La Relève : « Fake-News » : quand l’accusation au complotisme sert l’idéologie dominante

Depuis quelques temps maintenant, Emmanuel Macron et son gouvernement ont décidé de mener la lutte contre les « fake-news ». Il s’agirait alors d’empêcher la propagation de « fausses informations » de manière permanente qui entraveraient les processus électoraux et seraient nuisibles « pour notre démocratie ».

Qu’est-ce qu’une « fake-news » et en quoi ce type d’accusation sert les intérêts de la classe dominante ?

Une « fake-news » est une information délibérément fausse ou truquée émanant d’un ou plusieurs médias, d’un organisme ou d’un individu. Au premier abord, on peut se dire que cette notion est très clairement définie. Mais s’agirait-il uniquement de celles et ceux adeptes du conspirationnisme¹ ? Si le gouvernement entend s’attaquer par la censure à ces théories non fondées et bien souvent absurdes, il semble s’opérer un amalgame sur la question de la subversion à l’ordre existant. Ainsi, toute théorie qui veut remettre en question l’ordre existant peut être classée dans la catégorie « fake-news ».

On observe alors un double mouvement : d’une part un renforcement de la croyance en des théories conspirationnistes, car la censure joue un rôle inverse à celui d’un reflux par l’éducation et l’argumentation scientifique ; d’autre part l’assimilation des théories révolutionnaires aux « fake-news » est faite pour légitimer l’ordre existant, c’est-à-dire le système capitaliste et les injustices qui touchent l’ensemble de la population. Parler aujourd’hui de classes dominantes, c’est risquer d’être taxé de conspirationniste et de n’être plus pris au sérieux.

C’est toute une hypocrisie qui est ainsi mise en place par le gouvernement, qui prétend détenir la vérité et le savoir absolu, tout en divisant le peuple-travailleur et la jeunesse grâce à l’obscurantisme des « fake-news ». Mais combien de fois la bourgeoisie n’a-t-elle pas usé de la désinformation et de mensonges contre le peuple-travailleur et les mouvements sociaux ? Aujourd’hui encore, elle dénonce les grévistes et les étudiants qui occupent leurs universités comme étant des « preneurs d’otage », des « agitateurs » et des « adeptes du désordre ». Il en va de même pour les fonctionnaires et les cheminots qui seraient « des privilégiés ».

Le terme de « fake-news » est donc un terme qui sert les intérêts de la classe bourgeoise, cette même classe qui aujourd’hui attaque nos droits sociaux et entend imposer sa domination sur l’ensemble de la société. La proposition de loi intitulée « loi de fiabilité et de confiance de l’information » constitue en réalité une arme législative de l’État bourgeois contre toute diffusion d’informations ou de propagandes allant à l’encontre de ses intérêts de classes et impérialistes.

La bourgeoisie est adepte de la désinformation. C’est aussi elle qui, en dégradant la qualité de l’enseignement et en opposant les individus les uns contre les autres, a contribué à la propagation de théories conspirationnistes. Aujourd’hui, les bourgeois profitent de cela car ces théories jouent un rôle dans la division de la classe des travailleurs et dans la dépolitisation-démobilisation des individus.

C’est en affinant notre esprit critique en permanence et en luttant contre le désinformation de la bourgeoisie que nous pourront lutter contre l’obscurantisme. Cette lutte doit passer par le renversement de l’ordre existant, par l’expropriation des grands médias bourgeois et par l’établissement d’un enseignement populaire rigoureusement scientifique.

Nb : Sur Youtube, quelques personnes luttent scientifiquement contre l’obscurantisme. Pour en citer quelques-uns : Defakator, Astronogeek.

 

1. Conspirationnisme : estimation du fait que le monde serait gouverné par des forces secrètes et que les médias et les gouvernements nous mentent à ce propos.

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