Plus d’un an après le début de la pandémie de Covid-19, le « monde d’après » révèle son visage d’horreur et de régressions. Le variant delta (anciennement nommé « indien ») continue de progresser en France métropolitaine. Au début de la semaine du 10 juillet, l’incidence sur tout le territoire métropolitain était de 29.5 cas pour 100.000 habitants, soit une progression de 50% au cours des sept jours précédents. L’incidence augmente plus particulièrement en Nouvelle-Aquitaine, dans les Pays de la Loire, en Bretagne, en Occitanie, en Corse, en l’Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le soir du 12 juillet à 20h, Emmanuel Macron a pris la parole et a notamment annoncé la vaccination obligatoire pour les personnels soignants, l’extension du pass sanitaire dès le 21 juillet pour les lieux de loisirs et de culture, puis dès début août pour les transports longue distance, les avions, les cafés, les restaurants, les hôpitaux et les maisons de retraite. Puis les tests PCR seront payants dès cet automne sauf prescription médicale. Comment le variant delta a-t-il conquis le territoire métropolitain en quelques semaines ? Même si elle est complexe, la réponse à cette question n’est en rien un mystère. Outre le fait que les contaminations à ce variant ont explosé à cause du processus de déconfinement, la continuation de la politique réactionnaire, antidémocratique, antisociale et multi-décennale de casse des services publics a été déterminante.
Malgré la pandémie de Covid-19, la casse de l’hôpital public continue. Ainsi le projet de fusion des hôpitaux Bichat et Beaujon pour l’implantation du futur Grand Hôpital Paris-Nord à Saint-Ouen, qui entrainerait la suppression de 400 lits et de 1000 postes selon les syndicats demandant l’abandon de ce projet au profit d’une rénovation des deux hôpitaux existants. Selon le secrétaire général de la CGT de l’hôpital Bichat Simon Chiaroni, « Le Covid-19 démontre le besoin de lits, surtout dans un bassin de vie en forte densification. » Lionel Falla, qui travaille en hospitalisation à domicile, déplore que « le personnel soignant a donné beaucoup de temps et d’investissement pendant la crise sanitaire [alors que] l’AP-HP nous laisse sur le carreau. » Des comités de défense pour les hôpitaux Bichat et Beaujon se sont constitués et organisent la lutte autour des revendications d’abandon du projet de fusion des 2 hôpitaux. Fin juin dernier, il y a également eu un projet de fermeture de 10 lits à l’hôpital de Ploërmel (Morbihan) dont 7 en chirurgie et 3 en médecine. Selon l’ancien chef de service de la maternité de Ploërmel Bernard Houillez, « Nous assistons à une diminution de l’offre de soin […]. Cette fermeture de lits va entraîner une diminution d’activité qui sera un prétexte, dans le futur, à une fermeture du site. » Le collectif santé du pays de Ploërmel a été créé en début d’année 2020 regroupant des citoyens, infirmiers, aides-soignants et ancien médecins du territoire « inquiets pour l’avenir de leur hôpital local » et organise la lutte pour le maintien du service public hospitalier. Selon un de ses membres, Alain Rault, des questions restent sans réponse et notamment « pourquoi supprimer des lits en chirurgie et médecine ? […] pourquoi ces décisions sont-elles prises sans concertation avec les personnels de l’hôpital ? La suppression de ces lits va-t-elle s’accompagner de suppressions de postes ? » Donc si, fort heureusement, la riposte des travailleurs s’organise, cette dernière ne s’attaque malheureusement pas frontalement à la politique réactionnaire et multi-décennale de casse du service public hospitalier et sanitaire, ni encore à son origine.
C’est le capitalisme qui constitue LE problème et non la solution. Mode de production fondé sur la propriété privée des moyens de production et d’échange et sur l’accroissement infini et interminable dans un environnement concurrentiel, ce dernier est totalement incompatible avec une gestion démocratique des services publics, notamment de la santé publique et de l’hôpital. D’autant plus que le capitalisme connait aujourd’hui une crise générale et systémique qui s’intensifie à mesure de son évolution et catalysée par la pandémie mondiale de Covid-19. L’accentuation de la baisse des profits et celle de ses contradictions le fragilisant, le capitalisme est toujours plus dépassé par la gestion de la pandémie aboutissant alors à une aggravation de la répression (dont les 135 euros d’amendes et le pass sanitaire notamment) et à un fétichisme de la vaccination présentée comme « l’arme ultime, seule et unique, contre la Covid-19. » Relatif à cela, la précarité, le chômage, la casse des salaires, des conditions de travail et de vie ainsi que la destruction des écosystèmes s’accentuent aussi. Pour les jeunes et les travailleurs seule la lutte paye, pas les élections ni les réformes. Aujourd’hui l’heure est à l’union entre le peuple travailleur et les jeunes dans la lutte pour faire reculer la bourgeoisie, et pour la renverser à terme.