La France au Sahel : une campagne impérialiste

Depuis 2013, la France assure sa présence militaire en Afrique, répondant initialement à l’appel du président du Mali pour prêter main forte à l’armée contre des groupes terroristes en expansion dans le pays. Dans ce contexte, la France a lancé l’opération Serval, au Mali, dans le but d’empêcher les terroristes de prendre Bamako, selon François Hollande, alors président de la République Française. Elle s’achève en juillet 2014 sans avoir atteint ses objectifs initiaux. Dans l’objectif annoncé de stabiliser la situation au Mali, mais également dans l’ensemble du Sahel, la France lance, à la suite de l’opération Serval, l’opération Barkhane, qui vise à lutter contre les terroristes présents au Sahel. En 2021, sept ans plus tard, cette opération est toujours en cours.

Cependant, elle n’a pas su empêcher la multiplication des attentats terroristes, en forte augmentation depuis 2016. Elle a en revanche contribué à des déplacements massifs et forcés de populations. L’année 2020 a été une année particulièrement meurtrière pour les civils de la région, tandis que plusieurs soldats français et du Sahel ont trouvé la mort durant les opérations militaires.

Pourtant, l’opération Barkhane bénéficie d’un budget qui lui est propre et qui n’est pas négligeable : elle représente à près de 1,4 milliards d’euros par an. Environ 5100 soldats français sont par ailleurs mobilisés dans ce cadre. C’est un échec relatif pour l’impérialisme français qui, malgré les moyens déployés, voit la situation se dégrader. Pourquoi la France poursuit-elle sa présence dans le Sahel ? Les monopoles veulent d’abord sécuriser leurs intérêts dans la région, qui est composée de territoires riches en de nombreuses ressources, parmi lesquelles nous pouvons citer le pétrole et l’uranium. À ce titre, il est intéressant de souligner que le plus grand nombre de bases militaires françaises ne se trouve pas directement au Mali, où elle intervenait à la base dans le cadre de l’opération Serval, mais dans le pays voisin, au Niger, qui possède le troisième plus riche gisement d’uranium au monde. Un autre élément intéressant pour l’impérialisme français réside dans le maintien d’une tutelle stricte sur l’Afrique, notamment par le biais d’une présence militaire accrue, permettant l’immixtion dans la situation politique des pays, conjuguée avec le maintien du franc CFA. Ce dernier est un carcan pour les pays africains et pour l’émancipation des peuples-travailleurs, qui se trouvent confrontés à la fois à la domination directe de l’impérialisme français mais aussi aux dirigeants locaux qui collaborent aux intérêts impérialistes.

Nous reconnaissons dans une telle campagne, menée par la France, l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, en ce qu’elle a pour but la protection des intérêts à l’international des monopoles français dans des pays étrangers qu’elle exploite. Cet objectif premier que la France n’avoue pas, est en partie responsable de la dégradation de la situation au Sahel, de la pérennisation des violences subies par les civils, et empêche une nouvelle fois l’Afrique d’acquérir une indépendance effective.

Nevine