Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido atteignait l’île de Mayotte, causant des milliers de victimes dont des dizaines de morts, et de très importants dégâts matériels.
Si l’État français met la faute de tous les dégâts sur le simple fait de la catastrophe naturelle, il n’en est rien : cette tragédie nous a montré le mépris du gouvernement français vis-à-vis de la population de Mayotte et le niveau de misère dans laquelle l’État français maintient cette dernière, ainsi que l’absence quasi totale de prévention et préparation adéquates face aux catastrophes naturelles alors qu’il est connu que l’île de Mayotte a de fortes chances d’en être victime. À la place, depuis des années, l’État français se concentre seulement sur les pseudo-problèmes de migration à Mayotte pour occulter les réels problèmes qui frappent l’île et sa population et qui sont directement causés par l’État français, qui traite Mayotte comme une réelle colonie. Notons notamment que l’impérialisme français ne conçoit Mayotte que comme un territoire pour sa présence militaire dans l’océan Indien, pour le contrôle des routes de commerce dans le canal du Mozambique et pour les ressources sous-marines qui s’y trouvent ; l’impérialisme français n’a que faire de la population sur place, poussant 77 % de la population à vivre sous le seuil de pauvreté et presque la moitié à vivre dans des bidonvilles
Depuis le passage du cyclone, outre le passage éclair des figures du gouvernement, présentes pour faire bonne figure et finissant par mépriser la population de Mayotte en deuil, ce n’est qu’une aide très tardive et largement insuffisante qui a été apportée par l’État français. Comme toujours lorsque frappent de telles catastrophes, la population sur place doit mettre en place des systèmes de solidarité populaire pour survivre, ne pouvant compter sur les mesures d’un État au service de la classe dominante.
L’Union de la Jeunesse Communiste et le Parti Communiste Révolutionnaire de France adressent leurs condoléances aux familles des victimes décédées et disparues, et expriment leur total soutien à la population de Mayotte, confrontée à la douloureuse épreuve des multiples pénuries et de l’angoisse face aux considérables reconstructions à réaliser.
Ensemble, classe contre classe, luttons contre l’impérialisme, contre le capitalisme et contre le colonialisme, pour la révolution vers le socialisme-communisme !
« Le 14 décembre 2024, un terrible cyclone dévastait l’île de Mayotte, faisant de nombreuses victimes (au moins 39 morts et des milliers de blessés). Face à ce drame, le PCRF et l’UJC adressent leurs condoléances aux familles des victimes décédées, et expriment son total soutien aux habitants de Mayotte, confrontés à la douloureuse épreuve des multiples pénuries et de l’angoisse face aux considérables reconstructions à réaliser.
Comme l’ont rappelé de nombreux spécialistes de cette région, la catastrophe humaine et matérielle due aux rafales du cyclone a été amplifiée par la situation d’extrême dénuement dans laquelle est maintenu, depuis des décennies, ce 101ème département, le plus pauvre de France : depuis la « départementalisation », décrétée en 2011, le niveau de vie des 40 % les plus pauvres a baissé de plus de 20 % ; le PIB est quatre fois plus faible que celui de la métropole ; 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté ; les conditions de logement sont à l’image de cette misère : 40 % des habitations sont en tôle (les bidonvilles), la quasi-totalité sans aucun confort sanitaire, et 81 000 habitants (sur les 320 000) ne disposent pas d’eau courante (+ 17 % par rapport à 2012, selon l’Insee) ; cet habitat précaire a été totalement détruit.
Mais l’ampleur des dégâts s’explique aussi par l’impréparation de l’État et des autorités locales face aux risques cycloniques, les gouvernements successifs, notamment sous la Présidence Macron, étant plus soucieux de « régler » les problèmes d’insécurité, mensongèrement associés à l’immigration, que d’assurer à ce territoire les moyens de son développement économique et social, ainsi que sa protection contre les aléas climatiques. L’île est dotée d’abris de refuge pour à peine 30 000 personnes, tandis que n’existe aucun plan d’évacuation précoce des populations en danger et de mise à disposition publique de zones d’accueil d’urgence (bâtiments publics, intendance et mise à disposition de moyens de secours) ; malgré les prévisions concernant la dangerosité du cyclone Chido, aucune préparation ni protection sérieuses des populations n’ont été organisées.
Rappelons par ailleurs qu’en avril 2023, le ministre Darmanin n’avait qu’une solution pour résoudre les problèmes de Mayotte : une opération de nettoyage (intitulée « Wuambushu »), consistant à déployer des centaines de gendarmes et policiers pour détruire des milliers de logements situés dans des bidonvilles et expulser de l’île environ 10 000 personnes venues des autres îles comoriennes. Dans Intervention communiste n°176, nous dénoncions alors cet usage exclusif de la force pour dissimuler la responsabilité de l’État français dans la situation dramatique que connaît, depuis un demi-siècle, l’archipel des Comores ; nous rappelions aussi le contexte de politique semi-coloniale pratiquée par les gouvernements français aux Comores depuis des décennies :
« Les 4 îles des Comores (dont Mayotte) ont une identité nationale depuis 1500 ans. La France coloniale a « acheté » Mayotte au 19ème siècle, puis imposé son « protectorat » sur les 4 îles jusqu’en 1974, date à laquelle 3 îles des Comores sont devenues indépendantes ; l’enjeu est clairement stratégique, pour l’État colonial, avec une position idéale au cœur du canal du Mozambique. En 1976, un référendum organisé par l’État français à Mayotte, et fondé sur de belles promesses de prospérité évidemment non tenues, a fait de cette île le 101ème département français, décision condamnée par l’ONU à de multiples reprises. Ce vote n’est toutefois pas reconnu par les Nations unies, qui considèrent que Paris ne respecte pas l’unité et l’intégrité territoriale des Comores. La France a été condamnée à plus de 20 reprises par l’Assemblée générale de l’ONU en cinquante ans. En effet, en droit international (même bourgeois), la nation des Comores ne peut pas être amputée d’une de ses îles qui a la même identité nationale que les 3 autres. La République des Comores revendique donc légitimement la restitution de Mayotte en tant que 4ème île de l’archipel. Depuis les années 70, les ingérences, assassinats et coups d’État, fomentés notamment par le mercenaire Bob Denard (agissant pour l’Élysée), se sont multipliés ; l’abandon économique et financier de l’archipel par la France est avéré, alors que la République des Comores a été maintenue dans la même sujétion monétaire que les anciennes colonies africaines (avec le « Franc Comorien ») ; les 3 îles indépendantes des Comores ont sombré dans le sous-développement chronique et l’extrême pauvreté, aboutissant à la fuite massive de Comoriens. Mayotte est le « département » le plus pauvre de France, pour les mêmes raisons qu’en métropole, mais décuplées : manque criant de moyens de services publics (situation scandaleuse, par exemple, des établissements scolaires ne pouvant accueillir que la moitié des élèves scolarisés, et de l’accès aux soins), manque de logements (d’où la construction de bidonvilles), chômage endémique (plus de 30%), salaires inférieurs au SMIC, etc. Dans ces conditions, le recours brutal aux destructions et expulsions à Mayotte nous rappelle le vrai visage de l’État impérialiste français, tel que le montrent le gouvernement Borne et son ministre Darmanin : un État au service exclusif de ses monopoles, prêt à tout pour conserver leurs positions à travers le monde. »
C’est bien ce même esprit colonial qui ressort, de la part de l’État français, non seulement dans la gestion calamiteuse des secours, dénoncée par les élus locaux et les habitants (10 jours après le cyclone, des villages entiers attendaient toujours de voir l’arrivée des secouristes, et de recevoir des vivres et de l’eau potable, chose qui aurait été impensable en métropole !), mais aussi par l’attitude de ses représentants : Bayrou, fraîchement nommé 1er ministre, avait mieux à faire à Pau qu’à Mayotte… ; Macron et son ministre Retailleau, sur place, déployaient une communication d’autosatisfaction mensongère, et ne juraient à nouveau que par un « durcissement des moyens mis en œuvre pour lutter contre l’immigration clandestine » (déclaration de Macron le 19 décembre 2024 depuis Mayotte).
On le voit, pour l’État bourgeois, l’enjeu stratégique, dans ce territoire particulier de l’Océan Indien, prend totalement le pas sur la satisfaction des besoins populaires, y compris vitaux, en matière d’accès à l’eau, à l’alimentation et à l’énergie, en matière de logements, de santé, d’éducation, de développement économique, de services publics et de protection sociale.
Le PCRF et l’UJC dénoncent avec force la responsabilité première de l’État impérialiste français dans la tragédie subie par la population de Mayotte, et appellent les travailleurs et la jeunesse de France à manifester leur colère et leur solidarité, en rejoignant les mobilisations organisées, comme celle qui, à Marseille, a réuni plusieurs centaines de manifestants le 21 décembre 2024.
Nous appelons également à rejoindre la toute récente campagne pour l’environnement « Accusons le capitalisme », en y adhérant, en consultant son site ici https://pourlenvironnement.wordpress.com/ , en signant la pétition et en popularisant ses premiers axes de lutte. »