L’ONF : la scier pour mieux la privatiser

Depuis des dizaines d’années, l’Office nationale des forêts (ONF), établissement public chargé de la gestion des forêts publiques, n’échappe pas à la règle de la destruction progressive des services publics : au contraire et malgré l’intérêt quasi inexistant que les médias lui accordent, elle en est une des principales victimes.

Depuis les années 2000, l’ONF a en effet perdu près de 5 000 fonctionnaires, passant d’un personnel constitué de 13 000 personnes à cette époque à 8 000 en 2021, soit une réduction de presque 40 %. Cette tendance à la réduction drastique du personnel de l’ONF est d’ailleurs toujours en cours, Macron souhaitant encore y supprimer près de 500 postes d’ici à 2025.

Cette suppression conséquente des postes au sein de l’ONF a aujourd’hui des conséquences bien tangibles : alors que les techniciens forestiers étaient auparavant chargés de la gestion de 1 000 hectares de forêts chacun, ce nombre a atteint aujourd’hui les 2 500 hectares par technicien forestier. Cela mène donc évidemment à une qualité réduite de la gestion des forêts et une possibilité amoindrie de gérer les risques d’incendie. Cela a même mené au suicide de certains forestiers qui sont non seulement maintenant surmenés en devant effectuer le travail de deux personnes et demi par rapport aux années 2000, mais qui subissent également de la maltraitance managériale de la part de leurs supérieurs hiérarchiques : en mars 2022, le directeur général de l’ONF a été limogé pour maltraitance managériale, tout comme son prédécesseur le fut en 2015.

Au-delà de la suppression des postes et d’un travail intenable, l’ONF subit également un processus de privatisation qui le mène de plus en plus à devoir se comporter comme un établissement à caractère économique, suivant la logique libérale imposée par l’Union européenne qui vise à privatiser un maximum de services au nom d’une concurrence libre et non faussée, la même logique libérale qui a détruit EDF et qui est en train de détruire la SNCF en tant que services publics. Les forêts, piliers majeurs de la biodiversité et de l’écologie en général, sont donc de plus en plus perçues comme des sources potentielles de revenus et de profits à exploiter.

Enfin, avec la logique de rentabilité qui frappe maintenant l’ONF, le gouvernement lui a demandé de trouver d’elle-même des financements. Ainsi l’ONF se retrouve maintenant financée par des entreprises privées telles que AXA, HSBC, IKEA et même Total, dont l’intérêt pour l’écologie sont bien connus…

Derrière les discours et ambitions pseudo écologiques de Macron et du gouvernement se cache donc une tout autre réalité, celle de la privatisation continue des forêts et de leur transformation en sources potentielles de profits : les forêts ne sont plus des entités écologiques, ce sont des entités économiques. Cela, en soi, n’est pas surprenant : pour le capitalisme, tout est économique, tout est source de revenus et de profits. Pourquoi en serait-il autrement pour les forêts et pour l’environnement ?

Aurel & Rox