Interview : Quenthin, jeune travailleur apprenti en BTS

Article paru dans le dernier numéro de notre journal La Relève (avril-juin 2023) à retrouver au lien suivant : https://www.unionjc.fr/2023/07/03/la-releve-avril-juin-2023/

Je suis apprenti en BTS (Brevet de Technicien Supérieur) chez Spitzer depuis août 2021. Mes débuts sont classiques. Tout d’abord, une présentation des ateliers, puis très vite, j’ai commencé à produire. Malheureusement, le manque de formation de l’entreprise et son manque de sérieux, fait qu’à bientôt deux années de boîte, les examens approchant, je dois réviser et finaliser les dossiers de fin d’année dans l’urgence.

Car l’entreprise ne m’utilise que pour la production et on ne me forme pas au BTS. À leurs yeux, je ne suis qu’une sorte de couteau suisse ; je dois produire, et apporter un bulletin à l’entreprise.

Et de son côté, le CFA ne fait rien. Malgré ma situation actuelle, il ne fait pas le moindre geste, aucune visite d’entreprise ou de mails envoyés à mes tuteurs ou à mes patrons. Dans ce contexte très compliqué, j’ai dû me rendre indispensable à l’entreprise pour enfin faire appliquer mes demandes et pouvoir faire autre chose que de la production, et surtout, faire en fonction des tâches à effectuer pour l’examen.

Dans ma classe il y a dix-huit apprentis, seulement cinq sont correctement suivis. Cela est vraiment inquiétant. Et ne parlons pas du système éducatif, où environ 50 % des enseignants ne connaissent pas le milieu professionnel. Ils s’imaginent que le monde de l’industrie, ou n’importe quel autre corps de métier, est parfait. Même s’il faut reconnaître qu’une minorité d’entre eux défendent leurs élèves ou leurs apprentis face au patronat.

Les apprentis, généralement, ne sont pas suivis par leurs UFA/CFA ou leurs lycées professionnels, car cela représente pour eux une charge de travail trop importante. De plus, les entreprises manquent de connaissances sur les droits salariaux et plus précisément sur les droits des apprentis. Pour aller plus loin, à l’heure actuelle, les apprentis n’ont aucun réel droit et ne peuvent pas être défendus correctement.