Tests payants : une attaque contre nos libertés fondamentales !

Le 13 octobre 2021 passait en Conseil des Ministres le projet de prolongation du régime de sortie de l’état d’urgence sanitaire. Prenant fin initialement le 15 novembre 2021, le projet présenté par le gouvernement propose de repousser cette échéance au 31 juillet 2022. Ce régime rend notamment possible l’utilisation du passe sanitaire comme moyen de contrôle de l’épidémie de Covid19, au même titre que d’autres mesures de privation de liberté. Le projet concernant sa prolongation sera examiné par les députés les 19 et 20 octobre 2021.

Dans le cadre du passe sanitaire, le 15 octobre 2021 entrait en vigueur la fin du remboursement des tests PCR et antigéniques dits « de confort », c’est-à-dire effectués en vue d’obtenir un passe sanitaire valide pour participer aux activités soumises à sa présentation (manger au restaurant, aller au cinéma, emprunter les transports pour des trajets dits « de longue distance »…). Les tests resteront remboursés par l’Assurance Maladie s’ils sont prescrits par un professionnel de santé habilité. Variant selon les endroits et les professionnels auprès de qui ils sont effectués, le coût des tests antigéniques restera aux alentours de 22 euros, tandis que celui des tests PCR montera jusqu’à 44 euros1. Par ailleurs les autotests réalisés sous la supervision d’un professionnel de santé ne seront plus reconnus comme preuves suffisantes à l’obtention du passe sanitaire.

Comme indiqué sur le site officiel de l’administration française, « il faudra donc payer pour obtenir un passe sanitaire valide ». Or l’objet même du passe sanitaire est d’avoir accès à certains droits fondamentaux (liberté de circuler, pour n’en citer qu’un). La réalité qui s’impose à nous, dans un pays où la vaccination n’est théoriquement pas obligatoire, est donc qu’il faudra payer pour accéder à certains droits fondamentaux.

Cette nouvelle mesure concerne en premier lieu les couches sociales les moins aisées. Elle suit en cela le chemin tracé par la vaccination obligatoire pour certains corps de métiers, qui avait poussé de nombreux travailleurs et travailleuses à se faire vacciner contre leur volonté dans le soucis de garder leur emploi. Certains se sont engagés dans une précarité certaine pour protester contre cette mesure. Pour un budget restreint, après avoir dépensé une vingtaine d’euros pour un test antigénique, difficile d’avoir de quoi payer une séance de cinéma ou une visite au musée, sans même parler d’un billet de train pour un trajet dit « longue distance » (intercités, TGV). Pour un budget encore plus faible, c’est tout simplement impossible. Impossible aussi, conséquemment, de partir voir un proche qui habite loin, ou même de se détendre au café : dans ce cas-là, on payerait le droit d’aller au café dix à quinze fois plus cher que le café lui-même.

Le caractère coercitif de cette incitation ne s’impose donc pas à tous de la même manière. C’est par ailleurs sur la base de cette impossibilité pour la majorité des Français de se payer le luxe de tests fréquents que compte le gouvernement pour amener l’ensemble de la population à être vaccinée.

Le gouvernement ne veut et ne peut pas revenir sur sa logique, à moins de mettre en péril non seulement sa crédibilité mais également sa légitimité, déjà en branle avec les mouvements sociaux et les échéances électorales de 2022. Pour cela, il justifie depuis le mois d’août un nombre important de mesures liberticides, par le fait que seul le vaccin pourrait stopper l’épidémie, et il infantilise le peuple-travailleur par des contraintes et des incitations dans les médias et les espaces publics (affiches, publicités) en faveur de la vaccination. La propagande bourgeoise, à travers ses médias usuels, renvoie cette image d’un vaccin qui serait en lui-même la solution.

Qu’en est-il des pandémies à venir ? Depuis de nombreuses années, il est admis dans la sphère scientifique que les pandémies sont amenées à se multiplier en raison de l’extrême mobilité humaine actuelle et de la destruction des écosystèmes. En se cachant derrière le vaccin, non seulement le gouvernement Castex mais l’État bourgeois français dans son entièreté cherchent à faire oublier qu’ils sont intrinsèquement incapables de gérer de telles situations. Ces dernières demandent une bonne organisation du système de santé, incluant des moyens humains et financiers importants, mais également des stratégies sur le long terme (investissement dans la recherche, stocks disponibles en continu…). Cela va à l’encontre de l’intérêt de la classe bourgeoise qui cherche la rentabilité dans tous les domaines, ce qui la pousse à couper les budgets des hôpitaux publics par exemple. De plus, elle préfère des stratégies à court terme, stratégies qui montrent régulièrement leurs faiblesses, comme l’a montré la hausse du prix du gaz en Europe, en partie causée par les conflits inter-impérialistes et le refus des puissances européennes de s’engager dans des contrats à long terme avec la Russie.

L’État bourgeois français n’est pas capable de faire face aux crises à venir, c’est ce que la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 nous a montré. À mesure que monte la colère légitime du peuple-travailleur, la bourgeoisie n’a pas d’autres solutions que de nous priver de nos libertés et de nos droits fondamentaux, et ainsi user de la force et de la coercition pour maintenir sa domination de classe. Il s’agit du point où les intérêts du peuple-travailleur et ceux de la classe dominante sont le plus visiblement en contradiction. La résolution de cette contradiction ne peut s’obtenir qu’en brisant la machine d’État et en réorganisant la société autour des intérêts du peuple travailleur.

Nevine