Cette année, le taux de réussite au baccalauréat a battu tous les records. D’après la note d’information de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance), le taux de réussite au bac général est de 98,4 % contre 91,2 % en 2019. Au bac technologique il est de 95,7 % contre 88,1 % en 2019. Enfin au bac professionnel il est de 90,7% contre 82,3 % en 2019. La tendance est à l’augmentation, d’autant plus qu’il y a une dizaine d’années ce taux de réussite était proche de 80% alors qu’aujourd’hui on atteint presque les 100% en bac général.
Il est vrai que le contexte de 2020 était spécial, à cause de l’épidémie du Covid-19 et de l’annulation des épreuves du bac au profit du contrôle continu. C’est d’autant plus significatif avec le contrôle continu où il faut avoir de bons résultats tout au long des études, tandis qu’avec les épreuves du bac il était possible de l’obtenir sans forcément avoir de bons résultats pendant l’année. Cela reflète aussi une hausse des résultats scolaires de manière générale.
Ce n’est pas la réussite en soi qui pose problème. Le fait est que les réformes successives dans l’enseignement depuis plusieurs années contribuent à alléger les programmes, voire à rendre certaines matières non obligatoires en proposant aux élèves des choix à faire dès le collège. Se crée ainsi une segmentation de classe de la population étudiante en modulant les programmes selon une orientation professionnelle pré-fabriquée par le ministère de l’éducation. Ainsi, l’enseignement fondamental perd de plus en plus de sa cohérence dans l’objectif de faire augmenter le taux de réussite pour la statistique. Une certaine idée de l’excellence, calquée sur les intérêts, les attitudes scolaires et les parcours des enfants de la bourgeoisie se banalise progressivement et les élèves des établissements des quartiers ou des banlieues sensibles ne peuvent plus aspirer à rejoindre les meilleures universités ou écoles après le bac – puisque de toute façon le taux de réussite général est élevé et ce sont ceux qui viennent du privé ou des établissements réputés qui prendront toujours les places. D’autre part, les contenus allégés dans l’enseignement secondaire provoquent un manque de préparation des élèves pour l’enseignement supérieur malgré de bons résultats, ce qui augmente le taux d’échec en licence. Là encore, ce sont les jeunes élèves et étudiants des couches les plus aisées qui seront avantagés, car ils ont la possibilité de s’offrir des cours particuliers, leurs établissements sont plus côtés et offrent des meilleures conditions d’études et de préparation aux écoles et universités. De l’autre côté, les jeunes forcés à prendre des voies professionnelles subiront le plus souvent des programmes abrutissants et rabaissés, dont l’objectif ne sera que de les former comme main-d’œuvre utile et soumise au capital.
Ce problème est renforcé par le système Parcoursup qui montre son inefficacité depuis plusieurs années. La rentrée prochaine risque d’être particulièrement difficile. Chaque automne on recense de nombreux cas d’élèves qui restent sans fac ou sans école quels que soient leurs résultats scolaires au lycée. Devant l’afflux de nouveaux bacheliers, plus que jamais nombreux cette année, le problème risque de s’amplifier.
La rentrée 2020 doit être le moment de créer une mobilisation de masse et unitaire contre la sélection et contre la politique de Macron en général. Il est vital que le système éducatif serve à une formation réelle et complète des jeunes, et non à gonfler les statistiques et à former au strict minimum les futurs travailleurs et travailleuses.
Taras