
Cela fait désormais trois ans que l’invasion militaire du territoire ukrainien par la Russie a commencé. Derrière le prétexte d’une pseudo « dézanification » de l’Ukraine, la Russie souhaite renforcer les positions de sa propre bourgeoisie dans la région et mène cette guerre notamment pour le contrôle des ressource minérales et énergétiques mais aussi des routes de transport que permet l’Ukraine.
Cela fait aussi trois ans que la jeunesse populaire en France est bombardée d’une propagande visant à la faire soutenir l’État français et l’UE dans leur soutien militaire à l’Ukraine. Pour l’État français à lui seul, ce sont plusieurs milliards d’euros qui ont été dépensés dans le soutien militaire à l’Ukraine pour y assurer l’implantation des monopoles français après la guerre, comme Thalès, Dassault ou Enedis qui préparent déjà la “reconstruction” du pays et l’établissement de leurs infrastructures, avec tous les profits qu’ils pourront en tirer.
Nous et notre Parti avons toujours défendu qu’aucun des deux camps en présence ne représentait les intérêts de notre jeunesse, ni de notre classe, ni de toutes celles et ceux ayant intérêt à se libérer du capitalisme. Face à l’État français et à tous les partis et organisations en France qui souhaitent soumettre la jeunesse populaire et la classe travailleuse aux intérêts d’une bourgeoisie ou d’une autre et leur faire accepter la guerre impérialiste, nous défendons une position autonome de classe contre le capitalisme et l’impérialisme eux-mêmes.
Cette déclaration de l’ACE permet de revenir brièvement sur ces positions fondamentales et sur les récents développements de la guerre en Ukraine : sa nature, ses enjeux, les concurrences interimpérialistes qui s’y traduisent, les réponses à apporter.
Par cette déclaration, nous réitérons comme depuis toujours : pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes !
« La guerre qui a officiellement commencé il y a trois ans avec l’invasion russe de l’Ukraine se poursuit, faisant couler le sang de deux peuples qui ont vécu, combattu et prospéré ensemble sous l’URSS et qui souffrent maintenant sous le capitalisme, après la domination de la contre-révolution.
Ces développements confirment les positions de l’Action Communiste Européenne sur le caractère impérialiste de la guerre, qui a éclaté au milieu de l’intensification de la compétition et des contradictions entre les deux camps capitalistes en guerre.
Il est désormais plus clair qu’il y a trois ans qu’il ne s’agit pas seulement d’un conflit entre la Russie et l’Ukraine, mais d’un conflit étendu entre la bourgeoisie ukrainienne, les États-Unis, l’UE et l’OTAN d’une part, et la bourgeoisie russe et ses alliés d’autre part.
Il existe une forte tendance à l’internationalisation et à l’extension du conflit, avec la généralisation de la guerre économique et commerciale, l’utilisation de systèmes d’armes de plus en plus avancés et puissants, la menace des armes nucléaires, l’implication directe et indirecte d’un nombre croissant d’États aux côtés des parties belligérantes, et la fusion avec d’autres foyers de guerre où les mêmes puissances s’affrontent, comme au Moyen-Orient, dans le Pacifique, dans l’Arctique, en Afrique, etc.. La confrontation entre les États-Unis et la Chine occupe une place décisive dans la compétition internationale.
L’agressivité de l’OTAN s’accroît, tandis que de nouveaux pays l’ont rejointe au cours de ces trois années de guerre (Suède et Finlande). Sa présence en mer Baltique se renforce, les exercices militaires dans les Balkans se multiplient et des bases sont construites aux frontières avec la Russie et en Méditerranée orientale. Dans le même temps, l’augmentation des dépenses militaires des membres de l’OTAN semble bien supérieure à 2 %. En effet, on parle d’au moins 3 %, voire 5 % du PIB de chaque pays.
La militarisation de l’UE s’intensifie. Le rapport Draghi marque l’accélération de la transition vers une économie de guerre, tandis que le rapport Niinistö prévoit qu’au cours des sept prochaines années, l’UE devra consacrer près de 20 % de son budget aux préparatifs de guerre. Il est ouvertement question d’envoyer des troupes en Ukraine, soit sur les fronts de guerre, soit en tant que « garanties de sécurité », tandis que l’UE a déjà dépassé les États-Unis en ce qui concerne les livraisons d’armes à l’Ukraine.
D’autre part, les dépenses militaires de la Russie atteindront 6,3 % du PIB en 2025 et elle prévoit de consacrer 40 % de son budget national aux « besoins en matière de défense et de sécurité » en 2025.
Des deux côtés sont déployés de nouveaux systèmes d’armes plus destructeurs, tandis que la menace d’utiliser des armes nucléaires dans le conflit s’est accrue.
En outre, comme le déclarent avec provocation le secrétaire général de l’OTAN, M. Rutte, et les gouvernements bourgeois, on demande aux peuples de payer un prix plus lourd en réduisant considérablement les dépenses publiques déjà insuffisantes en matière de santé, de sécurité sociale, d’éducation et d’autres secteurs sociaux, afin de financer la guerre, qui n’est menée que dans l’intérêt et pour le profit des capitalistes. Dans le même temps, ils sont confrontés à un anticommunisme croissant, à la répression et à la restriction des droits et libertés démocratiques et syndicaux.
Tout processus de négociation pour un règlement prétendument « pacifique » de la guerre impérialiste en Ukraine entre les États-Unis et la Russie, comme la récente conversation téléphonique entre Trump et Poutine ou celles qui suivront, va à l’encontre des intérêts des peuples, car les causes réelles de la guerre ne seront pas touchées. En outre, les mouvements militaires et politico-diplomatiques, les plans et les discussions sur le « jour d’après » et la concurrence croissante pour le rôle que chaque puissance impérialiste y jouera confirment que, quels que soient les prétextes utilisés par les classes bourgeoises pour tromper les peuples, la cause profonde du conflit réside dans la concurrence entre les groupes monopolistes et les États capitalistes pour le contrôle des ressources naturelles, des voies de transport, des points d’appui géostratégiques et des parts de marché.
Aucune initiative politico-diplomatique ne permettra de mettre un terme effectif à une telle guerre. Tout compromis entre les camps bourgeois rivaux, même s’il est atteint, sera fragile et temporaire, comme les précédents, car les causes qui en sont à l’origine, à savoir l’exploitation capitaliste, la recherche du profit et la concurrence entre les monopoles, resteront intactes.
Nos partis mènent la lutte contre la guerre impérialiste, les classes bourgeoises, leurs aspirations et l’implication de leurs gouvernements dans cette guerre. Les peuples ne doivent pas attendre une « solution » venant des tables de négociations des impérialistes ou croire qu’il peut y avoir un capitalisme « pacifique ». Leur « paix » préparera toujours de nouvelles guerres et de nouveaux bains de sang. La sortie de la guerre impérialiste dans leur propre intérêt ne peut être donnée que par les peuples à travers le renforcement décisif de leur lutte, contre les bases étrangères et le déploiement d’unités et d’équipements militaires à l’extérieur des frontières, ainsi que contre les dépenses de guerre dans l’intérêt du capital, contre le capitalisme qui va de pair avec la guerre. Nous appelons à une lutte contre l’OTAN, l’UE et toutes les autres unions impérialistes et alliances capitalistes.
Nous mobilisons la classe ouvrière et les couches populaires pour exiger leurs droits et la satisfaction de leurs besoins, contre les politiques anti-peuple des gouvernements bourgeois, dont les objectifs sont servis par la guerre et d’autres moyens violents.
Nous luttons contre le chauvinisme, le nationalisme et le fascisme que le système capitaliste engendre. Nous promouvons la solidarité et l’amitié entre les peuples. Nous luttons pour que nos peuples ne choisissent pas un camp de la guerre contre l’autre, mais pour qu’ils se joignent vigoureusement à la lutte pour le renversement du système capitaliste, qui est la cause des guerres impérialistes, pour une société sans exploitation de l’homme par l’homme, qui puisse garantir la véritable paix, la sécurité et la prospérité des peuples, pour le socialisme. »
Intervention du PCRF à cette conférence de l’ACE à retrouver au lien suivant : https://pcrf-ic.fr/IMG/pdf/ace_interv_ace_pcrf_16fevrier2025_vdef.pdf