Avant toute campagne, il nous faut analyser ce qu’est l’Union européenne afin de reconnaître notre ennemi de classe pour construire le champ de lutte sur lequel nous agissons. L’Union européenne ne peut être considérée isolément du reste des rapports de production mondiaux, c’est-à-dire l’impérialisme.
Le PCRF et l’UJC considèrent que l’impérialisme ne se réduit pas à une attitude agressive ou moralement punissable de la part de tel ou tel État ou de tel ou tel monopole. L’impérialisme est le dernier stade de développement du capitalisme par la structuration de monopoles et cartels capitalistes dans le monde entier qui dominent entièrement le globe, c’est-à-dire ses matières premières et sa force de travail exploitée.
Que traduit l’Union européenne dans le cadre de l’impérialisme ? Tous les États sont les appareils de dictature de la classe dominante d’une société donnée. Ainsi l’appareil de l’Union européenne, structuré par l’alliance de nombres d’États capitalistes d’Europe, ne peut être autre chose que l’appareil de dictature des bourgeoisies nationales européennes.
L’Union européenne perfectionne son entente de brigands en col blanc pour laquelle l’État bourgeois français se fait grand promoteur. Depuis des années la politique européenne de l’État français est structurée vers le renforcement militaire de l’Union européenne et la création d’une armée européenne. Cette position centrale de l’État français dans l’Union européenne pousse au jour une contradiction motrice de cette alliance temporaire : en tant que première puissance militaire et seule puissance nucléaire européenne, l’État français peut largement prétendre à une position privilégiée et dominante dans la gestion et le commandement de cette force militaire européenne.
S’il y a une armée européenne, jamais elle ne sera l’outil de la défense collective des peuples mais l’outil collectif bourgeois sous domination française pour l’exploitation des peuples.
Ces conditions internationales ne peuvent être isolées des manœuvres bellicistes de l’État français et de ses monopoles. La multiplication par deux du budget militaire sous les mandats d’Emmanuel Macron se structure dans les stratégies connues de la bourgeoisie monopoliste française. Près de la moitié des 413 milliards d’euros octroyés par la loi de programmation militaire va à l’industrie de mort pour honorer des commandes d’armes et d’équipements militaires.
Toujours dans sa dynamique d’exploitation des peuples, l’État bourgeois français fait voir tout son appareil de violence pour réprimer le mouvement indépendantiste kanak en cours : GIGN, RAID et compagnies de CRS 8 y sont présentes ainsi que des milices caldoches armées. Loin encore une fois d’une structure d’amitié des peuples, l’Union européenne ne voit rien à redire de ce territoire occupé par l’État français dans le cadre d’une colonie de peuplement empêchant de fait toute indépendance d’avoir lieu dans un cadre légal.
En outre l’Union européenne ne peut en aucun cas effacer d’un revers de traité l’inégalité de développement des pays membres du fait de la concurrence violente et sans répit des monopoles et des bourgeoisies entre elles pour les parts de marchés et les sphères d’influences. Même si plusieurs bourgeoisies nationales s’allient pour des intérêts communs, la base de leurs accumulations du capital reste toujours nationale, sur la base de leurs monopoles nationaux et de leurs États propres.
La crise de 2008, qui frappa tous les peuples travailleurs engagés de force dans cette alliance européenne, n’a pas non plus été la même partout. Signalons les masses populaires grecques qui ont enduré bien davantage la crise et la misère que d’autres pays européens.
L’Union européenne, ne peut donc pas être un outil des masses populaires pour la paix et le socialisme. Mais si nous changeons de direction, est-il possible de limiter la casse ? Ici, nous examinons la position qui consiste à dire que la social-démocratie comme LFI ou le PCF serait un moindre mal.
D’abord, sommes-nous bien sûrs que la social-démocratie ne va pas nous trahir une énième fois comme elle est accoutumée à le faire tous les quatre matins lorsqu’elle est à la direction de l’appareil d’État ? Est-ce qu’elle ne l’a déjà pas fait ? Au PCRF et à l’UJC, nous ne plaçons aucune confiance et soutenons une large méfiance face à ces tribuns faussement populaires que sont les têtes de listes de LFI et du PCF.
Nous citerons comme exemple le plus récent Mathilde Panot qui appelle à la paix civile en Kanaky face aux émeutes provoquées par l’exaction législative du gouvernement. Cette position nous rappelle les tristes et coloniales positions de certaines centrales ouvrières réformistes lors des guerres d’Indochine puis d’Algérie.
Et même si ces personnalités bien trempées à gauche étaient sincères, la machine européenne n’est pas faite pour tourner au compte des masses populaires.
Face à cela, le PCRF et l’UJC mènent tout de même campagne autour du mot d’ordre suivant : pas une voix aux candidats du capitalisme ni de son aménagement !
Nous avons décidé de mener non pas une campagne électorale traditionnelle, mais une campagne active sur le fond pour démontrer et avancer l’analyse marxiste de l’État au travers de nos luttes et celles menées contre l’Union européenne, qui doivent se faire à partir de sujets quotidiens indissociables de la lutte pour le socialisme.
Le PCRF, dans une situation non-révolutionnaire comme aujourd’hui, dirige ses forces à la préparation du facteur subjectif indispensable qu’est le renforcement du parti. Alors nous mettons en place nombres d’initiatives comme celle-ci partout en France pour conscientiser les masses et lutter contre les pressions bourgeoises et opportunistes. Pour un parti communiste réellement révolutionnaire, les élections n’ont pas un caractère stratégique, c’est à dire le but de la guerre, mais un caractère tactique, c’est-à-dire une bataille dans notre guerre de classe.
Ainsi nous persistons au déploiement de notre campagne « Accusons le capitalisme » contre la vie chère, pour les libertés démocratiques, pour la paix, pour l’emploi et contre les fermetures d’entreprises, pour les droits des femmes, pour la santé, l’éducation et l’environnement.
Aussi, nous participons et lançons des luttes contre les diktats de l’Union européenne. Via le refus de ces diktats nous entendons donner la priorité à combattre la législation européenne néo-libérale que porte l’État français au quotidien, qui est loin d’être une victime asservie comme l’affirment certains politiques. Ainsi nous soutenons de toutes nos forces les luttes des marins-pêcheurs et des paysans-travailleurs contre les lois de misère de l’Union européenne. Nous soutenons les luttes contre les privatisations et la dérégulation du service public pour sa sauvegarde.
Enfin, demandons-nous une sortie immédiate de la France de l’UE ? Pas vraiment, car nous ne considérons pas que l’alternative véritable pour les masses populaires de France comme d’Europe serait de désengager son État bourgeois de cette alliance. En effet une France « indépendante » de l’UE ne règle en rien la contradiction entre le capital et le travail et son rapport d’exploitation. Bien davantage cette situation porterait à une tendance vers l’union sacrée pour l’État français qui se trouve être une grave erreur nocive.
Nous ne considérons pas que la rupture avec l’UE serait une étape avant la révolution, mais nous devons porter sa pleine dissolution comme celle de l’OTAN ou de la BCE via la stratégie révolutionnaire de la destruction du capitalisme et de ses États nationaux pour la construction du socialisme et la dictature du prolétariat vers le communisme.