Étudiants : une rentrée des classes coûteuse

Alors que l’année universitaire 2019-2020 commence à peine, celle-ci s’annonce déjà plus difficile que les précédentes pour les étudiants. En effet, selon un rapport de l’UNEF, le coût de la vie étudiante augmentera de 2,83% par rapport à l’année universitaire précédente. En cause, une augmentation générale des loyers étudiants, qui vont jusqu’à augmenter de 11% à Bordeaux par exemple, mais également une augmentation du coût des transports et celui de la restauration universitaire. Il faut également noter l’augmentation des frais d’inscription qui ont explosé pour les étudiants non communautaires, à qui une année de licence coûtera désormais 2 770€ et une année de master 3 770€, au lieu de respectivement 170€ et 243€.

Cette hausse générale du coût de la vie étudiante accentuera ainsi encore plus la sélection sociale à l’université sur des bases socio-économiques, déjà accrue par Parcoursup. Si elle est négligeable pour les étudiants aisés, les étudiants des couches populaires seront frappés de plein fouet et certains seront forcés de travailler, ou de travailler encore plus, à côté de leurs études. Or il a été prouvé* que les étudiants ayant un travail salarié à côté de leurs études ont des chances d’échec et un taux d’abandon plus élevés que les étudiants n’en ayant pas, et que plus le nombre d’heures à travailler à côté des études s’accroît, plus s’accroissent avec elles les chances d’échec et d’abandon.

Mais au-delà de cela, cette augmentation va également diminuer la qualité de vie et augmenter la précarité des étudiants, et en particulier ceux des couches populaires, ayant également pour conséquence des chances plus élevées pour eux d’échouer ou d’abandonner leurs études. Enfin, cette hausse pourra mener certains jeunes à décider de ne pas faire d’études, ou de ne pas les continuer, par simple manque de moyens.

Ce processus va donc rapprocher encore plus les étudiants de la précarité et écarter encore un peu plus les couches populaires de l’université, sans affecter les étudiants des couches aisées pour qui cette augmentation reste insignifiante.

Cela est d’autant plus vrai pour les étudiants non communautaires, concernés par la hausse des frais d’inscription, dont ceux issus des classes populaires sont beaucoup à ne pas pouvoir assumer de tels frais alors qu’ils auraient pu prendre en charge les frais normaux. Ceux-ci étaient d’ailleurs déjà plus lésés que les autres étudiants, ayant généralement un besoin plus élevé de travailler en plus de leurs études, des cautions et des garants généralement moins accessibles pour les loyers, etc. Désormais, c’est la porte des universités françaises qui se ferme pour beaucoup d’entre eux, et avec elle des formations qui n’étaient pas accessibles, ou qui sont de moindre qualité, dans leurs pays d’origine.

À l’inverse, pour les étudiants non communautaires aisés, cette augmentation des frais d’inscription ne représente qu’un léger surcoût, et les nouvelles générations des hauts fonctionnaires des États soumis à l’impérialisme français, comme ceux de la “Françafrique”, ainsi que les gestionnaires du capital monopoliste, continueront à être formés par l’État français.

Cette énième augmentation du coût de la vie étudiante soulève alors quelques questions : comment garantir à tous les étudiants un accès et des chances de réussite réellement égales à l’université, et non différents selon leurs conditions socio-économiques ? Comment permettre à tous les étudiants de pouvoir étudier dignement, sans avoir à travailler en plus à côté, sans avoir à vivre dans la précarité ? Ces questions ne peuvent trouver de réponse tant que l’on reste dans le cadre actuel du mode de fonctionnement de notre société, le capitalisme-impérialisme, dont le but principal n’est que de chercher à satisfaire les profits d’une minorité. Cette augmentation le montre bien : on peut effet noter, par exemple, que l’augmentation des loyers étudiants profite aux propriétaires rentiers, et que le besoin des étudiants d’avoir un travail salarié en plus de leurs études profite aux patrons qui disposent alors d’une main d’œuvre peu coûteuse et en expansion, tout cela au détriment des étudiants et en particulier de ceux des couches populaires.

Il est également important de noter que la tendance générale est à la privatisation croissante de l’université, avec pour objectif finale une privatisation totale, qui s’effectue en ce moment à travers la diminution des budgets, entraînant le besoin pour les universités d’effectuer des accords de financement avec des monopoles, qui gagnent alors plus de pouvoir de décision dans les universités, ce qui leur permet alors d’avoir une emprise sur les différents cursus, d’avoir un accès privilégié à une main d’œuvre de qualité en ayant la priorité sur les stages, en octroyant des bourses privées, etc.

Il est ainsi vital pour les jeunes, pour les étudiants et pour les couches populaires de faire face au capitalisme-impérialisme en luttant pour de meilleures conditions de vie et d’étude, pour une université débarrassée des intérêts privés et impérialistes. Ceci en ayant comme perspective le renversement de ce capitalisme-impérialisme qui tentera dès qu’il le peut – et il le montre bien actuellement – de détruire tous les acquis sociaux, afin de le remplacer par un système ayant pour but non pas les profits d’une minorité bourgeoise, mais la satisfaction des besoins de la majorité, y compris de ceux des jeunes, des étudiants et des couches populaires.


*Magali Beffy, Denis Fougère et Arnaud Maurel, “L’impact du travail salarié des étudiants sur la réussite et la poursuite des études universitaires”