La pandémie de Covid-19 et la nécessité de la vaccination comme issue à cette pandémie ont mis en exergue la méfiance d’une certaine partie de la population envers les vaccins. Cette méfiance va parfois plus loin, prenant la forme d’un véritable rejet des vaccins et de la vaccination. Les personnes porteuses de ce rejet sont communément appelées les “anti-vax”, pour « anti-vaccination ».
La science et l’histoire nous prouvent l’efficacité et l’utilité des vaccins à protéger les populations des maladies et à endiguer voire neutraliser les contaminations. Pourtant, ces faits n’empêchent pas le sentiment et le mouvement anti-vaccination de naître et de s’étendre. Une question se pose donc clairement : d’où viennent-ils ?
Lorsque l’on observe le sentiment et le mouvement anti-vaccination, ce sont principalement deux grandes causes qui ressortent presque toujours.
La première cause : l’absence de confiance envers les fabriquants de vaccins
Un fait incontestable nourrit grandement le sentiment anti-vaccination : celui que les vaccins sont inventés, produits et vendus par des monopoles pharmaceutiques, regroupés par certains sous le nom de “big pharma”. Pourquoi pourrait-on être méfiants envers eux ? Car ces mêmes monopoles pharmaceutiques ont pour seul objectif le profit plutôt que la santé et, de ce fait, voient dans le vaccin contre la Covid-19 non pas un moyen de vaincre la pandémie, mais une gigantesque source de profits. Ce fait est d’autant plus flagrant que les marges sur les vaccins vendus sont extrêmement élevées et que, malgré cela, ils n’hésitent pas à augmenter encore plus leurs prix1. Ainsi, comment faire confiance à des monopoles pharmaceutiques qui brevettent leurs vaccins et ne voient en eux qu’une source de profits ? Comment être tranquille lorsque nous mettons notre santé, notre vie, aux mains de monopoles pharmaceutiques qui nous considèrent comme des clients sources d’argent plutôt que comme des patients à soigner ? La méfiance, voire le sentiment anti-vaccination, née de ce fait paraît logique.
Aux côtés de cette première cause s’en trouve une seconde, tout aussi flagrante, mais plus polémique.
La seconde cause : la désinformation et le manque d’éducation scientifique
Lorsque l’on observe les dires et arguments des anti-vaccination, il est courant de voir qu’ils sont fondés sur des rumeurs, des informations erronées ou déformées, ou simplement sur un manque d’information.
De ce fait, on peut remarquer que beaucoup de pro-vaccination ont un comportement dédaigneux ou moqueur envers les anti-vaccination. Pourtant, face à l’ignorance, ne faut-il pas plutôt comprendre son origine et chercher à la résoudre ?
Or l’origine de l’ignorance sur les vaccins et la vaccination provient surtout de la défaillance du système éducatif et de l’accès à l’éducation et à la connaissance. Comment être un minimum éduqué et renseigné sur un sujet comme les vaccins, c’est-à-dire, comment avoir un minimum de connaissances en chimie et en biologie, lorsque ces matières s’évaporent de plus en plus des programmes scolaires ? Lorsqu’elles sont de plus en plus mal enseignées ? Lorsque le système éducatif lui-même est en constante dégradation ?
À cela s’ajoute également une autre cause : la division du travail, en particulier celle entre travail manuel et travail intellectuel. Pourquoi ? Car cette division du travail mène également à une division de l’accès aux connaissances : seuls ceux qui travaillent dans un certain domaine, généralement très spécifique, sont estimés légitimes à recevoir des connaissances dans ce domaine ; s’additionne à cela le manque de temps libre permettant de s’éduquer dans d’autres domaines que celui de son travail.
Deux causes nées d’une seule et même cause originelle
Après avoir observé ces deux causes, on peut se rendre compte qu’elles ont toutes deux la même origine : toutes deux sont dues au système capitaliste.
Quel rapport avec le capitalisme ? Pour la première cause, le rapport est assez flagrant et évident : les monopoles et leur soif de profits font partie des plus grands représentants du capitalisme ; le fait que les vaccins soient inventés et produits par des monopoles et pour les profits de ces monopoles est un phénomène on ne peut plus capitaliste.
En ce qui concerne la seconde cause, le rapport est un petit peu plus subtil mais tout aussi évident : la division extrêmement avancée du travail que nous connaissons est due au capitalisme, et notre système éducatif est soumis aux contraintes et aux désirs de ce capitalisme. De là découlent deux phénomènes :
– Le système éducatif n’est là que pour former de futurs travailleurs très spécialisés et à leur donner des connaissances spécifiques, et la présence grandissante du secteur privé dans le système éducatif ne fait que renforcer ce phénomène. De ce fait l’enseignement devient de moins en moins général et global, mais de plus en plus restreint et spécifique. À cela s’ajoute la casse des services publics de l’éducation et de l’enseignement supérieur, source d’une éducation et d’un enseignement de plus en plus médiocre.
– Un travailleur très spécialisé ne peut pas perdre de temps à, ou n’a simplement pas le temps pour, acquérir des connaissances qui ne sont pas liées à son domaine : ce serait du temps perdu à ne pas acquérir des connaissances spécifiques pour son travail, et donc à ne pas gagner de valeur pour son patron ainsi que pour le “marché du travail” où les spécialistes sont beaucoup plus recherchés que les généralistes.
Finalement, observer le mouvement anti-vaccination permet de révéler, ou plutôt de rappeler, un grand nombre de problèmes liés à notre société capitaliste. Or si ces problèmes, comme beaucoup d’autres, sont liés au capitalisme, alors la seule vraie solution est d’abattre le capitalisme. Abattre le système capitaliste et le remplacer par le système socialiste, c’est libérer tous les soignants et chercheurs des griffes du capitalisme : le secteur de la santé, avec lui l’invention et la production des vaccins, ne serait plus préoccupé et guidé par la recherche du profit mais par la recherche qui doit être sienne : celle de la prévention et de la guérison des maladies et des problèmes de santé ; c’est donner au système éducatif le rôle qui doit être sien : éduquer et enseigner de futurs travailleurs qui sont avant tout des êtres humains, tous dignes d’une éducation et d’un enseignement de qualité et d’un accès large et étendu à la connaissance ; c’est aller vers la disparition de la division du travail, permettant à tout un chacun d’utiliser pleinement toutes ses capacités et d’être libéré des contraintes de cette division, y compris celles concernant l’accès aux connaissances.
Le mouvement anti-vaccination se révèle être un des très nombreux symptômes du capitalisme, mettant en exergue son caractère obsolète. Or face à cette obsolescence , nous devons nous battre pour la modernité : le système socialiste.
Rox
1 “Covid : Pfizer et Moderna augmentent le prix de leurs vaccins en Europe”. lesechos.fr. Les Echos, 1er août 2021. Disponible sur : https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/covid-pfizer-et-moderna-augmentent-le-prix-de-leurs-vaccins-en-europe-1336262