnaissance des présidents Maduro et Ortega, ou la dénonciation des peines infligées par le « régime » cubain aux manifestants contre-révolutionnaires et pro États-Unis du 11 juillet 2021, les États-Unis profitent de la tenue du Sommet sur leur territoire pour en exclure les pays dont les dirigeants ne se plient pas à leur volonté. Le dénominateur commun de ces trois pays, qui a encouragé leur rapprochement en dépit de divergeances profondes, est le refus de se soumettre au pouvoir étatsunien et la poursuite d’une quête d’indépendance et de souveraineté hors du giron de Washington.

La Charte Démocratique Interaméricaine dispose, en résumé, que le choix d’un système politique démocratique constitue un engagement collectif de tous les États d’Amérique, et que chaque gouvernement a pour obligation de le défendre. Elle s’adosse à un certain nombre de valeurs dans lesquelles on peine pourtant à voir l’engagement des États-Unis : respect des droits sociaux, des libertés fondamentales, l’interdiction de la discrimination… Les États-Unis ne sont en plus pas les seuls à trahir ces valeurs, de même que d’autres Etats américains qui se sont pourtant vus invités de nouveau.

Par ce stratagème, les États-Unis cherchent à isoler les États exclus afin d’affaiblir leur diplomatie mais également leur rayonnement à l’échelle mondiale. En perpétuant la tradition étatsunienne bien établie de définir librement quel pays est démocratique et quel pays ne l’est pas, Joe Biden tente en réalité de boycotter ses adversaires politiques à l’international en les marginalisant. Il en profite également pour mettre sous une même étiquette dégradante des gouvernements pourtant bien différents. Par ce fait pourtant, il les pousse à s’organiser autrement et à renforcer leurs relations interétatiques.

Comme de nombreux sommets, le Sommet des Amériques est révélateur des visées hégémoniques de certains États davantage que d’être une coopération entre ces derniers. Ce que les embargos, les guerres ouvertes et les groupes armés financés par les États-Unis n’ont pas pu détruire, l’exclusion du sommet ne le détruira pas non plus. Cuba, solide dans sa position depuis la Révolution, ainsi que le Vénézuela et le Nicaragua, n’attendent pas l’autorisation des États-Unis pour nouer des alliances et assurer leur sécurité à l’international.

Nevine