A une époque où nos droits sociaux sont attaqués, nos revenus réduits, les syndicalistes emprisonnés, les outils de renseignement renforcés, l’état d’urgence étendu et définitivement instauré, les manifestants matraqués et blessés par les forces de l’ordre, comment peut-on encore parler de démocratie ?
Chaque semaine c’est une nouvelle affaire qui apparaît dans les médias, révélant d’une part le caractère antidémocratique du système politique et social, d’autre part le fait qu’une lutte entre des classes sociales existe et qu’elle traverse l’ensemble des domaines issus de la société. Cette lutte de classes est nettement visible lorsqu’elle se cristallise à certains moments, à l’instar des licenciements abusifs conduisant à l’organisation des salariés et à leur action, pour aboutir finalement à la répression bourgeoise (tribunal, matraque) lorsque leur action est jugée comme trop « extrême » et/ou « violente ». Aujourd’hui, la lutte des classes se polarise entre deux classes sociales, la bourgeoisie et le prolétariat, intrinsèquement liées à la propriété privée des moyens de production.
Comment peut-on donc parler de démocratie et de dictature dans une société déchirée par la division de classe et les antagonismes qui en ressortent ? Lorsque l’État octroie plus de subventions aux entreprises, réduit les impôts des plus riches, adapte le code du travail aux besoins des entreprises, alors que les travailleurs.ses voient leurs aides diminuer et leurs droits sociaux supprimés, on observe qu’il n’y a pas de « neutralité de l’État » et que la distinction entre démocratie et dictature est ambiguë.
Certains affirment que « la démocratie n’est pas la dictature » et « la dictature n’est pas la démocratie ». Les marxistes émettent l’idée selon laquelle ces termes ne peuvent pas être détachés du contexte de division de classe dans la société. Aujourd’hui, nous avons donc une démocratie pour les bourgeois et leurs intérêts qui est en réalité une dictature sur le prolétariat. La société socialiste sera en revanche une démocratie pour le prolétariat et une dictature sur la bourgeoisie ( = dictature du prolétariat).
[…] la dictature du prolétariat, c’est-à-dire l’organisation de l’avant-garde des opprimés en classe dominante pour mater les oppresseurs, ne peut se borner à un simple élargissement de la démocratie. En même temps qu’un élargissement considérable de la démocratie, devenue pour la première fois démocratie pour les pauvres, démocratie pour le peuple et non pour les riches, la dictature du prolétariat apporte une série de restrictions à la liberté pour les oppresseurs, les exploiteurs, les capitalistes. Ceux-là, nous devons les mater afin de libérer l’humanité de l’esclavage salarié ; il faut briser leur résistance par la force ; et il est évident que, là où il y a répression, il y a violence, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de démocratie.Lénine, L’État et la révolution, éditions sociales, p.136
Une réflexion au sujet de « Démocratie et dictature »
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