Malgré l’émergence du « monde d’après », les luttes se déconfinent bon gré mal gré. C’est ce qui se passe clairement aujourd’hui pour les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH). Face à la précarité de leur profession ainsi que de leurs conditions de travail, ils ont organisé massivement la riposte avec des mobilisations à l’échelle nationale les 19 et 25 octobre derniers dans plusieurs villes. Ces mobilisations ont parfois reçu des soutiens actifs et inconditionnels, comme à Saint-Girons (09) le 25 octobre dernier lors de leur seconde journée nationale de grève, pour « éveiller les consciences à l’insupportable situation de précarité dans laquelle ces personnels indispensables à l’école inclusive se trouvent. » Pour bien comprendre l’importance des mobilisations nationales des AESH, il faut présenter à la fois leur travail et leur rôle dans le système éducatif.
Un AESH est un professionnel qui, dans le cadre d’une institution éducative, s’occupe de l’intégration et de l’accompagnement scolaire d’un élève en situation de handicap. Ces professionnels sont fondamentaux dans l’accès à l’éducation pour tous, mais font face à la précarité de leur métier et à un manque criant de formation et de reconnaissance. Le salaire moyen d’un AESH est compris entre 750 et 800 euros mensuels pour 24 heures hebdomadaires. Le temps partiel imposé y est une norme. La formation initiale des AESH n’est que de 60 heures et ces derniers apprennent donc le métier sur le tas. De plus, leur évolution de carrière est misérable. Ces professionnels sont des agents contractuels de l’Éducation nationale et non des fonctionnaires, contribuant à précariser leur profession et en disant long sur la considération portée. Soulignant la « faible attractivité du métier » en résultant, Marion Aubry, vice-présidente de l’association TouPI, constate une « situation de pénurie » des AESH. Car, malheureusement, leur nombre est largement insuffisant par rapport aux besoins. Il y a 125 500 AESH depuis la rentrée 2021 alors que 400 000 élèves en situation de handicap sont scolarisés. Malgré l’établissement d’une grille indiciaire rénovée pour les rémunérations et l’annonce sur la création de 4000 nouveaux postes pour la rentrée 2022, tous cela reste très insuffisant. Pour résoudre une partie des difficultés, l’Éducation nationale a mis en place des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) en 2019, pour mieux coordonner les interventions des AESH. Cependant, ils se révèlent être des administrations bureaucratiques, inefficaces et délétères. Ainsi, ces professionnels ont vu le nombre d’élèves à accompagner augmenter, leurs lieux de travail se démultiplier et leurs temps de trajet s’accroître. Les élèves concernés en subissent les conséquences, car certains perdent des heures d’accompagnement et que d’autres attendent un accompagnement faute de personnels.
Ces conditions précaires pour les AESH démontrent encore une fois que le droit à l’éducation pour tous est un mythe sous le capitalisme. Les conditions précaires des AESH sont à contextualiser dans la politique de casse des services publics menée depuis plusieurs décennies et notamment pour l’Éducation nationale : assouplissement de la carte scolaire, casse des programmes, croissance de l’enseignement privé, reforme du baccalauréat… Au détriment de la jeunesse travailleuse et étudiante, l’école devient une institution soumise aux exigences de la bourgeoisie monopoliste, de formation, dès le plus jeune âge, d’une main-d’oeuvre bon marché et malléable à merci selon les besoins du grand capital. C’est une conséquence de l’aggravation de la crise générale du capitalisme et du parasitisme de ce mode de production. Le combat pour une école inclusive ainsi qu’émancipatrice et épanouissante pour tous fait partie intégrante du combat de classe des travailleurs et des travailleuses contre le capitalisme et pour le socialisme-communisme, et le combat des AESH y tient une place centrale. L’Union de la Jeunesse Communiste (UJC) manifeste son soutien inconditionnel au combat des AESH et appelle les jeunes travailleurs, étudiants et lycéens à unir leur lutte avec celle des AESH.
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