« Nouveau Sommet Afrique-France » : une tentative de justification de l’impérialisme français

Le 8 octobre se tiendra à Montpellier le « Nouveau Sommet Afrique-France » (anciennement « France-Afrique », renommé en 2010). Il vient s’inscrire dans la continuité des autres sommets de la sorte réunissant responsables africains et français, sur la base d’une réunion par an et ce depuis 1973. L’objectif de ce sommet, selon le site du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (France Diplomatie), est le suivant : « porter un regard neuf sur la relation entre l’Afrique et la France pour offrir un nouveau cadre de réflexion et d’action aux nouvelles générations ». Les points principaux devant être abordés au cours de ce sommet et renseignés par le ministère concernent les domaines suivants : éducation, soutien à l’entreprenariat et à l’innovation, transition climatique et aide au développement. Doit également être soulevé le dernier point, consistant selon les mots du ministère à « permettre la construction d’un nouvel imaginaire commun ».
 
Cette apparence de coopération étroite et quasi-égalitaire entre la France et l’Afrique, donnée par l’État français – mais également par les représentants africains dont les intérêts se détachent nettement de ceux du peuple – a pourtant de plus en plus de mal à convaincre. À titre d’exemple, l’accès à l’éducation, auquel la France fait une place particulière au cours du sommet, devrait être assuré notamment en « multipliant les mobilités ». Cette solution, mise en avant dès l’énumération des points à traiter durant le sommet, pose des questions sur la volonté de la France à aider véritablement et profondément ses partenaires africains. Si la mobilité reste un problème en Afrique, l’éducation est plus largement marquée par le manque de moyens financiers des écoles, par le manque de moyens humains et par la vétusté des bâtiments. Elle l’est également par la menace des groupes armés, dont la progression était pourtant censée être endiguée par l’intervention des militaires français depuis 2013, au Mali (opération Serval) puis plus largement au Sahel (opération Barkhane).
 
De même, il semble paradoxal de mettre l’accent sur la « construction d’un nouvel imaginaire commun », notamment mémoriel, au moment où la présence française au Sahel est de plus en plus perçue par les civils comme indésirable, dans son aspect militaire comme dans ses aspects économiques ou politiques. Concernant le volet militaire, l’opération Barkhane, qui devrait prendre fin sous peu suite au coup d’État advenu au Mali le 24 mai 2021, n’est pas parvenue à endiguer significativement la progression des groupes armés dans la région. De même, elle n’aura pas empêché de nombreux massacres et se sera rendue responsable du déplacement de milliers de civils. Le retrait de Barkhane, cédant en fait sa place à un développement de la Task force Takuba, ne peut prétendre à rendre aux peuples du Sahel leur indépendance. Le sentiment de malaise voire d’hostilité des populations face à l’interventionnisme français dans ces pays témoigne de la souffrance que l’impérialisme français impose aux peuples africains. Concernant la présence de la France en Afrique en tant que partenaire politique de ces États africains, son action – notamment sur le plan économique avec l’introduction puis le maintien du franc CFA – est désignée par de nombreux acteurs locaux comme l’un des facteurs déterminants de l’instabilité de la région.
 
En réaction au caractère politiquement malhonnête du « Nouveau Sommet Afrique-France » et à plus forte raison en réaction à la politique dévastatrice de l’impérialisme français en Afrique, le collectif du contre-sommet Afrique-France à Montpellier a organisé un contre-sommet. Prévu du 7 au 9 octobre 2021, ce dernier a pour objectif de dénoncer la volonté des responsables français et africains de réinventer les relations entre la France et l’Afrique et de faire valoir les véritables revendications des peuples africains. Cette initiative, soutenue par des partis politiques comme par des associations et des syndicats, prouve que la lutte contre l’impérialisme français est l’expression des intérêts des peuples-travailleurs, que leurs luttes sont intrinsèquement liées, que leur ennemi est commun. La tenue de ce contre-sommet au même endroit et en même temps que le « Nouveau Sommet Afrique-France » témoigne de la volonté des peuples français et africains de faire entendre leur conception de ce que doivent être les relations entre la France et l’Afrique, en dépit de la tentative des gouvernements de maintenir autant que possible cette tutelle qui ne leur a déjà que trop coûté. Ce seront des relations d’égalité, fondées sur la paix et la solidarité de classe entre les peuples-travailleurs, luttant pour une société qui répondra aux besoins sociaux et contribuera au progrès social. Cette société n’adviendra qu’avec le renversement révolutionnaire de l’impérialisme.
Nevine