Licenciements massifs dans les secteurs automobile et pétrolier

La crise générale du système capitaliste et les crises cycliques de surproduction qui l’accompagnent nous proposent un exemple très significatif de ce que ce mode de production représente aujourd’hui. La crise sanitaire liée au Covid-19 a renforcé de manière conséquente cette crise économique déjà présente avant le début de l’épidémie. La casse du système de la santé publique dans de nombreux États bourgeois a fait du confinement la seule mesure possible capable de limiter la propagation du virus. Il est vrai que le degré du confinement et ses modalités ont varié d’un pays à l’autre, certains États refusant carrément de l’introduire. Mais l’économie dans l’ensemble s’est retrouvée bloquée, tout comme la consommation. Les monopoles capitalistes doivent faire face à des pertes énormes au niveau des profits et ils comptent bien le faire payer aux travailleurs en procédant aux licenciements massifs et en renforçant l’exploitation.

Le branche pétrolière reflète très bien cette crise aujourd’hui. La baisse historique de la demande de carburant pendant le confinement, pour une grande partie de la population du globe, a mis en difficulté les principaux producteurs de l’or noir. Les choses ne vont pas s’arranger pour ces monopoles avec les conséquences économiques de la crise sanitaire, alors que le virus est encore bien présent. Le pouvoir d’achat ne fera que diminuer chez le prolétariat. Il était déjà en baisse avant l’épidémie, et aujourd’hui la précarité et le chômage se propagent à une vitesse bien plus rapide que celle du Covid-19.

Les plus grandes puissances impérialistes productrices de pétrole doivent faire face à des stocks importants de cette matière première. Ces derniers mois, c’est dans le cadre de l’OPEP+ (l’organisation des pays exportateurs de pétrole élargie à quelques autres États non membres) que les discussions ont eu lieu afin de limiter la production et d’essayer de stabiliser le prix du baril. Fin avril, un premier accord a été atteint pour réduire de manière massive la production. Elle a diminué de 9,7 millions de barils par jour (près de 10% de la production mondiale) en mai et en juin. Une diminution historique, qui s’accompagne de mesures prises par plusieurs grands pays consommateurs, comme les États-Unis ou la Chine, d’augmenter leurs stocks. Réunis samedi 6 juin en visioconférence, les principaux pays exportateurs de pétrole se sont mis d’accord pour prolonger d’un mois l’accord obtenu fin avril de réduire fortement la production d’or noir.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre et dès le lendemain, les plus grandes entreprises pétrolières ont fait part de leur plans de suppressions de nombreux postes à travers le monde. Ainsi, on apprend que le plan drastique d’économies chez British Petroleum va supprimer 15 % de ses effectifs dans le monde. La compagnie pétrolière britannique, frappée par la crise, va supprimer 10 000 emplois dans le monde, mais n’a pas renoncé à verser des dividendes à ses actionnaires. Cette annonce fait suite à celles de l’américain Chevron, qui a prévu dès le mois d’avril le départ de 6 000 salariés (on peut imaginer qu’en juin, ce chiffre a pu être revu à la hausse). En France, Hutchinson, filiale de Total, va supprimer un millier d’emplois. La baisse de l’activité de ce groupe industriel spécialisé dans le caoutchouc pourrait entraîner le départ de 3 000 salariés dans le monde. Il ne fait pas de doute que les salariés de Total seront aussi directement concernés par ces licenciements et il faut s’attendre à des attaques massives contre les travailleurs et travailleuses sous forme de licenciements, de réduction du temps de travail et des salaires, d’augmentation des cadences, etc. Et tout cela sous prétexte de maintien de l’emploi malgré les aides permanentes des institutions de l’État français et de l’Union Européenne qui viennent étayer les finances d’un monopole pourrissant tel que Total. Ces quelques exemples reflètent la situation générale dans le secteur pétrolier et des nombreux travailleurs de celui-ci à travers le monde vont souffrir de ces plans d’économie. Le capital fait payer cette crise aux travailleurs, ce à quoi on pouvait s’attendre depuis longtemps.

Il ne s’agit pas de simples chiffres relayés par les médias bourgeois. Il s’agit de nombreuses vies humaines et de familles qui seront affectées par ce management réalisé dans les intérêts du grand capital. Ces personnes vont se retrouver sans emploi dans un contexte de crise où elles pourront difficilement retrouver un autre travail. Et cela concerne la plupart des secteurs économiques. Nous avons pu voir ces dernières semaines le mouvement social qui a pris de l’ampleur chez Renault. En effet, le secteur automobile, directement dépendant de celui de l’hydrocarbure, est aussi très affecté par la crise. 4600 emplois doivent être supprimés en France chez Renault, 15 000 dans le monde. La situation est semblable chez d’autre monopoles, notamment Nissan, société sœur de Renault. Ici aussi, les institutions d’État subventionnent grassement le capital pour qu’il licencie des travailleurs.

La crise économique couplée à la crise sanitaire (elle aussi fruit de la gestion capitaliste de la santé), fait déjà des dégâts énormes chez le prolétariat. Contrairement à ce que prétendent les principaux médias bourgeois, le Covid-19 n’est pas la seule cause de ces maux. L’idée véhiculée selon laquelle après la crise sanitaire tout sera comme avant montre déjà ces limites. Nous entrons à présent dans une longue période où les contradictions de classe vont s’aiguiser encore plus. Le grand capital fera tout pour compenser ses pertes et continuer à réaliser des profits sur le dos des travailleurs et de la jeunesse, en leur faisant supporter les conséquences de la crise économique et en mettant en danger leur vie pendant la crise sanitaire, qui n’est pas encore terminée, faut-il le rappeler.

L’industrie automobile et l’industrie pétrochimique font partie des principaux secteurs économiques et des piliers de l’économie mondiale et française. Ces domaines étant très fortement touchés, les conséquences se feront ressentir sur l’ensemble de l’économie. L’enjeu est déjà énorme pour la jeunesse, qui n’a plus d’avenir dans ce système qui met en danger sa santé, qui la plonge dans une précarité extrême, qui la prive d’emploi et de logement, qui l’exploite encore plus.

L’arrivée du virus en France a interrompu le mouvement social contre la réforme des retraites. Celui-ci, ayant duré de décembre à mars, était précédé par le mouvement des Gilets jaunes qui a duré près d’un an. Aujourd’hui, avec le renforcement de la crise, il faut reprendre la lutte pour l’ensemble de ces revendications et les lier aux nouveaux combats de classe qui arrivent, dans chaque secteur particulier et au niveau national et intersyndical. Les sites industriels et de la production sont directement touchés désormais, et l’organisation des travailleurs sur leurs lieux de travail et dans leurs syndicats est plus que jamais d’actualité.

Aujourd’hui plus que jamais, les capitalistes veulent nous faire payer la crise, qu’ils la paient eux-mêmes !
Refusons chaque licenciement, chaque diminution de temps de travail, chaque chantage des capitalistes sous prétexte du « maintien de l’emploi » !
Responsables de leur crise, les capitalistes n’hésitent pas à livrer un combat sans pitié contre la classe ouvrière, rendons-leur la pareille !

Taras