Guinée, Mali et les conflits au Sahel : un point sur la situation impérialiste

L’année dernière, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), dirigeant officiel de la Françafrique, fut destitué par un coup d’État militaire et l’instauration d’un gouvernement de coalition sous la direction des soldats. Cette année, c’est au tour de la Guinée de connaître la même situation, où Alpha Condé fut forcé de quitter le pouvoir suite à la même stratégie de militaires guinéens.

Pourquoi ces deux hommes furent des dirigeants officiels de la Françafrique ? Prenons le cas de la Guinée. Deuxième producteur mondial de bauxite, matière première nécessaire à l’aluminium, l’État sous Condé à plus que triplé ses exportations (passant de 16 millions de tonnes en 2013 à 88 millions de tonnes en 2020 )1, les alignant majoritairement sur les intérêts de monopoles français. Alors que le niveau de vie des travailleurs Guinéens stagne complètement, le profit engendré par cette capitalisation ne leur revient bien évidemment pas. Mais peu à peu, c’est l’État chinois qui tenta au cours des dernières années de récupérer des intérêts sur la bauxite, comme le montre l’implantation de consortium à Boké2. Les classes dominantes françaises espéraient donc peu à peu se débarrasser d’Alpha Condé devenu trop instable, c’est le coup d’état militaire qui finalement redistribue les cartes. Que peut-il donc maintenant arriver ? Toute la tension se concentre dans les jeux d’alliances entre les gouvernements militaires, les fronts populaires nationaux respectifs qui y participent et les autres puissances internationales en jeux.

Revenons maintenant au Mali : récemment, le gouvernement à décidé en accord avec l’État russe un envoi de 1000 para-militaires en passant par le groupe Wagner, afin de recevoir l’aide nécessaire à organiser la situation locale3. L’État français a condamné cette action, ne désirant bien évidemment pas que le capital russe fasse une quelconque incursion dans le théâtre des opérations du Sahel, resté aux mains des monopoles français sous l’égide de la fameuse opération Barkhane.

Trouver un compromis pour ces gouvernements populaires afin de préserver une indépendance économique et militaire, sans pour autant réinstaller des dirigeants fantoches comme Condé et IBK, tel est l’enjeu principal des prochains mois dans ces deux pays, enjeu qui ne va cesser de devenir toujours plus explosifs.

Bross


1https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/27/en-guinee-la-malediction-de-la-bauxite_6096154_3212.html

2https://www.africaintelligence.fr/industrie-miniere/2020/11/12/boke-outrage-mais-boke-libere-de-la-bauxite-grace-a-la-route-d-henan-chine,109619587-art

3https://www.letemps.ch/monde/wagner-un-epouvantail-russe-sahel