Voilà plusieurs semaines maintenant que le gouvernement a introduit le “pass sanitaire”, un document certifiant la vaccination complète d’une personne à la Covid-19 ou son résultat négatif à un test PCR de moins de 72 heures.
Présenté comme une mesure permettant de faire face à la pandémie de Covid-19, ce pass sanitaire vient restreindre les libertés individuelles de la population entière dans la mesure où les personnes n’en disposant pas se voient être refusées d’entrer dans les bars, les restaurants, certains magasins, certains transports en commun, et encore bien d’autres lieux publics. Pire encore, alors même qu’on les qualifie de héros en ces temps de pandémie, les soignants ne disposant pas de pass sanitaire certifiant leur vaccination complète verront leur travail et leur salaire suspendus, et pourront même être licenciés sur motif d’absence de pass sanitaire.
Même s’il est important de prendre les mesures nécessaires pour protéger les populations lors d’épidémies et de pandémies, le pass sanitaire, qui se réclame en être une, traduit pourtant l’échec du gouvernement, et par extension du capitalisme, à gérer et régler efficacement la crise sanitaire en cours.
En quoi le pass sanitaire traduit-il cela ? Il démontre déjà qu’après un an et demi de pandémie et de crise sanitaire, le capitalisme est toujours contraint d’utiliser des mesures très autoritaires et restrictives. Alternant depuis le début entre renforcement et allégement des restrictions, préférant les décisions politiques aux décisions scientifiques, il se voit finalement contraint d’imposer une obligation vaccinale indirecte à l’ensemble de la population face à une pandémie et une crise sanitaire qu’il ne parvient pas à contrôler, en privant les non-vaccinés de leurs libertés individuelles, y compris la liberté d’aller et de venir, certains juristes allant pourtant jusqu’à la considérer comme étant pratiquement sacrée.
Pire encore, le pass sanitaire se révèle être également une mesure politique de laquelle les capitalistes cherchent à tirer des avantages.
De quelle manière ? Pour commencer, le pass sanitaire vient renforcer le fossé entre couches populaire, intermédiaire et aisée, bien évidemment au profit de cette dernière. Les chiffres montrent en effet que les personnes et foyers à faibles revenus sont beaucoup moins vaccinés que ceux à revenus moyens, eux-mêmes beaucoup moins vaccinés que ceux à revenus aisés. Ils montrent également que les habitants des quartiers populaires et des zones à faibles revenus ont un accès beaucoup plus restreint à la vaccination que les habitants des quartiers et zones aisées. La suppression de la gratuité du test PCR en septembre ne fera que renforcer la suppression des libertés individuelles des couches populaires et, dans une moindre mesure, des couches intermédiaires.1
Deuxièmement, le pass sanitaire a aussi pour but de servir les intérêts des monopoles pharmaceutiques occidentaux : il a par exemple été affirmé que la vaccination complète par un vaccin russe ou chinois, comme Sputnik V ou Sinovac-CoronaVac, ne pourra pas ouvrir à la délivrance du pass sanitaire. Pourtant, rien ne prouve que ces vaccins seraient moins efficaces que le vaccin étatsunien Spikevax de Moderna ou que le vaccin germano-étatsunien Comirnaty de Pfizer-BioNTech. Pourquoi donc une telle décision ? Simplement parce que la France et l’Union Européenne ont passé des contrats avec les monopoles pharmaceutiques Moderna, Pfizer et BioNTech, et il va dans l’intérêt à la fois des premiers et des seconds de forcer leurs populations non seulement à se faire vacciner, mais en plus à se faire vacciner par des vaccins produits spécifiquement par Moderna ou par Pfizer et BioNTech.
Le caractère politique du pass sanitaire ainsi que l’incompétence et les absurdités du capitalisme qu’il démontre est donc évident. Le pass sanitaire, tout comme les réformes des retraites et de l’assurance-chômage obscurcies par le pass sanitaire mais qui sont très loin d’avoir été abandonnées par le capitalisme et son gouvernement, est un symptôme du capitalisme et il doit être analysé, traité et combattu comme tel.
Nous ne voulons pas perdre nos libertés et nos emplois à cause de l’incompétence et des intérêts du capitalisme, nous ne voulons pas un accès aux soins et une vaccination discriminant selon les revenus et fondés sur les profits ! Nous voulons la gratuité des tests PCR et un plan de vaccination efficace et pensé pour tous, nous voulons une incitation vaccinale fondée sur la confiance, l’éducation et la transparence, pas sur la suppression des libertés, la répression et les profits !
Rox
1 L’image animée suivante du Parisien, fondée sur Paris, est un bel exemple du lien entre vaccination et revenus : https://cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/X24DG2NFNBEIPH72NRR6RTSR5M.gif