Mardi 11 octobre, la première ministre Elizabeth Borne annonçait que l’État, par l’entremise des préfectures et de leur police, assurerait la réquisition nécessaire afin de forcer au travail les 6 raffineries TotalEnergies et Esso encore en grève sur les 8 que compte le pays.
Cette grève, engagée depuis deux semaines maintenant, vise notamment une revalorisation des salaires. Un pompiste Total est en effet payé 1282 euros par mois, tandis qu’un opérateur de raffinerie gagne autour de 2500 euros par mois, jusqu’à 3000 euros par mois maximum pour les postes en raffinerie aux plus hautes qualifications. En outre, tous les ouvriers et employés des raffineries subissent des cadences épuisantes avec du travail de nuit et du travail pendant les week-ends et les jours fériés. Leur environnement de travail est également très dangereux, étant constamment entourés de produits nocifs, cancérigènes, voire mortels, avec les risques constants que cela implique.
Très loin donc du « travail privilégié » que nous présentent les opposants à ces grèves. Et le « salaire moyen de 5000 euros » à TotalEnergies qui nous est présenté est évidemment gonflé par les revenus des cadres et du PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, qui n’ont aucune idée de ce qu’est réellement le travail en raffinerie. Notons également que ledit Patrick Pouyanné, s’il refuse d’augmenter les salaires de ses salariés, ne s’était pas gêné de verser un acompte exceptionnel sur les dividendes à ses actionnaires, « souhaitant partager avec ses actionnaires les résultats de la compagnie dans ce contexte des prix hauts ».
C’est donc une minorité de bourgeois qui se fait des profits au détriment des travailleurs. Rappelons que les profits des capitalistes trouvent leur source dans le travail : c’est une partie du travail non payé. Les 10,6 milliards engrangés par TotalEnergies au premier semestre de 2022 se sont faits sur le dos des travailleurs, qui ne demandent qu’à être augmentés de 10 % face à l’inflation et pour le partage des richesses.
Quant à la « réquisition » ordonnée par Elizabeth Borne, il ne s’agit ni plus ni moins d’une tentative de briser les grèves par la force sous prétexte d’ordre public. Les textes prévoient en effet que « tout bien ou service » et surtout « toute personne » peuvent être réquisitionnés par les préfets, bien sûr avec l’aide de la police. Le gouvernement prévoit donc effectivement de forcer au moins une partie des grévistes au travail, avec l’usage de la contrainte physique si nécessaire. Lorsque l’État saute le pas d’imposer par la force un travail au vu des « besoins de la nation », cela ne fait que prouver que la dictature du capital n’est pas une image, ni une métaphore, mais est bien réelle et palpable.
Enfin, rappelons sur une dernière note que TotalEnergies, qui se targue de vertus démocratiques face à des grévistes qui empêcheraient le pays de fonctionner, est célèbre pour son irrespect de notre environnement et leur participation aux désastres écologiques causés par la bourgeoisie monopoliste. On sait en effet que l’entreprise fut consciente dès 1972 du danger climatique qu’elle provoquait et qu’elle l’a sciemment ignoré. Nous invitons également à visionner à nouveau les extraits où les membres de l’assemblée générale de l’entreprise, bloqués par des militants écologistes, leur avaient intimé qu’ils « pouvaient aller crever ».
L’Union de la Jeunesse Communiste (UJC) apporte son soutien entier aux travailleurs et aux travailleuses en grève dans les raffineries. Nous apportons notre soutien aux secteurs qui se joignent progressivement au mouvement et nous appelons à continuer à étendre les luttes dans tous les lieux de travail et d’étude, à rejoindre la grève et les manifestations du 18 octobre et au-delà.
Rejoignons les luttes et construisons une contre-offensive qui nous permettra de gagner le droit à une vie décente, contre la vie chère et contre nos exploiteurs capitalistes ! On a un monde à gagner, organisons notre colère !