Dolorès Ibárruri : une figure du féminisme marxiste et de la lutte antifasciste

Article paru dans La Relève, juillet-octobre 2024, à retrouver au lien suivant : https://www.unionjc.fr/2025/01/10/la-releve-juillet-octobre-2024/

Le 8 mars approchant, les partis bourgeois préparent au travers de l’appareil d’État tout une propagande connue de la jeunesse : vanter les mérites de la république française censée protéger les femmes de l’obscurantisme et les avoir amenées au statut de « citoyennes ». Ces mêmes partis se préparent à dérouler leurs mesures censées améliorer la condition des femmes, sans remettre en cause le fond même de leur oppression, du RN qui nous fait croire que les VSS seraient le seul fait de l’immigration au PCF qui pense régler la question en “formant” la police du capital au féminisme.

À rebours des conceptions bourgeoises et petites-bourgeoises du féminisme, qu’elles soient réactionnaires ou sociales-démocrates, cette brève biographie de Dolorès Ibárruri nous permet de rappeler qu’un féminisme émancipateur, duquel nous nous revendiquons, ne peut pas se passer d’une lutte anticapitaliste et antipatriarcale.

L’antifascisme et le féminisme d’Ibárruri ne visaient en effet pas à aménager le système capitaliste, dont l’oppression des femmes lui est nécessaire pour assurer la division genrée du travail et la gratuité du travail reproductif par les femmes. Il visait au contraire à accuser et combattre le capitalisme lui-même et son État, vers le socialisme-communisme. Seule une société débarrassée des logiques d’exploitation et d’oppression peut en effet assurer une pleine émancipation des femmes et de toutes les minorités de genre ainsi qu’assurer leur égalité avec les hommes.

La lutte antifasciste d’Ibárruri avant et pendant la guerre civile espagnole et le contexte international dans lequel cette lutte s’insérait nous rappelle aussi une chose : la lutte féministe ne peut se délier du cadre international dans lequel elle évolue et doit être nécessairement liée à la lutte globale contre l’impérialisme, dont le fascisme en est la forme terroriste et dictatoriale ouverte.

Ce 8 mars, amplifions nos luttes féministes contre le capitalisme et le patriarcat, pour notre émancipation !

Jeunesse populaire, organise ta colère !


« Surnommée « La Pasionaria », Dolorès Ibárruri est une figure centrale dans la lutte antifasciste contre le coup d’État franquiste de 1936.

On se souvient surtout d’elle pour ses discours qui ont orienté les mots d’ordre de cette guerre – elle est d’ailleurs à l’origine du fameux « no pasarán » -, mais son travail militant était beaucoup plus conséquent.

En effet, dès 1920, elle s’oppose au rejet de la IIIème Internationale par le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, où elle militait, et rejoint le nouveau Parti Communiste Espagnol.

À partir de 1931, elle travaille dans la rédaction du journal du parti, Mundo Obrero.

En 1933, quand le parti crée les Femmes contre la guerre et le fascisme (qui sera ensuite renommé Regroupement des femmes anti-fascistes puis Union des femmes antifascistes), elle en devient la présidente.

À la suite du coup d’État nationaliste organisé par Francisco Franco le 17 juillet 1936, Ibárruri appelle le 19 juillet à prendre les armes contre ce coup de force :

« Au cri de « Le fascisme ne passera pas (…)! », les ouvriers et paysans de différentes provinces d’Espagne rejoignent la lutte contre les ennemis de la République, qui se sont soulevés par les armes. Les communistes, les socialistes et anarchistes, les républicains démocrates, les soldats et les forces fidèles à la République ont infligé les premières défaites aux fascistes (…). Le pays entier vibre d’indignation face à ces monstres qui veulent plonger l’Espagne dans un enfer de terreur et de mort. Mais ils ne passeront pas ! »

C’est elle qui appelle les femmes espagnoles à prendre les armes aux côtés des hommes et à devenir les mythiques « milicianas ».

Après avoir été députée du PCE sous la Seconde République et pendant la guerre, elle s’exile en URSS en 1939, année de victoire du franquisme. Elle est secrétaire générale du PCE en exil de 1942 à 1960, et en devient présidente jusqu’en 1989, année de son décès.

À l’heure où « no pasarán » retentit à nouveau dans les rues, le parcours de vie d’Ibárruri montre à quel point la lutte antifasciste a été historiquement indissociable du communisme.

Aujourd’hui, nous nous devons, en tant que jeunesse communiste, de poursuivre cette lutte contre le capitalisme qui enfante le fascisme. »