Un possible virage autoritaire : quelles possibilités pour les monopoles ?

Sa remarque aurait pu passer inaperçue. Mais dans un contexte de crise dans lequel nous vivons, force est de constater que les gouvernants ont bien des idées à la tête pour l’avenir en France, ce qui ne présage rien de bon pour le peuple-travailleur et sa jeunesse. En effet, Geoffroy Roux de Bézieux a déclaré dans un entretien au journal Ouest France :

« On voit que face à une pandémie, un système autocratique semble pour le moment mieux armé pour bloquer une pandémie que ne le sont nos démocraties. En Chine, dimanche, on n’aurait pas laissé les habitants aller dans les parcs ou les marchés. Il faut réfléchir à la façon dont nos démocraties pourraient être collectivement plus efficaces ».

Geoffroy Roux de Bézieux, dans un entretien donné au journal Ouest France

Ces mots révèlent tout le potentiel du capitalisme-impérialisme à se restructurer politiquement en temps de crise pour pérenniser sa domination de classe. Car c’est bien de cela qu’il s’agit quand le chef du MEDEF parle des « démocraties » : la dictature de classe des monopoles capitalistes (cf. éclairage « Démocratie et dictature »). Si on observe une tendance fondamentale du capitalisme à la concentration de la propriété capitaliste et à la concentration des richesses, la traduction de ce processus dans la structure politique est une tendance permanente à l’autoritarisme et à la concentration et la direction du pouvoir politique par les monopoles capitalistes. Il est donc tout à fait logique qu’en temps de crise, lorsque l’appareil économique est bousculé, ne permettant alors plus d’accumuler des profits comme avant, les monopoles ont à l’esprit la possibilité de redresser l’économie d’une « poigne de fer », peu importent les libertés et les droits sociaux des travailleurs et des travailleuses.

Mais cette remarque n’est qu’une partie émergée de l’iceberg du comportement de la bourgeoisie, et notamment de la bourgeoisie monopoliste, dans la période à venir. Depuis une semaine, des réformes ont été mises en place de manière éclair et opportuniste par l’État et le gouvernement Macron, afin d’accélérer et renforcer la politique des monopoles en l’absence de toute contestation. Le confinement, bien que nécessaire, répond aussi aux intérêts de la classe des possédants. Tout ceci dans un contexte où le paternalisme du président Macron appelle à un volontarisme national, via lequel Françaises et Français doivent faire des sacrifices. Ainsi, l’État des monopoles rogne sur nos libertés et nos droits sociaux (35h, congés payés, etc.) pour une durée indéterminée et on voit un confinement de classe dans lequel la répression policière et le contrôle social sont à l’œuvre et renforcés particulièrement dans les quartiers populaires, en plus des mauvaises conditions quotidiennes dans lesquelles sont plongés des millions de travailleurs et de travailleuses (logement insalubre 24h sur 24, des jeunes qui continuent à travailler notamment dans la livraison et la logistique, etc.). Aussi, l’usage étendu des drones pour la surveillance dans l’espace urbain laisse transparaître un usage généralisable voire systématique dans les prochains mois. Tous ces éléments laissent penser que le confinement de classe d’aujourd’hui est une sorte de laboratoire du contrôle social pour les mois qui vont suivre la crise.

En effet, le lendemain de la crise dont nous voyons que le début sera difficile pour le peuple-travailleur et sa jeunesse, dans la mesure où les capitalistes ont décidé dès aujourd’hui de nous faire payer la crise. C’est en cela qu’un virage autoritaire voire fasciste est possible : les monopoles auront tellement besoin d’accumuler des profits qu’ils feront le nécessaire pour faire passer leurs réformes, leurs licenciements et leurs diminutions de salaires. Ceci sans négociation et en matant toute contestation. Ça été le cas en Italie dans les années 1920 et en Allemagne dans les années 1930, lorsque les industriels ont financé et organisé l’économie de manière autoritaire et préparé la guerre qui présentait un avantage économique pour sortir de la crise.

Ainsi le virage autoritaire qui survient dès aujourd’hui n’est pas spontané, il résulte d’une tendance fondamentale du capitalisme-impérialisme à l’heure où l’accumulation de capital et de profits devient difficile. Il s’incarne dans un gouvernement Macron qui n’a jamais voulu négocier et écouter les oppositions et qui applique les décisions des monopoles. Plus largement, la crise actuelle qui secoue le capitalisme dans son fonctionnement et dans sa crédibilité (les contestations des dernières années mettent aussi de plus en plus à mal le capitalisme dans sa légitimité), participe d’un contexte propice au fascisme comme dictature ouverte de la bourgeoisie monopoliste sur les peuples-travailleurs et leur jeunesse. C’est une possibilité que nous devons avoir à l’esprit, qui exige une compréhension des tâches qui nous incombent : lutter pour nos libertés et nos droits sociaux, lutter pour ne plus être les victimes du capitalisme-impérialisme, lutter pour un monde meilleur fondé sur la réponse à nos besoins sociaux.

Jim