Le gouvernement de Macron a déclaré la guerre à l’épidémie du COVID19 en saluant les « soignants qui se battent pour sauver des vies, avec dévouement, avec force », alors que ceux-ci dénonçaient depuis des mois voire des années le manque de moyens, de matériels, de personnels, la fermeture de lits d’hôpitaux et la fermeture de petits établissements hospitaliers. Depuis plus de 30 ans les gouvernements successifs ont cassé le service public de la santé et de l’hôpital. La priorité a été donnée à l’autonomie administrative et financière imposée à l’hôpital public, induisant la logique de rentabilité à tout prix et l’alignement du management sur le secteur privé. Il faut rajouter à ça l’adoption du mode de tarification à l’activité (T2A) en 2004, les fermetures de petites maternités et la compression des personnels soignants. Dans leur lettre collective, les 1200 chefs de service et responsables hospitaliers démissionnaires en janvier dernier déclaraient que cette casse de l’hôpital public “coûtera beaucoup plus cher à la société que l’investissement massif qui doit être réalisé. » Rien de plus vrai aujourd’hui. Il ne faut également pas oublier la casse du service public de la recherche, soumise aux lois du marché et aux intérêts des monopoles capitalistes. La recherche publique est désormais privée de moyens et de personnels qui auraient pu être utiles contre cette pandémie et pour l’étude de l’agent pathogène responsable.
L’État bourgeois gère cette crise en pointant le comportement individuel de chacun et met en place un dispositif toujours plus répressif et autoritaire. Le discours paternaliste est repris en boucle par le gouvernement Philippe: Christophe Castaner a fustigé ceux qui « cherchent à ruser, à faire les malins et se croient héros parce qu’ils ont détourné la règle » et Sibeth Ndiaye a condamné « des comportements irresponsables » avant de préciser que « plus on respecte la règle du confinement, moins on y restera longtemps ».
Les inégalités sociales sont mises en lumière lors de cet épisode. Comment le confinement se passe-t-il pour toutes les personnes et ménages dans la précarité ? Ceux qui s’entassent à plusieurs dans un petit logement ? Ceux qui vivent dans un logement insalubre ? Ceux qui sont menacés de coupures d’énergie ? Ceux qui consacrent une large part de leur budget dans leur loyer et qui vont voir très certainement leurs revenus baisser ? Ceux qui sont menacés de coupures d’énergie ? Les risques domestiques, déjà nombreux dans les logements insalubres, sont également amenés à se démultiplier.
L’union nationale revendiquée par Macron et le gouvernement Philippe est également revendiquée par l’ensemble de la bourgeoisie monopoliste. Le 22 mars, selon le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, « face au coronavirus, nous devons aller vers une forme d’union sacrée », « face à une crise sans précédent […] nos vieux tabous doivent tomber car l’urgence sanitaire est la priorité. » Tout en saluant les mesures prises par le gouvernement pour préserver la trésorerie des PME, le président du MEDEF souhaite que ce dernier aille plus loin : « Il faut tendre vers ‘zéro recettes = zéro charges’. » Ceux qui appellent à l’union nationale aujourd’hui représentent les forces sociales qui ont organisé la casse des services publics, la casse du code du travail, des conditions de travail et de vie de millions de travailleurs(es) et apportées la guerre et la terreur à des peuples et des pays pour l’accroissement des profils. La CFDT a publié une « déclaration commune des organisations syndicales et patronales représentatives » ratifiée le 19 mars avec le patronat (le MEDEF, la CPME et l’U2P) affirmant « le rôle le essentiel du dialogue social et de la négociation collective » dans « le contexte de crise sanitaire majeure » et de « mettre en œuvre tous les moyens indispensables à la protection de la santé et de la sécurité des salariés devant travailler. » Cette déclaration est un coup de poignard dans le dos du peuple-travailleur.
Le capital monopoliste compte bien les faire payer les conséquences catastrophiques de la crise. Il ne faut pas oublier que les patrons obligent les gens à travailler sans se préoccuper de mettre en place les mesures de protection des travailleuses et des travailleurs pour continuer à empocher les profits alors que le virus peut se transmettre à tout moment. La signature de cette déclaration par la direction confédérale de la CGT a provoqué un tollé de la part des travailleuses et travailleurs, ainsi que de plusieurs UD, fédérations, syndicats ou organisations associées à celle-ci : les UD 13, 94, 59, 18, 82, 04, 67, 51, 80, 36 et les fédérations nationales des industries chimiques, du commerce, des services publics, de la banque et l’assurance. Nous nous associons et relayons leur appel au retrait de la signature de ce texte qui va à l’encontre des intérêts du peuple-travailleur.
Tout en exprimant son soutien total et fraternel aux personnels soignants mobilisés contre la pandémie, l’Union de la Jeunesse Communiste (UJC) appelle les jeunes travailleurs, les étudiants et les lycéens à massivement se mobiliser aux cotés des travailleuses et des travailleurs pour pour la défense des conquêtes sociales, des libertés démocratiques et des services publics.
Vicken
Photographie : Covid-19, des hôpitaux saturés
Dans l’actuelle situation, se multiplient les images qui montrent l’incapacité concrète du capitalisme à gérer efficacement la crise sanitaire. Si le confinement n’est pas en soi à remettre en question, c’est le traitement des patients et des moyens à disposition qui dévoilent une situation critique.
Ci-dessus, la photographie prise dans un hôpital à Madrid, deuxième pays où le virus fait le plus de mort, montre bien le difficile traitement des patients touchés par le Covid-19. Des personnes allongées dans le couloir attendent un traitement, faute de lit et de personnel dans l’établissement. Si ce cas ne trouve pas (encore) son équivalent en France, la situation n’est pas si différente sur le fond. En effet, depuis plusieurs années, les offensives capitalistes se poursuivent contre le service public et contre les conditions des travailleuses et des travailleurs de la santé.
On le voit bien désormais : la casse des services publics et les coupes budgétaires en France comme partout en Europe, mettent en péril la capacité des hôpitaux à faire face aux risques sanitaires, ces derniers se retrouvent surchargés avec des effectifs et des lits insuffisants ainsi qu’un personnel qui risque sa vie pour un salaire souvent dérisoire.
La crise sanitaire révèle et exacerbe les problèmes structurels que le capitalisme crée depuis plusieurs années. C’est la vie de milliers de personnes qui est en jeu et le capitalisme montre toute sa dangerosité en matière de santé. Et la solution à cette crise semble être bien loin des quelques vagues promesses du gouvernement…
Jerem