Cela fait plus d’un mois que la catastrophe de Valence a eu lieu. La bourgeoisie française a maintenant déjà tu toute couverture des conséquences de l’événement, et les inondations d’une ampleur inouïe ont finalement été réduites à un accident naturel.
Avec le recul du temps, nous proposons de revenir sur cet événement et d’en tirer les conséquences nécessaires. Qui sont les coupables de la situation à Valence ? Quels points fondamentaux du marxisme-léninisme la catastrophe de Valence confirme-t-elle ? Comment et pourquoi de telles catastrophes peuvent-elles se répéter voire s’intensifier ? Autour des analyses découlant de ces questions, c’est aussi un enjeu crucial de la lutte de classes pour notre génération, notre jeunesse populaire, qui se manifeste en toute clarté : la nécessité d’une écologie anti-capitaliste et anti-impérialiste.
Les inondations de fin octobre à Valence n’ont pas échappé aux travailleurs et travailleuses de France par leur brutalité et leur impact sur les couches travailleuses d’Espagne. Nous comptons au total des centaines de morts et des dégâts matériels gigantesques. La question serait alors à traiter “humainement”, “au-delà de la politique”, puisqu’il s’agit d’une catastrophe dite naturelle.
Pourtant, les causes de cette catastrophe et l’ampleur de ses conséquences n’ont rien de purement naturel, mais sont le résultat de choix politiques et, plus largement, du fonctionnement de tout un système socio-économique. Il est donc nécessaire, pour comprendre cette catastrophe et toutes les autres dans toutes leurs implications, d’opposer la vision qui fait de ces catastrophes des faits naturels inévitables à celle qui les conçoit à travers la conception matérialiste de l’État et la crise de l’impérialisme que nous traversons. Cette dernière vision permet de comprendre matériellement cet événement dans toutes ses implications, qu’elles soient naturelles ou socio-économiques. Or, seule cette compréhension d’ensemble permet ensuite de saisir la mesure dans laquelle les conséquences et les causes sont à imputer à la classe détenant le pouvoir économique et politique réel : la bourgeoisie.
Pour commencer, rappelons que c’est cette bourgeoisie qui a tenu à maximiser ses profits dans la région de Valence en continuant de mettre au travail ses salariés alors que les risques d’inondations étaient connus de tous. La bourgeoisie coupable de la situation est à trouver dans une liste non-exhaustive de monopoles internationaux : Inditex, Consum, Mercadona, Kiwoko, Amazon, Ikea, DHL, KFG, McDonald’s, CECOTEC, VERSA, Burger King.
C’est ici l’aspect le plus explicite de la responsabilité de la bourgeoisie dans cette catastrophe : chacun de ces monopoles a maintenu coûte que coûte les cadences de travail alors que les données indiquaient de toutes parts une probabilité accrue d’inondations. Pourtant, bien qu’il soit nécessaire de rappeler la responsabilité des monopoles bourgeois dans la situation, cela n’est pas suffisant. Il convient en effet de revenir sur la signification et les implications profondes cette catastrophe ; de certes rappeler notre solidarité avec les travailleuses et travailleurs de Valence, comme nous l’avons fait dans une précédente déclaration commune européenne, mais aussi de déployer avec le bref recul du temps ce à quoi nous oblige politiquement la catastrophe.
Valence dans l’histoire : seule notre classe par son Parti pourra nous sauver
Pour comprendre socio-économiquement la catastrophe de Valence et les catastrophes naturelles de manière plus générale, commençons par rappeler quelques fondements économiques. « La bourgeoisie » n’est pas « les riches » ou « le marché » comme ce à quoi peuvent le réduire les sociaux-démocrates, mais il s’agit de la classe sociale détenant le quasi-monopole des moyens de production et d’échange, face à une classe travailleuse qui ne peut survivre que par la vente de sa force de travail à cette bourgeoisie, cette dernière s’accaparant ainsi une partie du travail produit.
À ces rapports dissymétriques répondent un développement sans précédent des forces productives, soit les technologies, les sciences ou encore les capacités de production. Le développement des forces productives se retrouve cependant entravé par les rapports de production : l’exploitation par la bourgeoisie, l’accaparement privé des fruits du travail, est en contradiction avec la socialisation du travail, c’est-à-dire la spécialisation des travailleurs et travailleuses et leur interdépendance accrue. Le capitalisme par sa nature ne peut donc pas permettre le développement des forces productives, car il nécessite de pousser la socialisation du travail et de mettre un terme à l’accaparement privé, à l’exploitation.
La catastrophe de Valence prouve une fois de plus ce fait économique : les rapports de production capitalistes-impérialistes bloquent le développement des forces productives en vue de mieux répondre aux besoins sociaux.
Ainsi, pendant les inondations, il y avait bien un besoin social, c’est-à-dire un besoin socialement et historiquement déterminé, de parer technologiquement et scientifiquement aux problèmes environnementaux qui allaient déboucher sur une catastrophe certaine. Il existait bien un besoin social d’avoir les différents moyens de prévention et de protection contre les inondations, ainsi que des mesures de sécurité ou encore des moyens de déplacement afin de pouvoir évacuer la population. Tout cela aurait pu être mis en place si le travail avait pu être organisé pour répondre aux besoins de la population, mais les intérêts privés de la bourgeoisie ont primé.
On comprend donc bien que l’impérialisme, stade du capitalisme des monopoles, bride, bloque lui-même la satisfaction des besoins sociaux en empêchant le développement des forces productives et leur pleine utilisation en vue de répondre aux besoins sociaux. En revanche, l’État espagnol n’est pas à gracier comme une victime extérieure des rapports de production, un « État social » attaqué par « l’anarchie du marché » le rendant incapable de répondre à des besoins auquel il pourrait supposément répondre : l’État sert les intérêts de la classe dominante, et dans une société capitaliste où la bourgeoisie est la classe dominante, l’État bourgeois, peu importe la force politique à sa tête, est le bras politique, militaire et répressif direct de la bourgeoisie. Il est la machine servant à maintenir et défendre les rapports de production capitalistes et les intérêts des monopoles, au quotidien tout comme en cas de crise comme dans le cas de Valence.
L’État bourgeois établit également le cadre légal du capital en vue de son développement et afin de le soutenir, et tandis que les luttes des travailleurs et travailleuses ont mené à conquérir de nouveaux droits au sein de l’État bourgeois, ce dernier est le destructeur de ces conquis sociaux que les masses laborieuses ont réussi à lui imposer en Espagne comme ailleurs : on pensera par exemple, en France, à la retraite et sa dernière contre-réforme, ou la Sécurité sociale et sa destruction progressive.
Dans le cas pratique de Valence, l’État espagnol a démontré son incapacité à répondre aux besoins sociaux des travailleurs et travailleuses : les alertes ont été émises trop tard à la population, les services de secours étaient défaillants voire inexistants, et ce sont finalement les travailleurs et travailleuses qui ont dû d’eux-mêmes s’organiser et mettre en place une solidarité populaire pour pallier la défaillance des secours et pour nettoyer les rues.
Loin de toute illusion sur la nature de l’État, des coupables de la situation, ainsi que du lien organique entre les monopoles meurtriers et leurs représentants politiques, Valence nous rappelle cette vérité fondamentale et simple : seul le peuple sauve le peuple. Ce ne sont pas les programmes de la social-démocratie pour l’aménagement du capitalisme qui peuvent aider le peuple de Valence et prévenir toute catastrophe future, mais seulement l’organisation de classe en autonomie hors du cadre de l’État. Le cas de Valence a rappelé ces vérités fondamentales du marxisme-léninisme que, en Espagne, nos camarades des Collectifs des Jeunes Communistes (CJC) et du Parti Communiste des Travailleurs d’Espagne (PCTE) ont su mettre en pratique sans attendre.
Valence au futur : la catastrophe écologique en cours
Il reste qu’au-delà de ces positions valant comme fondements que sont la théorie de l’État, le matérialisme historique ou l’organisation de classe, Valence rappelle avec une acuité brûlante la catastrophe écologique en cours dont il nous faut là aussi tirer les conséquences.
En effet, les scientifiques de différents domaines s’accordent pour dire que l’ampleur de ces inondations est directement liée au changement climatique. Loin d’être simplement une conséquence de comportements individuels comme la “surconsommation,” et dont la solution se trouverait dans une prise de conscience individuelle et le changement des comportements, la crise climatique est intrinsèquement liée aux rapports de production imposés par le capitalisme à son stade impérialiste. Pour assurer leurs profits, les monopoles d’un pays à un moment de leur développement se trouvent dans le besoin vital d’exporter leurs capitaux, à savoir quand l’exploitation de la force de travail est déjà maximale dans leur pays propre et que l’accumulation gigantesque de capitaux encore non-investis doit alors trouver des débouchés.
Cela mène, par exemple, à une infertilité jamais vue auparavant des sols par leur surexploitation, ce qui mène à la déforestation de millions d’hectares de forêts pour créer d’autres sols cultivables plus profitables. La surexploitation des sous-sols et des terres, l’importance mise sur les différents types de ressources fossiles, sont consubstantielles au capitalisme à l’échelle nationale mais aussi mondiale.
L’un des effets les plus visibles de cette accaparement de toutes terres, sous-sols, et matières premières par la bourgeoisie est la fameuse augmentation d’un taux de gaz à effet de serre que les différents écosystèmes ne sont plus en mesure de supporter. Notre génération, notre jeunesse populaire, a grandi avec l’augmentation exponentielle de ces conséquences désastreuses, comme les torrents, ouragans et inondations, mais également les sécheresses et canicules, événements dont la gravité et la fréquence augmentent du fait du changement climatique. Les inondations en Espagne ne sont donc pas un cas isolé et fortuit de malchance, mais bien le fruit de l’impérialisme et de la bourgeoisie monopoliste.
Les inondations de Valence sont donc à inscrire dans l’histoire de la catastrophe écologique à l’échelle internationale, dont les coupables sont les monopoles avec leurs États nationaux propres. Amazon, Ikea, McDonald’s ne sont pas actifs qu’à Valence, et s’étendent comme une toile par les multiples exportations de capitaux et destructions de différents écosystèmes.
Selon la forme nationale où prend corps la lutte de classes, la question écologique s’y trouve donc de plus en plus régulièrement impliquée. Ici, il s’agissait bien d’une combinaison de monopoles aidée par tout l’appareil d’État à exploiter la classe ouvrière, tout en créant les conditions géologiques entrainant ces inondations. Ailleurs, ce sont les monopoles agro-alimentaires, l’accaparement foncier de toutes terres, ou les guerres pour les ressources provoquant morts de masse et destruction environnementale.
Conjointement à nos camarades du PCTE et des CJC, nous refusons toute tentative d’alliances avec ceux participant à la catastrophe en cours : de la social-démocratie qui s’oppose à l’autonomie ouvrière organisée en un parti de combat aux « apolitiques » réactionnaires profitant de nos morts pour réorienter notre colère. Les communistes, avant-garde de la classe comme le PCTE et les CJC, ont lutté concrètement et de manière organisée pour l’effort collectif par des brigades de solidarité dépêchées depuis le reste de la province de Valence et de toute l’Espagne. Des brigades organisées par une discipline consciente dont seuls les communistes sont capables, seule à même de définir et accomplir des tâches précises et quotidiennes en vue de répondre aux besoins et aux nécessités. Ces brigades de solidarité ont fait valoir la solidarité de classe et son organisation autonome contre les effets des inondations, tout en y défendant l’analyse marxiste-léniniste de classe sur la question de la responsabilité de l’État et de la bourgeoisie dans les causes des inondations et la gravité des conséquences.
Contre un monde de guerres, de catastrophes et de misère, solidarité avec les travailleuses et travailleurs d’Espagne !
Pour notre organisation et notre solidarité : jeunesse populaire, organise ta colère !