Il y a moins d’une semaine fut relayée dans le journal ultra-réactionnaire Valeurs Actuelles une lettre intitulée « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants ». Elle fut signée par plusieurs généraux à la retraite, des dizaines de hauts-gradés et plus d’un millier de militaires.
Le texte pointe les « hordes des banlieues » et « un certain anti-racisme » comme ennemis de la nation et appelle le gouvernement à prendre des mesures fortes contre ces dangers de l’intérieur, au risque d’une « guerre civile qui mettra un terme à ce chaos croissant ». À défaut, cela provoquerait une situation où les militaires actifs seront engagés dans « une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnels et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national ».
On ne saurait démasquer ici le discours de l’extrême-droite qui, tout au long de son histoire depuis le XIXe siècle, a toujours agité le chiffon nationaliste d’une menace intérieure. Dans les moments historiques de fortes contradictions entre le capital et le travail, mais aussi entre plusieurs fractions de la bourgeoisie monopoliste en France et à l’international, l’extrême-droite a toujours été une arme redoutable des propriétaires des moyens de production pour sauvegarder leur domination de classe. L’armée constitue un terreau favorable à l’implantation et au développement des idées de l’extrême-droite, recherchant l’ordre et la défense de la nation supérieure à tous les autres intérêts.
L’État bourgeois français a accru son processus de tournant autoritaire depuis plusieurs années et particulièrement depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Ses lois, toujours plus autoritaires voire fascisantes comme la loi sur le séparatisme ou encore la loi sécurité globale, ont accentué le processus de formation de factions regroupant les éléments les plus réactionnaires de la classe bourgeoise. L’armée se trouve dans leur sillage comme instrument de déploiement de la politique des monopoles et de l’État bourgeois dans le monde et, en ultime recourt, sur le territoire français. La réaction des militaires signataires du texte s’inscrit donc dans ce contexte, comme une tentative de réponse d’une partie ultra-réactionnaire de la bourgeoisie monopoliste face aux contradictions engendrées par d’autres fractions.
Comme les signataires l’ont indiqué, ils sont prêts à « à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation ». Publié un 21 avril, 60 ans après le putsch d’Alger par les généraux, ce texte honteux ne représente pas les intérêts du peuple-travailleur et sa jeunesse. Il n’y a rien à espérer de telles solutions, ni même dans la politique actuelle du gouvernement des monopoles qui poursuit la casse sociale, la division et la répression des travailleurs et des travailleuses. C’est dans nos luttes que nous trouverons des réponses à la crise actuelle, pas dans les bras de l’extrême-droite et de ses avatars armés !
Bross & Jim