Des accusations de financement Lybien dans le cadre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en passant par les critiques dominantes du mouvement « Me Too », jusqu’à l’accusation de viol à l’encontre de Gerald Darmanin, dont les SMS récemment publiés semblent apporter de nouvelles preuves, nous retrouvons un argument utilisé continuellement à l’encontre d’individus ne faisant pas partie de l’appareil juridique mais désirant exprimer leurs opinions : Le droit à la présomption d’innocence. Mais que veut dire clairement la présomption d’innocence ? Officiellement, la loi française, dans le code de procédure pénal par exemple, nous dit : « Toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été établie. Les atteintes à sa présomption d’innocence sont prévenues, réparées et réprimées dans les conditions prévues par la loi. » Il semblerait tout à fait normal donc, que lorsque par exemple une organisation féministe comme « Nous toutes », proteste contre la nomination de Darmanin au poste de ministre de l’Intérieur en juillet 2020, l’organisation ne respecte pas cette loi. Après tout ne serait-ce pas une réaction émotionnelle, portant atteinte à un droit et une justice rationnelle que tous se doivent de respecter ? Le problème est qu’il suffit de regarder la réalité pour comprendre que finalement, l’argument de la présomption d’innocence, se révèle n’être qu’un outil de la classe dominante pour légitimer les crimes commis par ses membres.
Très simplement, où est la présomption d’innocence lorsque la police possède le droit de contrôler arbitrairement votre identité, comme elle le souhaite ou l’entend, selon ses propres critères ? Évidemment, la bourgeoisie nous répondra par ces textes, signifiant qu’officiellement, selon la loi du 10 août 1993, « l’identité de toute personne, quel que soit son comportement peut être contrôlée pour prévenir une atteinte à l’ordre public et notamment à la sécurité des personnes ou des biens. » Mais ici également les faits ne mentent pas. Le contrôle d’identité, et sa conséquence logique qu’est le profilage racial et politique (appelons un chat un chat), fut étudié depuis longtemps, et il est prouvé qu’il n’est qu’un moyen arbitraire de contrôler le peuple-travailleur dans l’espace public. Que cela soit un syndicaliste en manifestation, ou bien les minorités ethniques subissant encore un racisme institutionnel né de l’impérialisme français. Sur ce point, voir l’article en accès libre « Pratiques abusives du contrôle d’identité: réflexions pour vaincre l’arbitraire », publié le 25 janvier 2021 par Médiapart, où se trouve une liste non-exhaustive des multiples enquêtes et études prouvant la réalité du contrôle d’identité.
La justice et le droit, dans une société divisée en classes, n’est pas une idée abstraite appliquée à des individus tout aussi abstraits et uniformes. Elle est et restera un outil bien concret de la classe dominante, qu’elle peut manier à sa guise et selon ses objectifs. Au final, que veulent dire réellement ceux qui usent de la présomption d’innocence dans les événements cités plus haut ? Ils tentent de rappeler au mouvement social et à la masse des travailleurs : « Ne participez pas aux affaires du droit, ne manifestez pas votre opinion sur ce qu’il se passe dans nos tribunaux, laissez l’État et ses instruments décider seuls qui sont présumés innocents ou non. » Pour une justice populaire et réelle, mettant fin aux violences sexistes dont Gerald Darmanin est l’énième symptôme, au racisme inscrit dans la structure de l’État bourgeois, et à l’impunité d’une minorité de la population face à l’oppression et la répression de la majorité, construisons le socialisme.
Bross