Sport et capitalisme

Article paru dans notre dernier numéro de La Relève (janvier-mars 2023), à retrouver au lien suivant : https://www.unionjc.fr/…/16/la-releve-janvier-mars-2023/

Ce n’est maintenant plus un secret pour personne, le sport aujourd’hui, par son processus d’institutionnalisation a embrassé les valeurs capitalistes. Ainsi les trois dernières coupes du monde de football posaient déjà de nombreux soucis éthiques, et notamment la dernière où l’on apprit que de nombreux travailleurs non déclarés étaient venus afin de construire les enceintes pouvant accueillir joueurs et spectateurs.


Il semble que le football a un statut particulièrement développé en ce sens, tant les joueurs de foot obtiennent une très grande notoriété, participent à de gros contrats publicitaires, et autres marchandisations. Les salaires de ces derniers atteignent des hautes sommes, sans compter alors tout le marchandisage autour. Tout le monde se souvient des accords de Zidane avec le groupe Leader Price, de son rôle dans le film sur Astérix et Obélix, plus récemment l’apparition de l’international suédois Zlatan Ibrahimović dans le dernier volet de la saga inspirée de la bande dessinée. Enfin, des sportifs comme Roger Federer, Floyd Mayweather ou encore Cristiano Ronaldo atteignent une fortune d’un demi-milliard à plus d’un milliard d’euros. Les sportifs ne sont que le miroir des institutions qu’ils représentent, tandis que ceux qui les produisent participent à la machine et n’en sont pas moins valorisés et payés.


Aussi, tous les sports ne sont pas égaux et ne produisent pas autant d’argent et de rendement, mais tous, dans un effort de professionnalisation, tendent toujours alors à vouloir s’institutionnaliser par le prisme capitaliste. Le sport par son institutionnalisation capitaliste produit des processus de rationalisation qui passent par une institution hiérarchique, mais aussi par une rationalisation de la vie des acteurs principaux (entraînement, nutrition, rythme de vie, etc.)


Par ailleurs, le sport est aussi pratiqué de manière amatrice dans des clubs ou associations, et sur certains points se rapprochent des institutions professionnelles, même s’ils ne sont pas pratiqués et portés médiatiquement de manière égale. Suivant sa classe sociale, nous avons alors une pratique sportive différente dans le sens que l’on y donne, mais aussi du sport en question. Ainsi, le football et le rugby sont des sports pratiqués davantage par les couches sociales populaires tandis que le golf ou le tennis sont pratiqués davantage par les couches sociales aisées. C’est pourquoi les courants marxistes, s’ils condamnent et critiquent fermement les institutions sportives et leurs valeurs capitalistes, n’en demeurent pas moins conscients du rôle sociabilisant du sport. Ainsi, le début du 20ème siècle voit naître en 1908 la FSAS (Fédération sportive athlétique socialiste), ou encore en 1920 le UIEPST (l’Union internationale d’éducation physique et de sport travailliste). Ces organisations sportives ont alors pour but d’être une sorte de courroie de transmission, permettant de mettre en lien le sport et la pratique militante ouvrière. L’idée est alors à l’époque de produire un militantisme qui se structure autour du refus de la militarisation de la jeunesse, de la défense de l’URSS, de la lutte contre le capitalisme, de la promotion de l’internationalisme et d’une dénonciation du colonialisme.