Contre la précarité étudiante : pas d’illusions sur l’État bourgeois ! Organisons notre colère !

Article paru dans le dernier numéro de notre journal La Relève (juillet-octobre 2024), à retrouver au lien suivant : https://www.unionjc.fr/2025/01/10/la-releve-juillet-octobre-2024/

La récente baisse de 1 milliard d’euros du budget alloué à l’enseignement supérieur, déjà en grandes difficultés depuis des années, relance les débats autour des moyens des universités mais aussi des conditions d’étude et de vie des étudiants et étudiantes.

Face à la situation actuelle d’une précarité étudiante dans une dynamique constante d’aggravation et de généralisation qui ne va que s’accentuer, il reste à savoir quelles analyses et quels mots d’ordres immédiats nous devons apporter afin de dégager des réponses de fond aux problématiques de la précarité étudiante, mais aussi d’un enseignement supérieur accessible, émancipateur et de qualité.

Pour cela, encore faut-il placer où se situe l’enseignement supérieur quant à sa place et sa fonction dans la société capitaliste, afin d’en tracer les perspectives de lutte même immédiates à la fois réalisables et liées organiquement à un anticapitalisme de combat.

Nous et notre Parti rappelons que l’enseignement supérieur n’est pas identique à la question de la production, ni même à celle des travailleuses et travailleurs au sens large : elle est une partie de la machine d’État capitaliste visant la reproduction de la force de travail. Ainsi, à l’heure où l’on assiste à une offensive généralisée de la bourgeoisie sur les conquêtes sociales et démocratiques acquises dans la résistance armée antifasciste et les luttes des travailleurs et travailleuses, il est plus que jamais urgent de réorienter le mouvement étudiant sur des bases de classe, prenant corps dans la centralité ouvrière, afin de pouvoir vaincre sur les mots d’ordres même les plus immédiats.
Pour reconstruire un mouvement étudiant fort, il nous faut un Parti de combat prenant racine dans les luttes de classes ; pour nous défendre de la précarité, il faut pointer l’adversaire : pas d’illusions sur l’État bourgeois !

Contre la pauvreté et la précarité, pour un enseignement supérieur de qualité, émancipateur et accessible à toutes et tous : organisons notre colère !


« La crise actuelle du capitalisme-impérialisme n’épargne aucune couche de la société. Les étudiants n’échappent pas à ce désastreux constat, étant de manière permanente victimes d’attaques de la part du capital.

Un manque cruel de moyens dans le Supérieur aboutit à des classes surchargées, à des filières supprimées, à des enseignants précarisés, à un taux d’échec en licence de plus de 50%… Les effets de cette asphyxie induite par la domination du capital ne s’arrêtent pas aux portes des salles de cours, ils se poursuivent dans la vie quotidienne des étudiants, en particulier de ceux des milieux populaires, dont la pauvreté atteint des niveaux terrifiants.

Les chiffres ne manquent pas : 1 étudiant sur 10 a dû dormir dehors ou dans sa voiture au moins une fois en 2024 ; les fins de mois sont souvent plus que difficiles, avec 40% des étudiants ayant fini au moins un mois à découvert en 2023, avec des sauts de repas fréquents ; la hausse des loyers et l’inflation ne font qu’enfoncer le couteau dans la plaie.

L’impact de la pauvreté et de la précarité sur la scolarité est également connu : dans l’ensemble des décrochages scolaires, plus de 40% concernent des enfants d’ouvriers contre 4% d’enfants de cadres…

Les conséquences de la précarité et du stress générés par les conditions d’études pèsent lourdement sur la santé mentale et physique des étudiants.

Le problème n’est donc pas qu’économique pour ces étudiants, il n’est pas à considérer seulement à court terme, mais également sur le long terme, dans la continuité de leur vie individuelle et sociale.

La classe capitaliste n’organise pas cela par cruauté naturelle, mais parce que ses intérêts de classe l’y incitent. Le milieu étudiant regroupe un ensemble d’individus dans un besoin souvent urgent de moyens, qui représente donc pour cette classe une réserve de personnes prêtes à vendre leur force de travail, et ce peu importe le travail pourvu qu’il soit rémunéré. Il suffit d’entrer dans un fast food quelconque, d’observer et d’interroger ses salariés, pour comprendre le potentiel d’exploitation que recèle le milieu étudiant. Rappelons par exemple que 60% des salariés de McDonald’s ont entre 18 et 24 ans, et 40% sont des étudiants.

Les propositions faites par la social-démocratie, à travers le programme du NFP (« Pour que la vie change dès l’été 2024 »), telles que le repas à 1 euro ou un « revenu étudiant » lié au seuil de pauvreté (donc à peine plus de 1000 euros mensuels), relèvent d’un accompagnement illusoire du capitalisme, dont il n’est dit nulle part, à travers ces « solutions-pansements », qu’il est la source fondamentale de la précarité et de la misère étudiante. 

Le PCRF et l’UJC, sa jeunesse, le disent clairement : la bourgeoisie, par l’accaparement du travail du prolétariat, empêche la mise en place de moyens sérieux pour l’éducation et la recherche ; et par son appareil d’État et ses médias, cette classe dominante impose une banalisation dangereuse du phénomène de la pauvreté étudiante. La figure de l’étudiant “qui galère” est normalisée : les études sont une période durant laquelle il serait normal de ne pas vivre correctement. Ce serait même un sacrifice à faire pour son avenir ? Nous disons non ! L’État n’est pas « neutre », il est faux d’affirmer qu’il « fait ce qu’il peut pour lutter contre le problème », puisque cet État est au service de ceux qui ont créé sciemment ce problème. Cet État est l’ennemi-même du peuple travailleur et des étudiants, il est l’organisateur de la répression de classe par un système de production et d’échange dépassé : le capitalisme.

Dans cet État prétendument « neutre », seules de gigantesques luttes ont pu forcer à construire quelques milliers de logements étudiants à bas loyers, désormais quasi inaccessibles du fait de leur faible nombre, et qui demeurent souvent insalubres et mal isolés.

Où est la neutralité d’un État qui casse les aides sociales et la quasi gratuité de la fac, depuis que ces mesures lui ont été imposées par les masses ?

S’il y a bien une chose que nous enseignent nos luttes et nos classiques (Marx, Engels, Lénine et Staline), c’est qu’il n’y a pas de neutralité possible dans le concept même d’État.

L’université et l’État ne sont donc pas à séparer : l’université évolue au sein même de l’État. L’université et l’école publique telles qu’on les connaît aujourd’hui sont un compromis mis en place après la Seconde guerre mondiale, à une époque où il existait un État socialiste fort, l’État soviétique, ainsi qu’un syndicalisme de classe fort et un parti communiste encore développé en France (malgré des aspects déjà critiquables). Ces forces constituaient alors une pression certaine, obligeant la bourgeoisie à faire des concessions, comme la gratuité de l’enseignement secondaire ou la fondation des bases de ce qui deviendra le CROUS. En tant que compromis de la bourgeoisie, ces mesures sont attaquées par la bourgeoisie elle-même, et ce depuis leur instauration, donnant lieu à d’autres séquences de lutte comme mai 68. Il est important de souligner ce fait, puisqu’il nous éclaire pour la lutte : l’université n’est pas une instance neutre séparée de l’État, mais elle évolue au sein même de l’État en tant que compromis de cet État-même.

C’est pourquoi la lutte des étudiants au sein de leur université, pour la défense d’acquis ou la conquête de nouveaux droits, est à penser comme une lutte légitime mais temporaire, à coupler avec une perspective communiste, c’est-à-dire organisée dans les faits pour le renversement de l’État bourgeois.

Les étudiants ne sont pas une masse écrasée par le capital sans force de réponse. Le PCRF et sa jeunesse défendent une lutte locale de cellule, par les étudiants et pour les étudiants, sur leurs lieux de vie et d’études.

Le potentiel de ce genre de structures, avec démocratie directe partant de la base, n’est plus à démontrer. Par exemple, l’une de nos organisations sœurs de l’Action Communiste Européenne, les CJC (jeunesse du Parti Communiste des Travailleurs d’Espagne), a su mener une lutte exemplaire, en empêchant des échanges économiques entre des universités espagnoles et israéliennes par des occupations et d’autres actions, grâce aux nombreuses cellules qu’ont su construire nos camarades. Cellules par les étudiants, pour les étudiants, avec soutien primordial de la classe ouvrière dans la lutte.

C’est ici un exemple de lutte internationale, témoin bien sûr d’un grand développement des cellules et de leur fonctionnement centralisé, mais chacune d’elles mène des luttes locales et concrètes au service des étudiants. De la réparation d’une fenêtre cassée dans un logement à l’empêchement de fermeture d’une filière en passant par des distributions alimentaires, la structuration de la cellule communiste permet la résolution de problèmes concrets, tout en faisant avancer la lutte vers l’objectif final qui est le nôtre : le socialisme-communisme, pour l’émancipation du peuple travailleur, pour la destruction de l’exploitation et de ses conséquences.

Étudiant, organise ta colère, rejoins les rangs de l’UJC ! »