Crise en Guadeloupe : le fruit d’une politique destructrice

En Guadeloupe, l’obligation vaccinale des soignants combinée à la prolongation du passe sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022 a été à l’origine de mobilisations populaires. Celles-ci font suite à l’appel à la grève générale d’un collectif d’organisations syndicales. Courant novembre, le mouvement a pris une tournure plus concrète : des barrages furent montés, des violences urbaines ont éclaté, notamment la nuit. En réponse à ces actions, la préfecture a pris la décision d’instaurer un couvre-feu, ce qui n’a pas suffi à endiguer le mouvement. Le président de la République et le gouvernement ont alors choisi d’envoyer des renforts pour les forces de l’ordre en Guadeloupe, notamment des membres du GIGN et du RAID.

Ce qui est présenté par de nombreux médias et par le gouvernement comme une opposition à l’obligation vaccinale des soignants ne se résume pourtant pas à cela. Le fort sentiment d’être laissé pour compte par la métropole française et le gouvernement français est principalement à l’origine de cette explosion de contestations et ne se limite pas à la Guadeloupe mais peut s’observer dans de nombreux Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM).

La Guadeloupe est délaissée financièrement : on compte environ 60 euros de différence entre la somme moyenne d’investissement de l’État par habitant en outre mer et en métropole, alors même que les produits alimentaires sont nettement plus chers en Guadeloupe. Cette dernière est également sous-dotée en terme d’infrastructures et fortement touchée par le chômage. Depuis plusieurs années, une crise sociale et politique est latente et ce qui ne se résume pas à un manque d’intégration mais bien à une marginalisation du territoire ne peut être ignoré par les Guadeloupéens. Ces derniers n’ont d’autre choix pour se faire entendre que la contestation, parfois violente, de la politique que l’État bourgeois français mène à leur encontre.

La réponse de l’État français à l’expression de ce malaise, par la répression et par le déni des raisons sociales qui l’ont motivée, prouve qu’il refuse d’office de remettre en question sa politique néo-coloniale dans les DROM de façon générale (la Martinique rencontre actuellement le même genre de mouvement et y trouve sensiblement la même réponse). Les travailleuses et les travailleurs de ces territoires sont de fait considérés comme des citoyens de seconde zone et l’État français est déterminé à maintenir les intérêts économiques des monopoles. Ceci quoi qu’il en coûte aux populations. Le peuple-travailleur voit, encore une fois, sa liberté et son intégrité bafoués par l’impérialisme en même temps que ses revendications sont réprimés par l’État bourgeois.

Nevine