Izly, méthode de paiement créée et adoptée par le CROUS en 2015, devient de plus en plus polémique. N’étant au départ qu’un moyen de paiement parmi tant d’autres pour le paiement des services du CROUS, Izly commence à devenir à véritable monopole et son utilisation devient de plus en plus imposée aux étudiants et étudiantes.
Les divers moyens de paiement alternatifs à Izly pour les services du CROUS, y compris les plus fondamentaux comme le paiement par carte bancaire ou par espèces, sont en effet progressivement interdits au profit de l’utilisation d’Izly. Les étudiants qui ne voudraient pas utiliser Izly devront ainsi payer plein pot les services du CROUS plutôt que de bénéficier des prix étudiants. Ainsi apprenons-nous, par exemple, qu’au CROUS de Lille, “En l’absence d’un compte Izly, votre repas vous sera facturé au tarif passager, soit 7,50€”. Ou encore pouvons-nous remercier le CROUS de Paris de nous préciser que “Izly, c’est la garantie de bénéficier de l’offre sociale dans les restaurants universitaires du Crous.”
Izly devient donc un véritable monopole au sein des services du CROUS. Mais en quoi, concrètement, cela poserait-il problème ?
Au-delà de la simple atteinte à la liberté de choix, le monopole d’Izly au sein du CROUS traduit une soumission de ce dernier au secteur privé et bancaire.
Izly est en effet une application propriété du deuxième plus grand groupe bancaire de France et deuxième plus grande institution bancaire coopérative mondiale, le groupe BPCE, qui réunit la Banque populaire et la Caisse d’épargne. Le “marché des étudiants”, secteur potentiellement très profitable, attire naturellement les grands groupes privés et bancaires, et le monopole d’Izly traduit clairement une intrusion du secteur bancaire privé au sein du CROUS et des services aux étudiants, intrusion non seulement acceptée mais également soutenue.
Mais avec la soumission du CROUS aux banques et au secteur privé apparaît également la précarisation des étudiants, puisque l’absence de compte et d’utilisation d’Izly force les étudiants à devoir payer les services du CROUS au prix maximum, ajouté au fait qu’Izly force ses utilisateurs à verser un minimum de 10€ sur leurs comptes, chose parfois difficile à faire pour certains étudiants pauvres et, ou, précaires.
De plus, même si la justice sanctionne ces pratiques, cela n’affecte pas vraiment le groupe BCPE et le CROUS qui ignorent ces décisions de justice, et ce sans conséquence apparente jusqu’à ce jour.
Izly n’est qu’un symptôme parmi tant d’autres de l’intrusion croissante des secteurs privé et bancaire au sein de secteurs aussi vitaux et essentiels que l’éducation, la recherche constante de profits par les capitalistes les amènenant naturellement à voir ces secteurs comme étant eux aussi des sources de profits à exploiter.
Face à ces phénomènes, notre devoir est de se lever et de s’y opposer. Jeunes, étudiants, travailleurs, combattons notre précarisation croissante et notre exploitation par les capitalistes ! Les capitalistes pensent que nous ne méritons pas une vie, un travail et une éducation dignes, montrons-leur qu’ils ont tort, et que c’est eux qui ne nous méritent pas !
Rox
À lire en complément de ce billet, le communiqué de presse de la Fédération Syndicale Étudiante (FSE) du 24 septembre 2021, disponible au lien suivant : https://www.facebook.com/FSE.natio/posts/4076122255849163