Un État qui protège. Des mots qui sortent de la bouche du candidat Macron au cours de la campagne présidentielle 2022.
Que pouvait-il bien entendre par la notion de protection ?
Protéger quoi ? Les entreprises ? La santé ? Le service public ?
Protéger qui ? Mehdi ? Abdelkarim ? Jalil ? Virgil ? Nathaniel ? Hedi ? Aimène ? Mohamed ? Nahel ? Sur ce dernier point le doute est largement permis, les cinq premiers ont tous perdu un œil, Hedi a le crâne fracassé, Aimène est plongé dans le coma après un tir à la tête et Mohamed et Nahel sont morts.
Au-delà du constat fait en interne, l’ONU dénonce dans un rapport datant du mois de mai 2023 un accroissement inquiétant des violences perpétrées par les forces de l’ordre en France et ce dans un contexte de revendication pacifique par sa population.
Le site violencespolicieres.fr recense 5093 victimes et faits de violences ou abus policiers depuis novembre 2018. Le même site recense notamment 625 victimes de tir de LBD 40 depuis mars 2019, parmi eux 47 victimes graves dont 29 mutilés ayant perdu un œil. Parmi les 625 victimes recensées, 28% d’entre elles ont reçu un tir à la tête.
En date du 2 avril 2023, Gérald Darmanin rend compte au JDD de 36 enquêtes en cours par l’IGPN pour violences policières et 2 par l’IGGN. Fort de sa volonté de faire pencher la balance du bon côté, il se défend en citant 1000 policiers, gendarmes et pompiers blessés depuis la mi-mars.
Aussi l’ONU, dans son rapport du Haut Commissariat, alerte sur les pratiques de profilage racial par la police et dénonce le classement sans suite de la plupart des affaires de violences raciales.
Dans un pays où la violence policière ne cesse d’être en hausse, nous ne pouvons que nous demander qui l’État protège-t-il réellement ?
Ainsi, les médias bourgeois ne cessent de s’indigner mais ne réagissent à aucun moment sur un tract unitaire des syndicats policiers « Alliance » et « UNSA Police » représentant 49,45% des policiers lors de sa publication. Un tract appelant à entrer en « résistance », dans un « combat », une « guerre », contre des « nuisibles » et « hordes sauvages » afin de qualifier les émeutiers. Un papier se terminant par une menace : « demain nous serons en résistance et le gouvernement devra en prendre conscience ».
De son côté, Gérald Darmanin dissout les Soulèvements de la Terre et menace les financements de la Ligue des droits de l’Homme – du jamais vu depuis le régime fasciste de Vichy – et, parallèlement, donne des gages d’augmentations de salaires sans hésitation à des policiers se mettant massivement en arrêt maladie lorsque l’un de leur collègue est suspecté de violences ce dernier mois de juillet à Marseille.
Enfin, devrait-on compter le nombre de plus en plus grand de groupes de discussions informelles fascistes de corps répressifs d’État découverts de jour en jour, sans aucune mesure réelle prise pour enrayer la fascisation de tous ces corps censés nous « protéger », dont au premier chef la police ? Des conversations allant du petit groupe Facebook de cinq policiers jusqu’au fond de l’immondice que fut le groupe « Français déterminés » comptant de nombreux policiers et militaires sur un total de 2300 abonnés visant à organiser des actions nationales avec une vingtaine de groupes néo-nazis.
Entre répression violente entraînant la mort, dissolution de groupuscules défendant les droits et la dignité humaine et une police criminelle, ces derniers mois de luttes mettent en lumière la manière dont l’État français pense la notion de protection. Protéger ses intérêts et protéger sa classe est l’intérêt de l’État français. Nous, communistes, vivons dans un principe de réalité, sans illusion, nous savons que nous ne stopperont pas la gangrène en intégrant l’État comme veulent le faire croire d’autres partis, même qualifiables « d’extrême-gauche ». La révolution est le seul moyen de le changer de fond en comble, de ne pas prendre l’État tel quel, mais le briser et en produire un nouveau, cette fois conforme à nos intérêts et à la protection réelle de notre classe à tous les niveaux.