Le 1er mars 2022, l’ensemble des pays de l’Union Européenne (UE) se mettaient d’accord sur l’interdiction de la diffusion des chaînes de média russes Russia Today (RT) et Sputnik sur les territoires de l’Union. Ainsi selon Ursula Von der Leyen (Présidente de la Commission européenne), qui faisait référence à leur couverture du conflit armé en Ukraine, les médias en question « ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la division dans notre union ».
Cependant, aucune preuve n’a été avancée concernant le caractère mensonger des informations relayées par RT France ou Sputnik. Le mode de financement de ces médias (financés par le gouvernement russe) est souvent présenté comme justifiant toutes sortes de censures et ce bien avant le conflit armé en cours en Ukraine. L’Allemagne avait déjà procédé à des censures partielles ou complètes de la chaîne Youtube de RT Deutsch sans avoir donné aucune précision sur les raisons qui avaient motivé cet acte. En France, le Syndicat National des Journalistes a alerté plusieurs fois sur le traitement infligé par le gouvernement français à la chaîne RT France.
Le mode de financement suppose-t-il nécessairement une analyse biaisée voire des informations partiales ou mensongères ? Ce serait poser la question du traitement de la crise ukrainienne par les médias mainstream français, qui sont financés par l’État bourgeois ou par des milliardaires et des monopoles capitalistes, dont l’un des plus représentatifs assume profiter de « [ses] médias pour mener des combats civilisationnels » (propos de Vincent Bolloré).
Le mode de financement de la chaîne RT et de Sputnik n’est pas le seul grief de l’Union Européenne contre ces médias. Plus particulièrement, RT a été plusieurs fois mis en difficulté par la couverture libre et l’analyse alternative qu’il peut offrir de l’actualité. Pendant la crise des Gilets Jaunes dont il proposait une analyse neutre et parfois participative avec des membres du mouvement, le groupe avait vu son activité menacée par des reproches de plus en plus explicites du gouvernement (explicite sur sa volonté de censurer, pas sur les réelles motivations de ladite censure).
Il ne s’agit pas seulement d’une énième atteinte à la liberté de la presse mais d’une restriction quasi-totale de l’accès à l’information. Elle entraîne une uniformisation accrue des informations accessibles et des différentes analyses proposées, pour calquer l’information continue sur le point de vue occidental et anti-russe. Alors qu’ils se faisaient les chantres des libertés et de la libre information, les impérialistes occidentaux utilisent une fois de plus (comme avec Julian Assange mais aussi par le passé lors des Guerre Mondiales et la Guerre Froide avec la censure et la désinformation) la restriction et la contrainte, parce qu’ils ont bel et bien une responsabilité dans le conflit ukrainien depuis plusieurs années déjà.
Cette mesure de l’UE s’inscrit dans une dynamique de restrictions généralisées des libertés et des droits du peuple-travailleur. Elle essaye d’étouffer l’esprit critique du peuple-travailleur et de l’empêcher de s’interroger sur les causes réelles de la guerre, pour ainsi limiter leurs possibilités d’action pour la paix. En contrôlant les médias de la sorte, l’Union Européenne tente de dissimuler sa propre responsabilité et celle de l’OTAN dans le conflit armé.
L’UE tout comme l’OTAN sont des instruments de domination sur les peuples-travailleurs dont il faut sortir urgemment, par la voie de rupture révolutionnaire avec le capitalisme-impérialisme qui est la cause ultime des guerres et des conflits dans le monde.
Nevine