L’Union Européenne se prépare à se passer du gaz russe… aux dépens des travailleurs

Le 5 avril 2022, la Commission Européenne publiait un article intitulé « L’Europe peut-elle se passer du gaz russe ? » dans lequel elle expose en quoi la décision de certains États membres de l’Union Européenne de se passer de l’importation de gaz en provenance de Russie sera profitable à l’approvisionnement en gaz de l’Union, à la fixité des prix et in fine à l’ensemble des peuples d’Europe.

Ce qui a été présenté par la plupart des représentants politiques européens comme une mesure franchement idéologique est ici présenté par la Commission comme une mesure économique. Dans son article, elle expose que l’intervention russe en Ukraine menace directement la sécurité de l’approvisionnement et que c’est la raison principale pour laquelle elle souhaite mettre un terme à ces imports. Elle n’expose que dans un deuxième temps l’aspect idéologique de cette mesure, qui vise à assurer la victoire du gouvernement ukrainien en ruinant la Fédération de Russie. L’Union Européenne (UE) n’est pourtant pas inquiète outre-mesure de la sécurisation des approvisionnements, de pétrole notamment, en provenance d’Afrique de l’Ouest. Bien au contraire, elle cite cette région parmi les régions avec lesquelles elle souhaite augmenter l’importation de ressources énergétiques afin de combler le vide laissé par les importations russes.

L’arrêt de l’approvisionnement de gaz russe en Europe aurait des conséquences dramatiques. Ces conséquences, l’UE en est consciente. Par son article, la Commission souhaite justifier l’aggravement à venir de la crise qui n’a cessé de s’accroître depuis plusieurs mois, bien avant l’intervention russe en Ukraine.
La flambée des prix de l’énergie est déjà manifeste. Le gaz, l’électricité, l’ensemble des ressources dont les ménages ont besoin au quotidien deviennent des luxes. Cette inflation, dénoncée par les travailleurs depuis des années, l’UE souhaite en accuser la Fédération de Russie. Les travailleurs, par l’expérience, savent que ces crises sont inhérentes au système capitaliste et au fonctionnement de l’Union Européenne, qui est une union de monopoles et de classes dirigeantes contre les masses travailleuses.

Les mesures proposées par la Commission pour amortir le coût de la guerre idéologique contre la Russie sont aussi hypocrites qu’inefficaces. Le développement d’énergies renouvelables, prétendu objectif capital de l’UE depuis des années, est encore brandi comme une solution miraculeuse. Le déploiement de systèmes photovoltaïques, qui ne se sont pas démocratisés depuis le début de leur utilisation, est également présenté comme une solution viable. Dans les faits, il s’agit plus d’une recomposition du capital dans les secteurs d’énergies « vertes », dans un contexte de demande croissante d’écologie. Pour les monopoles, l’environnement n’est qu’une source de profits.

Concernant les prix à proprement parler, leur place dans l’article de la Commission démontre bien le peu de cas qu’en fait l’UE. Elle en est au stade de « proposer des orientations pour maintenir le prix de l’énergie ». Nous savons que l’inflation n’a fait que continuer alors même que les réductions d’importation de gaz russe ne sont pas encore effectives. A fortiori, le maintien du prix de l’énergie à son niveau actuel serait déjà une catastrophe pour les travailleurs. Pour certains d’entre eux, travailler n’est déjà plus rentable.

Alors que l’Union Européenne pille ses peuples et les peuples dans le monde, mène des politiques d’austérité en expliquant qu’il n’y a plus d’argent pour le secteur public, elle peut pourtant se permettre de fournir un nombre incalculable d’armes et de mercenaires au gouvernement ukrainien. Les budgets militaires explosent et ce sont les travailleurs qui sont les premiers à en payer les frais. Que ce soit en Russie qu’en Europe, ce sont aussi les premiers à subir les effets de cette guerre qui n’est qu’une guerre entre impérialismes. Le prolongement de la guerre et l’escalade continue des tensions ne présage que l’aggravation de la crise et de la détérioration de nos conditions de vie. C’est une guerre à laquelle nous devons tous nous opposer et que nous devons tous combattre.