L’irresponsabilité de la gestion de la crise sanitaire

L’après-confinement et la sortie de la crise sanitaire en général sont marqués une fois de plus par l’irresponsabilité et l’incapacité du capitalisme de répondre aux besoins et au bien-être du peuple-travailleur et de sa jeunesse. La destruction progressive du secteur public de la santé, amorcée avec une violence de plus en plus affichée depuis trente ans, se ressent dans toute son ampleur. Des mesures comme la tarification à l’activité, mesurant les dépenses allouées aux établissements de santé par la productivité, ou encore la loi de financement de la sécurité sociale, utilisant le déficit provoqué de notre service de soins public pour réduire les dépenses, (lois dont le retrait est demandé par la majorité des syndicats depuis les années 2000) sont significatives d’un désastre qui s’annonce de plus en plus grand. Quels sont les conséquences concrètes de cette tentative des monopoles de s’approprier le secteur de la santé en démantelant le service public ?

Tout d’abord nous pouvons souligner l’inhumanité de ces mêmes monopoles en temps de crises. L’exemple phare, c’est le prix des masques chirurgicaux, passés en pleine crise de 0,05 à 0,95 euros l’unité. Dans l’ensemble des magasins, le prix de la boîte de 50 masques gravite autour de 30 euros. On comprend que le coût moyen pour une famille de travailleurs peut monter rapidement. Pour un ménage de quatre personnes, deux parents et deux enfants, il faut compter plusieurs boîtes par semaine et l’addition devient très salée à la fin du mois. De nombreuses enquêtes menés notamment par la CGT et l’INDECOSA et d’autres associations prouvent ce prix exorbitant. Nous avons ici l’exemple même que sous le capitalisme, la classe bourgeoise doit de tout temps rechercher à faire du profit, quel qu’en soit le prix humain.

Mais en dehors de cette recherche de profit, l’absence de régulation et de planification de l’économie pour les besoins réels de la population entraîne également de véritables chaos organisationnels. Le stock de masques, entre autres, en est la preuve. En 2009, un rapport sénatorial, notait que la France détenait 723 millions de masques FFP2. Selon Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, au plus fort de la crise, il n’en resterait aucun en stock. Reconstituer ce stock se fit ces derniers mois au prix d’une concurrence déchaînée entre monopoles, à savoir qui rapporterait le plus de profit de ce fiasco. Ainsi, nous avons pu voir se multiplier les situations les plus cyniques, comme par exemple le fait que des entreprises comme Cdiscount puissent vendre un total de 60 millions de masques tandis que dans certains hôpitaux il en manquait pour certains patients ou même que les masques fournis n’étaient pas aux normes. La raison en est encore une fois que la loi des profits prime avant tout sur la santé publique des travailleurs et des travailleuses.

A l’heure actuelle, nous observons finalement proliférer de nombreuses mesures fantômes et absurdes afin de masquer cet échec du capital. On observe très clairement que la gestion capitaliste est en contradiction totale avec une gestion efficace de la santé et des crises sanitaires. Il suffit de voir que les horaires au travail ne sont pas aménagés, ce qui a pour conséquences un entassement dans les transports aux heures de pointe et donc une augmentation du risque de propagation du virus. Aussi, la question du port du masque obligatoire fait débat, mais la mesure n’est jamais étendue et les choix politiques paraissent ici très ponctuels. D’autant plus que cela reste assez hasardeux, avec une tendance à l’autoritarisme et à l’arbitraire.

Tandis que le conseil scientifique préconise beaucoup de prudence face à la probabilité d’une deuxième vague à partir de l’automne, le capital ne peut que rechercher à faire du profit sur le peuple-travailleur et sa jeunesse quel qu’en soit le prix humain. La crise sanitaire confirme plus que jamais la nécessité d’organiser et de planifier l’économie par et pour les travailleurs et les travailleuses. Et c’est à nous de décider collectivement à la rentrée vers quel modèle de société nous voulons aller.

Bross