Il n’aura échappé à personne qu’Éric Zemmour, encore simple journaliste et chroniqueur de télévision il y a quelques mois, occupe maintenant une place proéminente au sein des paysages médiatique et politique français. Pourtant, l’ascension fulgurante de ce simple polémiste, encore il y a peu simplement connu pour ses phrases chocs et ses propos réactionnaires, est finalement loin d’être surprenante.
En effet, c’est sûrement la médiatisation croissante de ce personnage qui a joué un des rôles les plus importants dans cette ascension, en particulier sa médiatisation sur les grandes chaînes d’information en continu françaises : BFMTV, LCI et CNews. Pourquoi une telle médiatisation pour un tel personnage ?
La première chose à se rappeler, c’est que ces grandes chaînes d’information sont toutes possédées par de riches milliardaires et hommes d’affaires : la famille Bolloré pour CNews, la famille Bouygues pour LCI et Patrick Drahi pour BFMTV. Dit clairement, ces médias sont les médias de la grande bourgeoisie. Or, avec l’aggravation de la crise du capitalisme que l’on connait actuellement, les méthodes les plus “radicales” et les plus réactionnaires apparaissent de plus en plus à cette bourgeoisie comme des options viables pour sortir de cette crise, et l’histoire nous montre bien que la bourgeoisie a toujours considéré ces options pour résoudre les grandes crises.
Ainsi, qui de mieux qu’un personnage médiatique, et qui plus est très politique, qui non seulement partage et diffuse déjà ces idées, mais qui est également déjà assez populaire depuis de nombreuses années ? Il suffit seulement, progressivement, d’augmenter directement ou indirectement son temps de présence à l’antenne : multiplication des interventions médiatiques et des participations aux “débats” télévisés, création de nouvelles émissions dédiées, traitement croissant de l’individu et de ses propos dans diverses émissions… Les exemples ne manquent pas.
Finalement, et de façon peu surprenante, “l’incompréhensible phénomène Zemmour”, comme pourraient le dire ces mêmes médias, est apparu. Un phénomène où un réactionnaire accumulant les adjectifs en -iste et en -phobe, poussé par les médias de la bourgeoisie, est passé de simple polémiste à potentiel candidat à la présidence en l’espace d’une année.
Zemmour est un véritable représentant de cette extrême droite décomplexée qui, elle, ne cherche pas du tout à se “dédiaboliser” mais, au contraire, assume pleinement ses idées et ses convictions réactionnaires. Une extrême droite que la bourgeoisie perçoit désormais comme une option viable pour régler la crise. Loin d’être un phénomène incompréhensible, l’ascension de Zemmour n’est finalement qu’un symptôme de la crise économique et politique que connait actuellement le capitalisme en France.
Rox