À propos des récents développements de la guerre civile syrienne

Communiqué du PCRF et de l’UJC à retrouver également sur le site du PCRF au lien suivant : https://pcrf-ic.fr/A-propos-des-recents

Les luttes de classes syriennes ont pris le week-end des 7 et 8 décembre 2024 un tournant rapide : Damas a été prise militairement dans la nuit du samedi au dimanche et Bachar al-Assad a quitté le pays.

Le génocide en Palestine, la guerre inter-impérialiste en Ukraine, sont autant de manifestations de la crise de l’impérialisme mondial, ayant fait oublier en France la guerre civile en Syrie. Pourtant, cette guerre s’est rapidement intensifiée après que les combattants de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ont attaqué les positions de l’armée syrienne et les ont percées sur un large front.

HTS est une organisation djihadiste issue d’Al-Qaïda, anciennement appelée Front al-Nosra ; elle a réussi à maintenir sa position de pouvoir à Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, pendant des années. Elle collabore actuellement avec d’autres groupes armés, dont certains sont idéologiquement similaires, notamment « l’Armée nationale syrienne », soutenue par la Turquie.

L’appareil d’État français a su déverser une propagande qui aura surpris certains observateurs qui ne sont pas amnésiques : alors que le Hamas doit être rayé de la carte pour son islamisme radical, et que l’islamophobie reste l’un des outils idéologiques puissants de la bourgeoisie française afin de diviser la classe ouvrière, les combattants djihadistes, eux, deviendraient en Syrie des combattants de la liberté et de la démocratie ?

Certes les positions françaises ont toujours été accompagnées de prudence, pour juger sur pièce la nouvelle politique en Syrie, ce que nous traduisons par le fait de juger en fonction des contrats qui seront passés en particulier dans un pays ancienne colonie française et à reconstruire. D’autres impérialismes comme celui du Royaume-Uni ont déclaré par la voix de son premier ministre que ces événements n’étaient pas gages de stabilité, n’y voyant sans doute pas assez clair pour leurs relativement faibles positions dans la région. Comment expliquer quand même cette sélection des bons et des mauvais islamistes ?

Ne soyons pas surpris, et rappelons que l’impérialisme français a toujours su s’appuyer sur des groupes islamistes contre d’autres afin de défendre ses intérêts. Souvenons-nous par exemple de la politique française qui s’appuyait sur al-Nosra contre Daech, Fabius alors ministre des affaires étrangères déclarant : « al-Nosra fait du bon boulot ».

En Syrie, les rebelles djihadistes sont ouvertement soutenus par la Turquie, mais seraient aussi apparemment alliés à Israël, qui a soutenu leur offensive par des frappes aériennes sur les positions de l’armée syrienne, allant même jusqu’à profiter de la situation pour continuer des annexions autour du plateau du Golan. Le développement de cette guerre civile mérite donc une clarification claire quant à son contenu, précisément au vu de la différence des forces de classes en jeu pouvant brouiller une analyse et une réponse populaire.

La guerre civile syrienne débutait en 2011 par les mouvements populaires du « printemps arabe » et est rapidement devenue le terrain de concentration des contradictions inter-impérialistes au vu de sa place stratégique au Moyen-Orient.

Ce sont les gisements d’hydrocarbure et de pétrole au nord-est, les transports de matières premières comme les gazoducs et les pipelines, ainsi que l’espace maritime syrien, qui sont les véritables enjeux de ce conflit pour tous les acteurs en présence depuis l’exacerbation internationale du conflit.

Le rapport de forces au sein de l’impérialisme mondial a donc permis tactiquement aux bourgeoisies turque, israélienne et étatsunienne un effort redoublé avec leurs alliés en Syrie afin d’en terminer définitivement avec la question syrienne. En effet, les récentes défaites du Hezbollah libanais lié à l’Iran ainsi que l’affaiblissement de la bourgeoisie russe dans la guerre inter-impérialiste ukrainienne a empêché la bourgeoisie syrienne de se défendre grâce à l’aide de ses alliés de longue date depuis le début de la guerre civile. La Russie n’avait plus que 4 avions bombardiers sur sa base aérienne de Khmeimim et n’a pas choisi de fournir les efforts pour soutenir un al-Assad qui jouait aussi avec le soutien de l’Iran.

Sous l’impérialisme, capitalisme des monopoles, il ne faut également pas voir les alliances sans contradictions, toutes les alliances. Si la Russie et l’Iran ont été les principaux soutiens de la bourgeoisie syrienne, ils n’en cherchaient pas moins à y être plus influents que l’autre pour les positions de leurs propres monopoles et les accès vitaux à la Méditerranée pour ces deux pays.

Aucune des parties de la guerre civile syrienne ne représente les intérêts de la classe ouvrière et des diverses minorités de Syrie. Si des djihadistes rebelles soutenus par la France, les USA, ou Israël ne seront jamais des alliés de classe ouvrière, ce n’est pas non plus le gouvernement syrien aujourd’hui renversé qui pourrait l’être. Les protestations justifiées qui ont eu lieu en 2010 et 2011 en raison de la pauvreté d’une grande partie de la population, de la privatisation, de la corruption et de la répression, ne furent pas de pures inventions des autres États bourgeois, mais bien des demandes justes, l’alliance relative de l’État syrien avec l’État russe, dans le jeu des contradictions inter-impérialistes, ne constituant nullement un gage d’orientation plus favorable aux intérêts du peuple syrien.

Rappelons pourtant que ceux désirant séparer les « mauvais rebelles » djihadistes des « bons rebelles », doivent se confronter à l’épreuve des faits : les zones du nord-est dirigées par les Kurdes, qui collaborent avec les États-Unis, participent au démembrement sanglant du pays et ne peuvent apporter d’autres perspectives que celles d’un retournement d’alliances en faveur d’une bourgeoisie plutôt que d’une autre dans un avenir proche ou lointain.

Ainsi, quelle que soit l’issue de ce renversement de Bachar al-Assad, aucune des forces en présence ne pourra offrir une perspective politique aux travailleuses et travailleurs syriens. La guerre génocidaire en Palestine s’en trouvera aussi modifiée en retour en défaveur du peuple palestinien, le régime de Bachar al-Assad faisant partie de ses alliés relatifs, pour ses propres intérêts certes, mais tout comme l’État libanais.

Les conditions des femmes se verront aussi aggravées, compte tenu de la présence de forces djihadistes. Autant de faits venant rappeler que, depuis une perspective de classe, le renversement du régime de Bachar al-Assad n’est en aucun cas facteur de progrès pour les travailleurs et la jeunesse syriens.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France et sa jeunesse, l’Union de la Jeunesse Communiste, soutiennent le peuple syrien face aux agressions qu’il endure depuis des années et dont la souveraineté est bafouée. Nous exprimons notre solidarité, basée sur l’internationalisme prolétarien, avec les communistes de Syrie, avec la classe ouvrière et les femmes de Syrie, victimes de souffrances passées et sans doute à venir.

Le peuple syrien, le prolétariat syrien, sont seuls habilités à choisir l’avenir de la Syrie, et pour assurer leur indépendance et la satisfaction des besoins de la population, c’est dans la révolution socialiste qu’ils trouveront la seule alternative à même d’assurer l’autodétermination du peuple syrien face à toute agression impérialiste.