L’Union de la Jeunesse Communiste était présente à Rome du 7 au 8 novembre pour la 18ème Conférence des organisations de jeunesses communistes européennes, la MECYO. Nous partageons ci-dessous notre discours de salutation, en anglais (vidéo) et en français (texte).
La MECYO est un événement important de débats, d’enrichissements mutuels et de renforcement d’une coordination politique et idéologique des jeunesses communistes à l’échelle européenne. Notre jeune organisation, travaillant stratégiquement à la construction d’un Parti léniniste en France dans la jeunesse, put donc travailler à partager son expérience mais aussi profiter de celles acquises par d’autres organisations dans leur développement, comme notamment le Front de la Jeunesse Communiste d’Italie (FGC), organisation d’accueil de la 18ème MECYO.
Au-delà de formalités, la MECYO, comme tous les autres temps de travaux de jeunesses communistes à l’échelle internationale, est avant tout un moment politique intenses : un séminaire idéologique y est tenu chaque année sur un sujet dont chacune des organisations contribue à travers une intervention, et une déclaration commune est élaborée dont les amendements et ajustements communs permettent un débat politique réel.
Notre discours de salutation, qui s’inscrit dans cet esprit de faire vivre un internationalisme dans les faits, seul à même d’aider au renforcement d’un communisme révolutionnaire en France nourri de l’expérience riche des autres organisations, nous a permis d’exposer des points d’analyses fondamentaux du rapport entre la bourgeoisie française et l’Union européenne. Un point brûlant d’actualité depuis la révolte des agriculteurs en 2024, ou encore la question étudiante avec le processus de Bologne.
Nous remercions une nouvelle fois les organisations présentes, ainsi que le FGC pour son accueil et pour l’organisation, et reprenons le mot d’ordre de cette 18ème édition de la MECYO : jeunesse d’Europe, lève-toi contre les guerres impérialistes et l’exploitation capitaliste pour accomplir ton futur ! Nous luttons unis, levant haut le drapeau d’octobre pour la nouvelle société, le socialisme !
« Chers camarades,
Au nom de la direction politique et organisationnelle de l’Union de la Jeunesse Communiste et son Parti, le Parti Communiste Révolutionnaire de France, nous saluons les organisations présentes pour cette 18ème édition de la MECYO et tout particulièrement nos camarades du FGC pour le travail organisationnel et politique ayant permis avec succès ce moment important pour les jeunes communistes d’Europe.
Échanger nos expériences, coordonner nos résultats et analyses, est nécessaire pour le renforcement d’un mouvement uni des jeunesses communistes contre l’une des alliances inter-impérialistes les plus achevées et fortes aujourd’hui.
Les alliances impérialistes étant des alliances entre États, celles-ci expriment les intérêts communs des classes bourgeoises de leurs pays membres. Les intérêts communs concernent l’agrandissement de leurs monopoles, le renforcement de leur compétitivité, et également le fait d’affronter en commun le mouvement ouvrier, autant d’attaques coordonnées dont la jeunesse populaire de chacun de nos pays fait l’épreuve. Pourtant, les visées communes des monopoles des différents pays faisant partie d’une alliance impérialiste ne peuvent pas annuler l’inégalité de développement et l’organisation de type État-nation sur laquelle repose l’accumulation capitaliste. Alliances impérialistes et exacerbations brusques des contradictions inter- impérialistes constituent les deux aspects d’une même réalité, comme la continuation et les jeux d’alliances économiques changeant l’ont montré lors de la guerre inter-impérialiste en Ukraine encore en cours.
Sur cette base, l’Union Européenne est bien une création du capital financier pour la réalisation de ses objectifs de classe : chômage de masse aggravé dans la jeunesse, flexibilité du travail, précarisation des emplois, paupérisation de la jeunesse, ruine des petites exploitations agricoles, destruction organisée des systèmes d’éducation publique, telles sont les conséquences de la recherche du profit maximum par les monopoles de chaque pays d’Europe. La stratégie des monopoles européens est claire : casser les conquêtes politiques et sociales nées des luttes de classes et des résistances antifascistes, alors qu’existaient aussi une URSS au sommet de son prestige, un camp socialiste, un mouvement communiste international sur des bases révolutionnaires.
Rappeler le contenu de l’UE et sa forme, c’est rappeler qu’en tant que camarades vivant dans l’un des centres de l’impérialisme mondial mais aussi centre au sein de l’UE, nous donnons à nos salutations un caractère résolument anti-impérialiste, pour la solidarité et la coordination de la jeunesse populaire en France avec celles des autres pays membres.
En effet, l’impérialisme français tient une place particulièrement agressive au sein de l’UE, affectant la jeunesse populaire en France mais aussi par là le reste de la jeunesse en Europe. L’UJC pense nécessaire pour cette première participation au MECYO de placer notre principal adversaire, la bourgeoisie française, à l’intérieur de la structure historique de notre ennemi commun, l’Union européenne.
La perte de l’empire colonial français a été concomitante d’une profonde réorientation de la politique de l’impérialisme français, expliquant sa place contemporaine dans cette alliance. En 1950, la moitié de la population française vivait encore en zone rurale, dont une grande partie de la jeunesse.
La loi de centralisation et de concentration du capital était moins agissante que dans les autres États impérialistes. La prégnance de l’empire colonial favorisait les tendances usuraires au détriment des grands monopoles industriels. L’existence d’un fort contingent de petites et moyennes entreprises patrimoniales était la traduction des freins objectifs à la loi de concentration.
C’est donc au fur et à mesure d’une maturation et consolidation des monopoles Français que son rôle dans l’UE prend son sens, permettant d’accélérer la concentration du capital. Dans les années 70 fut par exemple inaugurée une « politique des créneaux » fondée sur le partage de l’Europe avec l’impérialisme allemand, la France liquidant ses industries traditionnelles (perte d’1,9 million d’emplois dans la métallurgie et la sidérurgie) pour miser sur l’aéronautique, le complexe militaro-industriel ou des secteurs à la rentabilité rapide comme les banques et assurances, l’industrie du luxe, le tourisme.
Si l’on prend en compte les 200 plus importants super monopoles mondiaux, les entreprises du complexe militaro-industriel, de l’agro-alimentaire, de l’énergie et du transport, voire de la pharmacie, se rajoutent. Souvent, ces monopoles français sont leader mondiaux dans leur domaine, précisément à l’aide du marché européen.
Les super monopoles français présentent une autre caractéristique : la majorité de leurs profits vont découler des investissements directs à l’étranger (IDE, exportation de capitaux), comme par exemple dans les plans de reconstruction en Ukraine. Cela souligne le caractère rapace, prédateur du capitalisme français, à l’avant-poste d’une UE guerrière et conquérante.
Le capitalisme de monopoles français a finalement un double caractère : spoliateur et rapace sur le plan international en étant aux avant-postes d’alliances impérialistes comme l’UE, mais dépendant, dans le cadre national, des capitaux américains, allemands, japonais et chinois.
Au sein de cette situation objective, le rôle politique de l’UJC d’être la stratégie du PCRF pour la reconstruction et la consolidation d’un Parti léniniste en France ne peut donc se réaliser sans la participation et l’apprentissage au sein d’événements comme la MECYO.
C’est par l’organisation de tels événements que les luttes multiformes dont fait preuve la jeunesse populaire en France pourra trouver expérience et enrichissement auprès de celles engagées dans le reste de l’Europe. Nous pensons aux mouvements des jeunes paysans-travailleurs en janvier dernier contre les traités européens favorisant des monopoles comme Lactalis précarisant les petites exploitations très importantes dans la jeunesse paysanne, les récentes occupations ouvrières s’opposant aux délocalisation et fermetures d’usines vers une force de travail à moindre coût en Pologne ou en Hongrie comme dans le cas de MA France, tout comme les conséquences continues sous le gouvernement Macron du processus de Bologne pour les étudiants. Ce sont autant de luttes communes à la jeunesse d’Europe dont les jeunes communistes de France doivent apprendre et s’enrichir pour la renforcer sous notre forme nationale.
Camarades, nous sommes certains que cette 18ème édition de la MECYO sera l’occasion de débats riches, de résultats positifs pour le mouvement de la jeunesse révolutionnaire en Europe, ainsi qu’un nouveau pas vers un anti-impérialisme coordonné et efficace, et félicitons une nouvelle fois le FGC pour la possibilité de cet événement.
Pour le socialisme-communisme, aux côtés de la jeunesse populaire en Europe, contre l’UE et ses plans de guerres et de misères, l’UJC salue une nouvelle fois les organisations présentes aujourd’hui ! »