Retrait du Mali : la France déménage mais ne s’en va pas

Ce 17 février, le président Emmanuel Macron et ses alliés européens opérant dans le Sahel annonçaient leur décision de se retirer du Mali. Pour justifier ce départ est invoquée l’impossibilité pour Barkhane et la Task Force Takuba de continuer à soutenir les autorités maliennes dans leur combat contre les groupes terroristes de la région. Les autorités maliennes sont accusées par le président français d’être complaisantes avec ces groupes, voire sympathisantes de certaines de leurs actions. Répétant avec acharnement (un peu trop régulièrement pour que ce ne soit pas suspect) que le retrait n’a rien à voir avec le renforcement de la collaboration russo-malienne sur le territoire, Emmanuel Macron annonçait sur le même ton le renforcement de la présence française au Burkina et au Niger.

Selon la présidence de la République Française, ce repositionnement stratégique dans les pays voisins du Mali n’a pour objectif que de pouvoir continuer la lutte contre le terrorisme sans aucune entrave du pouvoir malien, qui rendrait la poursuite de ce but difficile. La direction à prendre pour les interventions françaises et européennes seront décidées sous l’égide de l’UE (Union Européenne) par leurs « partenaires africains », soigneusement choisis pour défendre les intérêts de l’UE et de l’élite africaine qui lui assure le pouvoir dans la région : principalement le G5 Sahel et la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest).

Dans les faits, ces intérêts ne résident pourtant pas dans la stabilité régionale et encore moins dans le recouvrement de la souveraineté de ces pays africains. En même temps qu’elle prend des mesures pour renforcer sa présence au Burkina, la France signe de nouveaux contrats sur le territoire et y étend son influence. Alors qu’elle désigne le Niger comme le prochain « cœur [des opérations militaires] » (dixit Emmanuel Macron), elle omet de préciser qu’il s’agit de l’un des pays de la région les plus riches en ressources et dans lequel la France a le plus de bases d’extraction ainsi que de nombreuses entreprises.

L’intervention française au Mali en cours depuis 2013 se solde par un échec cuisant concernant la lutte antiterroriste. Depuis 2016, le nombre d’attentats par an sur le territoire malien a atteint des sommets. Dans le même temps, la population malienne a subi des déplacements de population mais également des massacres, à la fois par les groupes terroristes et par les militaires français. Désormais que la France n’est plus en mesure d’assurer la sécurisation de ses approvisionnements provenant du Mali, en raison du manque de coopération de la junte malienne, de l’hostilité populaire grandissante et de la présence russe, elle décide de se rabattre sur le Burkina et à plus forte raison sur le Niger dans lequel elle possède déjà de nombreuses bases.

L’impérialisme français ne peut se résoudre à abandonner ses intérêts dans le Sahel, même si la concurrence y est rude. L’impérialisme se manifeste comme toujours par le pillage, l’asservissement et la guerre. Seule la destruction du régime capitaliste-impérialiste, dont l’État bourgeois est le défenseur, peut mener l’émancipation des peuples-travailleurs africains du joug des puissances qui les dominent.

Nevine