L’Ukraine et l’impossibilité de la paix

Le conflit se jouant en Ukraine depuis la prise du pouvoir par ce qu’il convient d’appeler un coup d’État en 2014, d’une classe bourgeoise s’affirmant alliée à l’OTAN et l’UE, aidée et soutenue par des milices fascistes et néo-nazis (comme le régiment Azov par exemple, intégré à la garde nationale ukrainienne), a déclenché un conflit ouvert mettant à jour les contradictions latentes entre alliances impérialistes relatives de l’OTAN et de l’UE et la classe bourgeoise russe. Conflit se jouant sur le terrain militaire entre ce nouveau gouvernement et des séparatistes pro-russes, principalement dans l’est du pays. Le cœur du conflit se joue dans le Donbass, où a été proclamé la République populaire de Donetsk, tout comme le fut celle de Lougansk, soutenues de manière officieuse par l’État Russe. Depuis, de multiples cessez-le-feu et autres accords comme ceux du protocole de Minsk en 2015, ont été actés par les deux forces impérialistes intéressées dans ce conflit et le gouvernement de Kiev. Loin de promulguer une paix durable, les va-et-vient incessants entre escalades d’assauts et accords provisoires, sont surtout la preuve d’une contradiction inter-impérialiste de plus en plus déterminante au niveau européen, manifestant son caractère toujours plus antagoniste, chaque camp prenant le temps de peser les forces de l’autre.

Car effectivement, à l’heure actuelle, des mouvements militaires russes importants ont eu lieu à la frontière ukrainienne, le gouvernement de Kiev en appelant alors officiellement à l’OTAN pour son soutien en cas de conflit ouvert. La réponse de l’État américain ne s’est pas faite attendre, affirmant son soutien indéfectible. Quant à la bourgeoisie russe, celle-ci se défend d’une agression, tandis que dans le Donbass, les échanges de tirs ont repris avec une grande intensité depuis janvier 20211. Le risque d’une véritable guerre ouverte semble se rapprocher.

Rappelons que l’Ukraine est une position stratégique dans les contradictions inter-impérialistes. L’une des raisons fondamentales est sa position de couloir économique naturel, raison d’ailleurs de l’annexion de la Crimée par l’État Russe, permettant un accès facile sur la mer Noire par des ports comme Sébastopol et donc de transports de marchandises et de ressources vers le Moyen-Orient par exemple. Ce couloir, de façon terrestre, est également essentiel à l’importation du gaz russe, un de ces piliers en ressources énergétiques, transitant majoritairement par l’Ukraine.2

Depuis la défaite du bloc socialiste à l’est, la classe bourgeoise russe, et de l’autre côté l’UE et l’OTAN sont constamment dans une guerre de positions à l’est de l’Europe, affichant inévitablement son caractère ouvert lorsque le conflit est à l’avantage de l’une des forces en présence, renforçant ainsi militairement leurs positions (en témoigne en ce qui concerne l’OTAN, très récemment, l’opération defender- Europe 20213) et de s’assurer d’un contrôle économique par une plus vaste capacité de circulation et production des marchandises et ressources. Les alliances tactiques par ingérence entre d’un côté les classes bourgeoises monopolistes anciennes et de l’autre les formations réactionnaires ou même fascisantes de l’est, est une stratégie classique de la bourgeoisie, reprise avec d’autant plus d’intensité depuis le démantèlement contre-révolutionnaire de l’URSS.

Jouant sur les différentes ethnies ou cultures des pays de ces régions, les classes bourgeoises ont très bien su défaire le lent et patient travail de cohabitation puis d’unification des traditions et cultures qui eut lieu au sein de l’URSS, comme ce fut le cas dans de nombreuses autres républiques populaires socialistes. Ici, les populations russophones comme le nationalisme fascisant ukrainien sont les bases de fausse conscience sur lesquels les impérialismes tentent de fonder leurs soutiens et forces armées dans le conflit par exemple.

Les communistes ne doivent pas choisir entre les camps impérialistes, chaque Etat défend les intérêts de différentes fractions du capital. En revanche, il faut soutenir aussi bien les travailleurs du Donbass que ceux de l’Ukraine pour qu’ils s’organisent et se battent pour leur autodétermination et contre les politiques réactionnaires de leurs gouvernements respectifs, sur des bases de lutte de classes, avec la sortie du capitalisme pour objectif.

Dire non à la guerre, c’est dire non à l’impérialisme et oui à la révolution socialiste !

Bross

2Pour un exposé détaillé factuellement des intérêts matériels de l’État russe en Ukraine, s’intéresser à la section

  « L’interdépendance économique avec la Russie », dans cet article  : https://journals.openedition.org/echogeo/13976. Attention, cette analyse reste dans une grille d’analyse n’étant pas Marxiste-Léniniste, les sources sont à prendre factuellement.

3Justification de l’OTAN et détails factuels de l’opération ici : https://www.army.mil/article/244260/defender_europe_21_activities_begin_this_month_include_two_dozen_nations.